L’étrange obsession du tueur de Charleston pour l’immigration en Europe, un nouveau symptôme de la "grande peur des Blancs" à l’heure de la mondialisation<!-- --> | Atlantico.fr
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Le tueur de Charleston, Dylann Roof, 21 ans.
Le tueur de Charleston, Dylann Roof, 21 ans.
©Reuters

La brute, le truand et la peur

Deux chercheurs américains s’expriment dans le New York Times et analysent que cette inquiétude serait le signe d’une "globalisation grandissante du nationalisme blanc".

Paul-François Paoli

Paul-François Paoli

Paul-François Paoli est l'auteur de nombreux essais, dont Malaise de l'Occident : vers une révolution conservatrice ? (Pierre-Guillaume de Roux, 2014), Pour en finir avec l'idéologie antiraciste (2012) et Quand la gauche agonise (2016). En 2023, il a publié Une histoire de la Corse française (Tallandier). 

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Atlantico : Le tueur présumé de Charleston a écrit son inquiétude de la disparition de la domination blanche aux Etats-Unis et en Europe. Deux chercheurs expliquent dans le New York Times que cette inquiétude serait le signe d’une “globalisation grandissante du nationalisme blanc”. Qu’en penser ? 

Paul-François Paoli : Le crime abominable de charleston montre à quel point la situation aux Etats unis est incomparable avec celle de l’Europe. Il n’y a jamais eu de fractura racial en Europe alors qu’elle est fondamentale aux USA. En Europe les néonationalisme n’ont que peu de rapport avec un nationalisme blanc » 2 termes qui s’excluent d’ailleurs puisque la nation est un particularisme tandis que la référence à la couleur de peau déborde les cadres nationaux. La notion de nationalisme blanc a peut-être une pertinence en Russie, mais en Europe l’angoisse essentielle attrait à la dynamique d’un islam qui est certes le fait de populations extra européenne mais qui ne sont pas pour autant identifiables à une race particulière.

Dans quelle « race » classer les Iraniens ou les Turcs par exemple ? Quant aux berbères, ne sont-ils pas des « blancs » par rapport aux peuples de l’Afrique subsaharienne ?
Le footballeur Lionel Thuram a un jour déclaré qu’il n’était pas « noir ». Je reprendrai volontiers cette affirmation à mon compte : je ne me sens pas blanc. Par contre je me sens français de par ma culture mais aussi européen et latin de par mes affinités.


Pourquoi de tels phénomènes, dramatiques, sont-ils l'illustration d'une angoisse identitaire, aux Etats-Unis comme en France ? D'où vient cette peur et quels facteurs l'alimentent ?

La mondialisation que l’écrivain Philippe Sollers a récemment qualifié « d’imondialisation » génère un sentiment angoissant de proximité forcée. Nous souffrons d’autant plus de nous sentir étranger à domicile que d’autres se sentent à domicile partout. C’est cette proximité forcée qui génère la xénophobie et le racisme. Autrement dit des frontières sont nécessaires à tout point de vue. Politiquement pour contrôler l’immigration irrégulière mais aussi symboliquement. Il y a des frontières entre les peuples et les cultures qui doivent être respectées. L’espace européen n’est pas voué à devenir africain ou arabo musulman. L’intrusion des images venues d’occident agresse les mentalités traditionnelles aussi bien en Afrique que dans le monde arabe. En retour, nous nous sentons agressés par la présence de populations qui s’imposent en Europe contre notre gré.


En France et en Europe, le phénomène migratoire est constant depuis le 19ème siècle. Pourquoi, aujourd'hui, observe-t-on un déchirement des pays européens sur cette question à l'heure où l'inquiétude de devenir minoritaire et étranger en son pays semble exacerbée ?

La réponse à votre question est en partie dans votre question elle-même. Nous n’avons pas écouté les avertissements de Claude Levi Strauss sur le seuil de tolérance. Pour être non scientifique, cette notion signifie qu’il y a des équilibres identitaires à ne pas rompre. En 1989 sollicité par Mitterrand Claude Lev Strauss avait fixé cette notion de seuil de tolérance à environ 10%. Au-delà de 10% d’étranger dans un pays, les risques de friction s’accroissent. « Les hommes sont comme les hérissons, plus on les rapproche plus ils se piquent » écrivait Schopenhauer. Mais la gauche et une certaine droite tient à ses fictions idéologiques comme à la prunelle de ses yeux. L’universalisme est la religion d’une certaine gauche et c’est cette religion qui par sa puissance d’illusion engendre les pires désillusions et les pires violences.
Il faut mieux séparer les hommes avant qu’ils ne s’entretuent.

Dans quelle mesure cette peur peut-elle s’inscrire dans la fameuse théorie du grand remplacement ? Doit-on se méfier de certaines conséquences de cette profonde crainte ?

Les afflux migratoires qui submergent l’Europe depuis quelques décennies ont pris les proportions d’une invasion. Il y a invasion quand des populations s’installent dans des pays contre le gré de la majorité des autochtones. A Bruxelles par exemple, près de 30% de la population serait musulmane. Comment s’étonner après cela qu’il soit désormais difficile d’enseigner Voltaire dans certains lycées ? A Marseille vous avez l’impression lorsque vous descendez la Cannebière d’être à Alger. Et Paris est en passe de devenir la capitale africaine de l’Europe. Minimiser l’importance de ce phénomène ou le nier comme le font certains politiques, c’est prendre le risque d’installer des fractures ethniques et religieuses qui peuvent devenir irrémédiables. 

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