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L'espionne aux yeux verts qui déroba les codes de Vichy (partie 1)
©Reuters

THE DAILY BEAST

Betty Pack s’est servi souvent de la chambre à coucher pour soutirer des secrets aux dirigeants de l’Axe. Les Alliés ont utilisé cette experte en séduction pour voler des codes secrets au régime de Vichy.

Howard Blum

Howard Blum

Howard Blum est journaliste pour The Daily Beast

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Howard Blum. The Daily Beast.

Cet article est la première partie de notre série sur les fascinants espions de la Seconde Guerre mondiale. La deuxième partie se trouve ici

La confiance était une qualité rare et insaisissable dans le monde obscur de l’espionnage, dans lequel naviguait Betty Pack, espionne au service des Alliés. Agent sur le terrain ou administratif, tous se demandaient à qui ils pouvaient faire confiance et qui serait en train de comploter pour les trahir. Ce n’était pas un choix évident : la survie en dépendait. La tactique consistant à faire semblant d’aimer quelqu’un pour gagner sa confiance était "l’écran de fumée", dans le jargon de Betty pack et de son milieu. Tactique qu’elle utilisa avec beaucoup de succès durant la guerre.

A 28 ans, cette native d’une bonne famille du Minnesota était grande, fine, avait une allure altière et raffinée. Ses cheveux blonds vénitiens, ses yeux verts pétillants, son front large, son sourire coquin et canaille, ont permis à "Cynthia" - son nom de code – de transformer de nombreux dirigeants nazi en traitres, le temps d’un passage par la chambre à coucher. Betty était la seule agent à travailler pour deux services alliés : le britannique et l’américain. En cet après-midi pluvieuse de la deuxième semaine de mars, elle retourne à Washington après une réunion éclair avec ses deux agents traitants, britannique et américain. Et c’est la première fois qu’elle est troublée par leur demande. Elle comprenait l’importance de sa mission. La guerre ne se passait pas bien. Les Britanniques étaient encore vacillants après leurs tentatives désespérées de rapatrier leurs soldats de France, de Grèce et de Norvège. Trois mois après l’attaque de Pearl Harbour, les Etats-Unis commençaient la contre-offensive contre les Japonais avec des résultats variables et très couteux. Et maintenant, les Alliés avaient de vifs débats concernant l’opportunité d’attaquer Hitler en faisant un débarquement via l’Afrique du Nord. L’enjeu était la suite de la guerre, rien de moins. L’élément de surprise était crucial pour qu’une telle opération réussisse. Si les stratèges alliés pouvaient connaître les mouvements de l’ennemi dans la Méditerranée, s’ils pouvaient diriger avec précision leurs bombes sur les cibles ennemies, cela aurait une valeur inestimable pour décider de la date et du lieu du débarquement. Cela permettrait aux Alliés de s’assurer qu’ils ne tomberaient pas nez à nez avec l’ennemi juste après avoir débarqué. Les livres contenant les codes de communication de toute la Marine française stationnée en Afrique du Nord – des codes qui renfermaient des tonnes de secrets – étaient dans un coffre dans l’ambassade de France (aux mains du régime de Vichy) à Washington. Après sa défaite durant l'été 1940, la France était divisée en deux. Paris et le tiers nord du pays étaient sous l’étroit contrôle des forces nazies. Les deux tiers sud du pays avaient un gouvernement indépendant, quoique sous l’œil des Allemands. L’administration était quasiment la même qu’avant la guerre. C’était la France de Vichy, appelée ainsi d’après la ville connue pour ses thermes et son eau minérale et qui devint le siège du gouvernement.

Alors que Vichy était la marionnette des Allemands en toutes choses, ces derniers lui ont laissé la direction des missions diplomatiques françaises à l’étranger. Son ambassade à Washington avait une activité intense. Même après l’entrée en guerre des Etats-Unis contre les puissances de l’Axe, sa relation avec la France de Vichy était officiellement "neutre". La mission de Betty était de voler les codes. Les maîtres-espions britanniques et américains avaient donné ordre à "Cynthia" de pénétrer dansl’ambassade du régime de Vichy – une forteresse avec des hommes armées, des portes en acier et des coffres forts – et de voler ce qu’il y avait de plus précieux. C’était une mission impossible en apparence, mais l’enjeu était tellement grand. "Je peux. Et j’y arriverai" avait écrit Betty dans ses mémoires, actuellement aux archives du Churchill College de l’université de Cambridge.

