L'électorat de l'UDI est-il plus proche de l'UMP ou du Modem ? <!-- --> | Atlantico.fr
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La volonté que l’Etat donne plus de liberté aux entreprises est partagée par plus de neuf soutiens de chacun des deux partis sur dix.
La volonté que l’Etat donne plus de liberté aux entreprises est partagée par plus de neuf soutiens de chacun des deux partis sur dix.
©Reuters

Barre au centre !

Débat sur la ligne Buisson, impopularité du gouvernement socialiste : les forces centristes ont devant elles une marge de manœuvre non négligeable. Reste à savoir si l'UDI et le MoDem, dont le rapprochement semble se préciser, peuvent joindre leurs bases électorales.

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L'Ifop est un institut de sondages d'opinion et d'études marketing.

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Les premières Universités d’été de l’Union des Démocrates Indépendants (UDI) se déroulent dans un contexte mouvementé à l’approche d’une année riche en élections, avec la tenue de municipales et d’européennes. Ces Université s’ouvrent alors que les rumeurs de rapprochement entre le parti présidé par Jean-Louis Borloo et le Mouvement Démocrate (MoDem) de François Bayrou se font de plus en plus persistantes. C’est dans ce contexte que l’Ifop a choisi de s’intéresser aux caractéristiques des sympathisants de ces deux partis pour tenter de distinguer leurs points de convergences et de divergences mais aussi de les comparer avec les électeurs de l’UMP, afin de savoir si les électeurs de l’UDI sont aujourd’hui plus proches de l’UMP ou du MoDem.

A la vue de la proportion des sympathisants de ces trois partis, l’intérêt d’un rapprochement entre les deux principales forces centristes d’importance comparable à l’orée d’une année chargée d’un point de vue électoral est certain.

1 : Les données sociodémographiques sont issues d’un cumul d’interviews hebdomadaires réalisées par téléphone entre novembre 2012 et mai 2013, représentant au total un échantillon de 12 019 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

En effet, si le centre est aujourd’hui éclaté en termes de structures partisanes, il l’est aussi électoralement avec l’existence de deux blocs à peu près équivalent mais pesant chacun moins de 10%. Si arithmétiquement la « réunion des centre » a du sens, ces deux bases partisanes partagent-elles les mêmes caractéristiques et se positionnent-elles de la même manière sur les grands sujets du moment ?

L’électorat UDI à dominante masculine, âgé et plutôt aisé

Intéressons-nous tout d’abord à la structure sociodémographique des sympathisants des partis centristes et de l’UMP.

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La lecture du tableau ci-dessus nous montre que des différences notables se font jour entre les soutiens des trois partis étudiés. Les partis du centre se distinguent de l’UMP par une proportion de catégories socioprofessionnelles supérieures plus importante parmi leurs soutiens (22,1% pour le MoDem et 19,8% pour l’UDI) que parmi ceux de l’UMP (14,9%), présentant un profil un peu plus populaire.

Si leur structure sociologique est assez proche, il existe néanmoins une différence majeure entre le MoDem et l’UDI au niveau de l’âge de leurs soutiens. Plus de la moitié des sympathisants du parti de François Bayrou (57,2%) ont moins de 50 ans (dont 30,2% entre 18 et 35 ans) quand près des deux-tiers de la base partisane de l’UDI est âgée de 50 ans ou plus (63,3%, dont 34% sont âgées de 65 ans et plus). Cela laisse à penser que l’UDI a capté une partie de l’ancien électorat UDF historique quand le MoDem présente une base partisane plus jeune et plus éloignée de la tradition de centre droit. Nous verrons plus tard que cette différence significative de génération entre ces sympathisants concoure certainement à expliquer des différences de positionnement (plutôt conservateurs pour les soutiens UDI et progressistes pour les soutiens MoDem) sur plusieurs grands sujets sociétaux. Il est également intéressant de souligner que si les plus de 50 ans, et plus particulièrement les plus de 65 ans, sont sur-représentés dans l’électorat de l’UDI par rapport à celui du MoDem, cette sur-représentation vaut aussi vis-à-vis de l’électorat UMP, qui est plus jeune que celui de Jean-Louis Borloo (50,5% de personnes âgées de 50 ans et plus contre 63,3% à l’UDI).

