L’influence toxique des réseaux sociaux : le syndrome de la FOMO<!-- --> | Atlantico.fr
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Les logos de Facebook, Instagram et Twitter affichés sur un smartphone.
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©DENIS CHARLET / AFP

Bonnes feuilles

Sophie Montévrin a publié « Le piège, l'influence toxique des réseaux sociaux » aux éditions Kiwi. À l'heure où les réseaux sociaux influencent de plus en plus nos vies (43 % de la population mondiale y est active), sommes-nous bien au fait des dessous de cette industrie ? Ce livre s’interroge sur la fascination que nous éprouvons face aux réseaux sociaux et sur l’image de nous-mêmes qu’ils nous renvoient. Extrait 1/2.

Sophie Montévrin

Sophie Montévrin

Sophie Montévrin est une journaliste d’investigation spécialisée dans l’environnement. Mère de trois enfants, elle s’intéresse de près aux dangers des réseaux sociaux et aux limites des nouveaux modes de communication.

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Si les réseaux sociaux permettent de nous tenir informés, d’être au courant de ce qui se passe, le flux d’informations sans cesse généré et renouvelé propose une multitude d’images, d’annonces d’événements, d’alertes de profil, de nouvelles publications. Il y a en permanence de nouveaux contenus qui arrivent, et il nous est donc parfaitement impossible de prendre connaissance de tout et de tout suivre. Conséquence : nous pouvons être en proie à la FOMO ; c’est le cas notamment des jeunes générations, ultra-connectées, qui y sont particulièrement sensibles.

La FOMO, c’est la Fear of Missing out, autrement dit la « peur de rater quelque chose », ou, plus parlant encore, la « peur de manquer ». Il y a un tel champ des possibles, tant d’occasions à saisir, qu’il faut non seulement faire des choix, ce qui implique nécessairement un renoncement, mais également accepter l’idée de rater des choses, c’est-à-dire de ne pas être au courant d’une chose ou d’une autre (tel événement, comme une fête ou un concert, telle publication jugée importante, etc.). On se trouve à une fête, on s’y sent bien, mais on voit sur les réseaux qu’une autre fête a lieu au même moment et qu’elle a l’air encore mieux. Gâchis ! On est chez soi, et on se rend compte qu’un apéro se déroule quelque part, alors même qu’on n’était pas au courant. Horreur ! Surtout, on a peur de manquer le sujet dont tout le monde va parler à l’école ou au bureau, la tendance du moment, l’actu à ne rater sous aucun prétexte. Car si on ne sait pas, on n’est pas dans le coup, et si on n’est pas dans le coup, on n’est plus en lien avec les autres, on se sent exclu.

La FOMO, c’est également la peur de prendre connaissance d’un message trop tard, en toute subjectivité bien entendu (un message qu’on n’aurait pas vu tout de suite). On peut glisser insidieusement dans l’angoisse de rater une occasion, et alors là, c’est le drame… Cela pousse 35 % des 16-17 ans à répondre systématiquement à leurs messages de jour comme de nuit, selon un sondage de l’Institut BVA au dernier trimestre 2018 ! Impossible donc de rester déconnecté trop longtemps… Il faut être réactif et répondre dans l’instant. D’ailleurs, bien souvent, les gens peuvent nous reprocher de ne pas savoir ou de ne pas répondre immédiatement : « Mais je l’ai mis sur Facebook ! » ; « Je t’ai envoyé un message (il y a 5 minutes) et tu ne réponds pas ! Que se passe-t-il (sous-entendu : j’angoisse, je me dis que ça cache quelque chose, qu’il a dû t’arriver un accident, peut-être es-tu mort ?) ? »

En réaction, certaines personnes ont développé le JOMO (Joy of Missing out), c’est-à-dire le « plaisir de manquer quelque chose ». Cela signe surtout une revendication : que l’on n’a pas peur de rater de l’information via les réseaux sociaux, que l’on est dans un certain lâcher-prise, que l’on est capable de lâcher Facebook, Instagram, Twitter and Co. Car voici le credo : se déconnecter permet de se ressourcer. Et on affirme oser se déconnecter, sans complexe, en trouvant même cela très fashion, très hype. Cette revendication (puisque ç’en est une) amène, par exemple, à poster une publication en disant : « Journée JOMO », qui signifie tout autant : j’ai pris du temps pour moi, je n’ai rien fait de spécial, j’ai dû aller déjeuner chez ma grand-mère... L’attitude JOMO, aux antipodes a priori de l’attitude FOMO, utilise pourtant les mêmes codes : la geek connection. Tous dans le même bateau ? Oui, si l’on se montre incapable de penser hors cadre !

Extrait du livre de Sophie Montévrin, « Le piège, l'influence toxique des réseaux sociaux », publié aux éditions Kiwi

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