Mais ce n’est qu’après ce vœu hâtif qu’une autre opération, encore plus risquée, a commencée à poindre dans son esprit : elle aurait besoin de l’aide de la personne qu’elle aimait, le seul "amour total" qu’elle ait jamais connu, selon ses propres mots. Il lui faudra le manipuler, lui faire trahir ses allégeances et peut-être même le mettre en danger.

Charles Brousse avait 49 ans. Il était l’attaché de presse de l’ambassade de France à Washington. Selon le dossier que détenaient les services secrets britanniques sur lui, il s’était marié entre 3 et 6 fois. C’était un ancien combattant de la Première Guerre mondiale ; un as de l’aviation et désormais le copropriétaire d’un groupe de presse avec un large lectorat dans le sud de la France. C’était un bon vivant, un connaisseur et un amateur de bonnes choses. C’était un charmeur au sourire malicieux et libertin.

Après son premier déjeuner avec Betty, ils devinrent amants. "Je dois avouer que j’étais d’humeur très pétillante ce jour" s’est-elle vantée plus tard. Peu après le début de cette liaison, Betty a commencé à utiliser son atout au sein de l’ambassade. Cet après-midi de mars, Betty l’appela dès son arrivée à Washington. Le cœur fourmillant d’amour, il se hâta vers ses appartements à l’hôtel Wardman Park. Betty arrêta les ébats, à peine entamés : "ce n’est pas ça dont j’ai besoin aujourd’hui, mais autre chose" dit-elle selon ses mémoires. Elle commença à expliquer que "nos amis américains" lui avaient demandé d’obtenir les codes secrets de la Marine. A ce stade elle n’avait toujours pas révélé qu’elle travaillait aussi pour la Perfide Albion et que les services secrets de sa majesté payaient son salaire mensuel.

"Tu n’es pas sérieuse ma chérie" fut la réponse de Brousse. "Ou alors ce sont des fous. C’est de la folie". "Je n’ai jamais été aussi sérieuse de toute ma vie" Betty rétorqua. "Il y a une guerre en ce moment et si toi, qui jure m’aimer, ne m’aide pas alors je vais le faire toute seule, ou avec l’aide d’une autre personne" "Tu ne connais pas les précautions prises pour sécuriser les codes" tenta de la raisonner Brousse. Le lieu du code était un coffre-fort. Il ne pouvait pas simplement y entrer et "emprunter" les livres de codes sans que quelqu’un le remarque. Il y avait deux gros volumes, chacun de la taille d’un annuaire téléphonique de Washington. Il était impossible de les faire sortir dans sa poche de veston, comme si de rien n’était. La nuit, continua-t-il, les livres de codes sont sous clé. Les codes de la Marine sont dans un coffre dans le bureau de l’attaché naval. Il y a un verrou impressionnant sur cette porte, elle-même gardée par un gardien armé et un chien. Betty écouta ses avertissements sans l’interrompre. Elle savait qu’elle n’arriverait pas à venir à bout de ses réserves avec la simple raison. Au lieu de ça, elle essaya de le persuader différemment.

"Pourquoi c’est impossible pour moi de t’en vouloir ?" minauda-t-elle. "Même si tu me refuses ce petit service et que tu me regardes avec des yeux pleins de reproches." Brousse sourit et l’embrassa. Cette fois-ci Betty lui retourna le baiser. Quand il prit sa main, elle décida qu’elle allait continuer son exposé dans la chambre. Peut-être qu’entre-temps elle trouverait une autre stratégie opérationnelle. En fin de compte, c’est Brousse qui a trouvé "l’idée du crime parfait". C’était une idée que seul un Français aurait pu trouver, d’après Ellery Huntington qui, dans des vies antérieures avait été joueur de football américain et avocat à Wall Street avant de devenir l’agent traitant de Betty au sein de l’OSS américain (Office of Strategic Services). Et il commençait même à s’irriter au fur et à mesure que Brousse déroulait le plan de façon lente, posée et dramatique, à la manière d’un showman. Brousse déroula le plan dans l’appartement de Betty : et s’il confiait à André Chevalier, le gardien de nuit de l’ambassade, sa liaison avec Betty ? Une bonne couverture est toujours basée sur un peu de réalité pensa Huntington. Betty n’aurait aucun mal à se faire passer pour celle que Brousse aime. Huntington lui dit de continuer. Et s’il confiait au gardien qu’il n’avait aucun endroit discret dans lequel ils pouvaient se retrouver ? Elle vivait avec ses parents et lui avec sa femme. Huntington ne voyait pas bien où tout cela allait, mais jusqu’à présent il n’y avait rien contre lequel objecter.