L’UDI présente donc une base partisane âgée (44% des sympathisants de l’UDI sont retraités), plutôt masculine (56,5% d’hommes) et où les professions libérales et les cadres supérieurs sont davantage représentés que dans la population française (13,5% contre 9,4%). On retrouve ainsi nombre de caractéristiques d’un électorat habituellement plus sensibilisé à la politique que la moyenne et correspondant à un profil assez classique d’un électorat de droite.

Cela se confirme par la proximité idéologique avec les sympathisants de l’UMP sur le plan économique notamment.

Le libéralisme économique : point de rencontre entre les sympathisants des deux composantes de l’ancienne majorité

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2 : Données issues d’un cumul d’interviews réalisées par Internet de juillet à septembre 2013, représentant au total un échantillon de 5 992 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

S’il est un domaine pour lequel les écarts de perception entre les sympathisants de l’UDI et de l’UMP sont peu significatifs, c’est bien celui de l’économie. La volonté que l’Etat donne plus de liberté aux entreprises est ainsi par exemple partagée par plus de neuf soutiens de chacun de ces deux partis sur dix (91% d’agissant des soutiens UDI et 93% pour les sympathisants UMP). Il s’agit là d’une différence entre les sympathisants des deux partis du centre, avec un niveau d’adhésion majoritaire pour les sympathisants du MoDem mais inférieur de 12 points à celui des sympathisants de l’UDI.

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3 : Données issues d’un cumul d’interviews réalisées par Internet de juillet à septembre 2013, représentant au total un échantillon de 5 992 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Ce libéralisme économique et l’attrait pour le « laissez-faire » se retrouve dans leur attitude à l’égard de l’interventionnisme de l’Etat dans l’économie. Une majorité des sympathisants UDI et UMP – avec une adhésion il est vrai plus forte parmi ces derniers - se prononcent en faveur d’une intervention minimale de l’Etat sur le plan économique (51% pour les soutiens de l’UDI et 60% pour ceux de l’UMP) quand seulement 39% des sympathisants du MoDem formulent le même jugement (soit 12 points de moins que les sympathisants UDI).

Le niveau d’imposition des plus riches constitue un autre point de rapprochement entre les bases partisanes de l’UDI et de l’UMP : respectivement 62% et 70% estiment que ce niveau est trop élevé, alors que le jugement des sympathisants du MoDem est nettement moins affirmé : 39% trouvent ces impôts trop élevés, 33% pas assez élevés et 28% les considèrent comme adaptés.

Le libéralisme économique et la forte prévention vis-à-vis d’une « fiscalité confiscatoire », thèmes qui constituent des piliers traditionnels de l’idéologie de centre-droit se retrouvent donc largement partagés par l’UDI et l’UMP (l’électorat MoDem n’ayant que très modérément repris cet héritage).

Mais, au-delà de ces points de convergence dans le domaine économique (le fond étatiste gaulliste du RPR ayant été dissous dans le libéralisme au moment de la création de l’UMP), il n’en demeure pas moins que la position des électorats UDI et UMP diffèrent lorsque l’on aborde des sujets plus sociétaux.

Un électorat UDI à égale distance du centre-gauche et de la droite sur les questions de société

Il semblerait que la proximité générationnelle des sympathisants de l’UDI avec l’UMP d’une part, et idéologique avec le MoDem d’autre part les conduisent à adopter des positions presque équidistantes de ces deux forces sur plusieurs débats ayant animé la société française ces derniers temps.

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4 : Données issues d’un cumul d’interviews réalisées par Internet de juillet à septembre 2013, représentant au total un échantillon de 5 992 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Le sentiment d’insécurité est par exemple beaucoup plus marqué à droite (73%) qu’à l’UDI (58%, soit 15 points de moins) et reste majoritaire, mais plus mesuré au sein des soutiens du MoDem (56%, -18 points par rapport aux sympathisants UDI).

