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L’islamisme international, ennemi principal de l’Occident
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Bonnes feuilles

À la manière des contes philosophiques, "Que reste-t-il de l'Occident ?" se présente comme un échange épistolaire entre le philosophe Régis Debray et le reporter international Renaud Girard sur le déclin présumé de l’Occident. Extrait de "Que reste-t-il de l'Occident ?", publié aux éditions Grasset.

Régis  Debray

Régis Debray

Régis Debray, écrivain, philosophe, membre de l’Académie Goncourt, fondateur et directeur desCahiers de médiologie, est l’auteur d’une ½uvre considérable et protéiforme.

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Renaud Girard

Renaud Girard

Renaud Girard, journaliste et essayiste, est l’un des correspondants de guerre les plus expérimentés en France. Professeur de stratégie à Sciences-Po, il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le Moyen-Orient et sur l'art de la guerre asymétrique.

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Dans le milieu des années 1930, les stratèges parisiens, qu’ils fussent militaires ou politiques, échouèrent à définir quel était l’ennemi principal de la France et quelles conséquences pratiques il fallait en tirer. Pourtant, depuis l’accession d’Hitler au pouvoir au début de 1933, les choses étaient parfaitement claires. Dans Mein Kampf, publié en 1925, le Führer avait clairement exposé son idéologie, qui comprenait, outre l’élimination des Juifs et la conquête d’un « espace vital » à l’est, la destruction de la France comme puissance. Or les différents gouvernements de cette époque – tous plus ou moins affiliés au parti radical – se montrèrent incapables de désigner le Troisième Reich comme l’ennemi principal de la France et de travailler en conséquence à une alliance de revers avec l’Union soviétique de Staline, comme Sadi Carnot l’avait fait avec la Russie tsariste dès 1891. Pour toutes sortes de raisons – les plus avouables du monde –, le parti radical détestait le bolchevisme. Mais en faisant passer leurs émotions avant les intérêts de la France à long terme, nos dirigeants radicauxsocialistes n’ont pas rendu service au pays. Car même si Staline était détestable dans sa manière de gouverner le peuple russe, c’est quand même avec lui que nous aurions dû passer alliance : lui, au moins, n’avait jamais rêvé de détruire la France. Et quand, le 23 août 1939, le pacte germano-soviétique de non-agression nous prit par surprise, il était trop tard pour comprendre. Hitler avait joué stratégiquement, pas nous.

Toutes choses égales par ailleurs, nous, Français, nous trouvons aujourd’hui dans la même confusion stratégique. Nous n’arrivons pas à désigner notre ennemi principal. Pourtant, comme le nazisme jadis, il n’avance guère masqué, ni dans l’expression écrite de son idéologie, ni dans ses passages à l’acte. C’est l’islamisme international. Qu’il massacre des chrétiens pakistanais à la sortie d’une église à Peshawar, des badauds kenyans faisant leurs courses dans un centre commercial de Nairobi, ou les étudiants nigérians d’un lycée agricole, il actionne partout la même idéologie, qui est celle d’une charia que l’on doit imposer à tous et à toutes, si besoin est par la terreur. On aurait pu espérer que l’attentat contre Sadate (6 octobre 1981) aurait dessillé les yeux des dirigeants occidentaux. Voilà un président égyptien qui fut assassiné pour avoir signé avec l’État d’Israël une paix très profitable à son pays. Pour un islamiste, le monde se divise en deux zones : le Dar al-islam (la maison de la « soumission ») et le Dar al-harb (la maison de la « guerre »). Si une terre a été un jour conquise par une armée musulmane (ce qui est le cas de la Palestine, qui appartint à l’Empire ottoman jusqu’en 1917), elle fait partie pour toujours du Dar al-islam. Le fait que Sadate ait accepté de négocier avec l’État juif l’a rendu coupable de trahison et l’a condamné à mort, comme s’il avait été un apostat. Les Occidentaux ont si peu compris la nature de ce fascisme vert, qu’ils ont laissé leurs protégés, les pétromonarchies du golfe Persique, nourrir cette idéologie délétère sur leurs territoires, comme dans les mosquées construites à l’étranger avec leur argent. Il est vrai que les Américains étaient encore obsé- dés par leur antagonisme avec leur « ennemi principal » depuis la fin des années 1940, l’URSS, laquelle venait d’envahir l’Afghanistan.

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