Chevalier savait que Brousse était marié. Et tous ceux qui vivaient à Washington dans l’entre-deux guerres savaient que les hôtels y étaient constamment pris d’assaut. Otant triomphalement le dernier voile de son intrigue, il suggèra de demander à Chevalier, entre Français, de lui laisser passer la nuit avec Betty dans son bureau. Huntington se donnait du temps pour réfléchir, son cerveau d’avocat considérait cette idée sous tous les angles possibles, essayant d’y trouver une faille. Brousse, lui, continuait. Quel vrai Français ne voudrait pas coopérer pour "l’amour" ? Et pour l’encourager, il offrirait au gardien un peu d’argent. Ils auraient ainsi accès à l’ambassade de nuit et le reste serait facile. Huntington ne pensait pas qu’il allait y avoir quoique ce soit de "facile" dans cette opération. Alors qu’il trouvait des douzaines de failles et bien des incertitudes dans ce plan, il savait aussi que le temps pressait. La date du débarquement nord-africain n’était pas encore arrêtée, mais il se doutait que cela n’allait pas tarder. Se procurer les codes devenait crucial. "Ok", acceptait-il enfin. "Ça vaut le coup d’essayer". Comme le dit le proverbe, la routine est l’amie de toutes les opérations. Plus les choses donnent l’impression de se passer comme d’habitude, plus une mission a de chances de réussir. C’est donc ainsi que Betty et Brousse allaient au travail, mettant en place une routine avec le gardien. Début juin, Brousse avait présenté l’histoire à Chevalier et une poignée de dollars fut échangée furtivement. Le gardien annonça qu’il serait ravi de laisser les tourtereaux pénétrer dans l’ambassade de nuit.

Les deux arrivaient bras-dessus, bras-dessous toutes les nuits. Ils s’installaient dans le bureau de Brousse, ou parfois pour varier les plaisirs, allaient dans l’un des deux salons où il y avait de confortables divans. Le bruit de leurs ébats s’entendait partout dans la pénombre de l’ambassade. Cela renforçait leur couverture et heureusement, il n’y avait nul besoin de simuler. Trois semaines après avoir commencé ce rituel, Huntington appela Betty et utilisa le mot de passe pour demander une réunion d’urgence. La date du vol avait été arrêtée. Ça sera pour dans 3 jours, le 19 juin 1942. Le jour fut choisi car il coïncidait avec l’arrivée de Winston Churchill à Washington expliqua-t-il. Les services de sécurité de Vichy ne s’attendraient pas à ce que quoi que ce soit qui puisse faire capoter les discussions ce soir-là. Mais ce qu’il n’a pas dit à Betty c’est qu’il savait qu’un des objectifs de cette conférence était de trouver une date pour le débarquement en Afrique du Nord. Les codes secrets étaient donc essentiels. Lorsque le taxi quitta le Wardman Park cette nuit de juin le ciel était sombre et durant le court trajet qui séparait l’hôtel de l’ambassade, une forte pluie commença à tomber. L’homme qui était au volant ce soir était connu sous le nom de "Georgia Cracker". C’était un Canadien, un voleur professionnel que l’OSS avait recruté dans une prison en Géorgie. Betty et Brousse étaient à l’arrière. Deux bouteilles de champagne dans les bras du Français. Betty avait deux douzaines de Nembutal dans son sac – une pour le gardien et l’autre pour son dogue alsacien. "Dès que Chevalier ouvre la porte" Huntington ordonna, "montrez-lui le champagne. Faites-lui comprendre que vous célébrez quelque chose et que vous voulez qu’il se joigne à vous. Tout va dépendre de ça" Huntington insista. Brousse accueillait le gardien comme si c’était un vieil ami et débita les phrases du script préparé par Huntignton : "C’est l’anniversaire du jour de notre rencontre avec Betty et j’espère André que tu voudras bien te joindre à nous pour un toast'.