Le jugement sur le fait que les personnes au chômage soit responsables de leur situation apparaît majoritaire pour les partis dont les chefs de file sont issus de l’ancienne majorité présidentielle (55% pour l’UDI et 71% pour l’UMP), mais la proximité entre les sympathisants des deux partis centristes est plus forte (avec un écart de 9 points) que celle entre l’UDI et l’UMP (qui présentent un écart de 16 points). L’adhésion au mariage entre personnes de même sexe, particulièrement clivant ces derniers mois, est majoritaire parmi les sympathisants du MoDem (52%), et bien que moindre parmi les soutiens de UDI (41%, soit un écart de 11 points) demeure nettement supérieure à celle des sympathisants de l’UMP (27%, -14 points par rapport à aux sympathisants de l’UDI).

Il en va de même à propos des questions d’immigration, la proportion de sympathisants de l’UDI se retrouvant une nouvelle fois à des écarts similaires avec les perceptions des sympathisants de l’UMP (-14 points) et de ceux du MoDem (+17 points) s’agissant sur jugement sur le nombre d’immigrés en France. Cette gradation qui dessine comme un continuum entre ces trois partis se retrouve concernant le droit de vote des étrangers aux élections locales, le niveau d’adhésion des sympathisants UDI s’établissant à équidistance de celle des sympathisants MoDem et UMP (avec des écarts de 14 points).

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5 : Données issues d’une étude réalisée pour le Journal du Dimanche par téléphone du 31 janvier au 1er février 2013, auprès d’un échantillon de 1 026 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

On le voit, il existe bien une fracture entre les électorats des deux centres sur les sujets économiques, et si les points de vue sont moins divergents sur les questions de société, des écarts non négligeables se font jour. La proximité idéologique et le rapprochement éventuel entre les sympathisants du MoDem et de l’UDI ne semble donc pas vraiment à chercher du côté de la politique intérieure, mais plutôt vers un thème historiquement porté par le centre : la construction européenne et l’ouverture sur le monde.

L’Europe : consensus au centre ?

La construction européenne a souvent constitué l’un des chevaux de batailles des partis centristes depuis la IVème République et cette tradition semble toujours perdurer aujourd’hui dans les deux partis de la famille divisée, comme le montrent les tableaux ci-dessous.

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6 : Données issues d’un cumul d’interviews réalisées par Internet de juillet à septembre 2013, représentant au total un échantillon de 5 992 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

L’opinion à l’égard de l’ouverture de la France sur le monde est certes contrastée au sein des sympathisants du centre. Il n’en demeure pas moins que les proportions de personnes favorables à davantage d’ouverture sont nettement plus marquées que dans l’ensemble de la population et que parmi les sympathisants UMP. Alors que ces derniers penchent aujourd’hui majoritairement (à 52%) pour davantage de protection, cette posture est nettement moins répandue au MoDem (18 points de moins) et à l’UDI (14 points de moins).

De même, les soutiens du centre sont plus prompts à considérer que l’appartenance de la France à l’Union Européenne lui a été davantage bénéfique, ou tout du moins lui a autant rapporté qu’elle ne lui a coûté, les réponses étant de surcroît quasiment identiques au MoDem et à l’UDI sur cette question et très proches sur la précédente.

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7 : Données issues d’une étude réalisée pour le Journal du Dimanche par Internet du 24 au 25 janvier 2013, auprès d’un échantillon de 987 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Ce positionnement commun plutôt favorable à l’Europe et à l’ouverture sur le monde constitue probablement l’une des clés d’un rapprochement éventuel de l’UDI et du MoDem. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si c’est à propos des élections européennes que des discussions ont été entamées par François Bayrou et Jean-Louis Borloo, quand une alliance pour d’autres élections nationales apparaît moins évidente à la vue des écarts de perceptions et de positionnement s’agissant de sujets de politique intérieure.

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