Plus par habitude que pour le script, Brousse avait sélectionné un grand cru. D’habitude il traitait le champagne avec un respect religieux, mais ce soir il agitait les bouteilles comme dans les cabarets pour attirer l’attention du gardien. Chevalier était ravi de fêter cela avec eux. Il suggéra même d’aller dans son bureau au sous-sol. Ce qui était exactement ce que les espions avaient espéré. Beaucoup dépendait du fait que le gardien ne voudrait pas qu’on le voit en train de boire alors qu’il était en service. En bas, dans la petite chambre encombrée, Brousse déboucha une première bouteille. Au même moment, Betty alla au bout du couloir, vers la bonbonne à eau pour y chercher trois gobelets en plastique. Elle passa devant le dogue alsacien qui était allongé devant sa gamelle. Il commença à aboyer. C’était une terreur. Betty revint pour remplir les verres. Huntington avait précisé qu’il était important de mettre en place une sorte d’étiquette dès le début. Il fallait que le gardien voie que c’était Betty qui servait. Quand elle avait écouté les instructions pour la première fois, cela lui avait semblé raisonnable. Le problème est que ses mains tremblaient comme si elle avait une crise d'épilepsie. Elle réussit à remplir les verres et les présenta aux deux hommes. Brousse dit quelques mots mais Betty n’avait rien entendu. Elle était totalement concentrée sur ce qu’elle devait faire ensuite. Dès que les verres furent vidés, Betty annonça que c’était à son tour de porter un toast. Elle tenait à remercier Monsieur Chevalier pour sa gentillesse. Même si, comme l’avait prédit Huntington, Chevalier hésiterait à boire un second verre, il aurait du mal à refuser un toast en son honneur. Betty retourna à la table. Elle vérifia que Brousse s’était mis devant le gardien. "N’hésite pas" avait averti Huntington "fais ce que tu as à faire et ne t’arrête pas". Ce qui était la chose la plus stupide qu’elle avait entendue pensait-elle à maintenant. Comment pouvait-elle faire quoique ce soit si ses mains étaient paralysées ? Mais d’un seul coup, elle retrouva ses facultés et ouvrit son sac. Elle trouva la fiole avec le Nembutal. Puis elle s’arrêta. Le Champagne d’abord, avait dit Huntington. Elle remplit le verre, puis vida la poudre dans le vin. Il pourrait y avoir quelques grains de poudre non dissolus, mais personne ne pourraient les voir à moins de regarder attentivement le verre. Et si le gardien était attentif, c’était déjà trop tard.

Essayant de ne pas regarder la trace des médicaments, elle tendit le verre à Chevalier. Elle avait préparé un court speech, mais les mots avaient disparu. Elle réussit quand même à faire un toast et les verres se levèrent de nouveau. Betty regarda Chevalier tout avaler d’un coup. A-t-il senti la drogue ? Est-il suspicieux ? Elle l’imaginait essayant de trouver son revolver dans son holster. Elle imaginait l’entendre crier à son chien d’attaquer. Mais Chevalier ne faisait que regarder le couple avec une tendresse paternelle. Betty, enfin, descendit son verre aussi. Jamais avait-elle eu autant besoin d’un verre, pensa-t-elle. Puis, ils attendirent. C’était une fête et le naturel était la meilleure des couvertures "Faites comme si vous vous amusiez" avait dit Huntington. Comme prévu, Betty fut la première à partir. Avec un tact discret, elle expliqua qu’elle voulait aller en haut se refaire un brin de toilette. En sortant, elle s’arrêta pour caresser le dogue alsacien et en profita pour verser la poudre dans sa gamelle. Huntington avait expliqué que les chiens ont un métabolisme diffèrent de celui des humains. Il faudra donc une dose beaucoup plus importante. Betty s’y était préparé : il faudra plus de temps pour verser toute la poudre dans le la gamelle du chien. Mais elle n’avait pas anticipé le bruit que cela ferait : celui d’une pluie tropicale. En haut, Betty attendit. Elle essayait, en vain, de ne pas regarder sa montre constamment. Pourquoi tout ce temps ? Charles apparut et annonça que Chevalier était enfin endormi. Et le chien ? Betty avait plus peur du dogue alsacien que du gardien armé. Charles la rassura en lui disant qu’il dormait comme un chiot. Sur le pas de la porte de l’ambassade, Betty alluma brièvement la lumière pour l’éteindre aussitôt.

Le "Cracker" quitta le volant du taxi pour se diriger en hâte vers l’ambassade. Betty l’amena vers le bureau des codes. Brousse attendait dans le salon ; il jouait au baby-sitter. S’il ne pouvait pas empêcher quelqu’un de se diriger vers le bureau des codes et découvrir ce que Betty y faisait, il avait toujours son plan de secours. Jouer à l’amant trahi par sa maitresse qui s’avère être une espionne. Le verrou sur la porte du bureau des codes était impressionnant, mais le cracker impressionna Betty encore plus en le crochettant avec facilité. Le chemin vers le bureau de l’attaché naval était un labyrinthe sombre, mais Betty avait étudié les plans de l’étage. Elle les guida sans délai. Quelques minutes plus tard, le Cracker était assis par terre en face du coffre-fort de l’attaché naval. Le Cracker examina le coffre et protesta que le verrou était bien plus ancien que ce qu’on lui avait dit. Ça pourrait prendre plus de temps que prévu pour l’ouvrir. Le bureau était très sombre et Betty concentra sa lampe-torche sur le cadran. D’un coup, un cône de lumière illuminait les chiffres. "Note ça" ordonna le Cracker. Il lisait les chiffres du code qui avait été mis en place ; il aurait besoin de les remettre en place une fois qu’il aurait fini. Il continua son travail. Avec un stéthoscope autour du cou, la membrane métallique collée au coffre-fort et les écouteurs en caoutchouc dans ses oreilles, il écoutait patiemment le bruit de la gorge de la serrure. Betty regardait dans le plus grand silence ; elle savait qu’il ne fallait absolument pas le déranger. Elle faisait de son mieux pour garder la lumière droite et pourtant, cela lui semblait peser des tonnes. "4 gauche 5" dit le Cracker au bout d’un moment. Betty écrivait. La prochaine combinaison est venue plus rapidement "Trois droite vingt". Soudain, il y eut un bruit. Quelqu’un venait ! Mais ce n’était que Brousse qui venait voir comment les choses avançaient. "Retourne à ta place", elle lui ordonna brusquement et il partit immédiatement. "Deux gauche quatre-vingt-quinze". Et une éternité plus tard, en forme de conclusion "ça y est, je l’ai". La porte du coffre-fort s'ouvrit et elle dirigea sa lampe-torche en direction des étagères. Dans un éblouissement, elle vit le livre des codes. La récompense était à portée de mains. Mais le triomphe de Betty fut de courte durée.

Elle venait de regarder sa montre et vit qu’il était 2 heures du matin passées. Il faudrait faire voyager le livre de codes à Wardman Park, le photographier page à page et ensuite le replacer dans le coffre – le tout avant que le gardien ne se réveille et que l’équipe de ménage n’arrive à l’aurore. Huntington avait prévenu que le livre devait être remis à sa place avant 4 heures du matin.

Plus tard, ils prenaient le risque d’être découverts. Et si les livres de codes n’étaient pas remis à leur place, ou si elle était surprise, ou bien encore s’il n’y avait pas assez de temps pour remettre les choses à leurs places, tout serait perdu. Les codes seraient changés, et cette fois-ci il y aurait des gardes en armes devant le coffre-fort. Tout risquer et ne rien réussir. Elle n’aurait plus jamais une autre opportunité. Elle ordonna au Cracker de fermer le coffre-fort. Mais aussitôt l’ordre donné qu’elle lui dit de s’arrêter. Elle plongea sa main dans le coffre-fort et caressa les couvertures de chaque livre ; une caresse d’amante. Et elle faisait une promesse silencieuse : de revenir les tenir dans ses mains. Puis elle ferma la porte du coffre-fort. "Sortons d’ici" dit-elle au Cracker.

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