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L’avenir du Front National est-il dans un aggiornamento libéral ?
©AFP

Aggiornamento

Le Front National a tenu hier un bureau politique explosif. Il sera l'occasion de traiter de son orientation politique vers plus ou moins de "chevènementisme". Dans la pratique, les courtes vues de son programme économique restent un sujet essentiel pour aborder la question du "plafond de verre".

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Il y a un an, j'avais participé au Cercle Aristote à un débat avec le conseiller économique de la présidente du Front National, Philippe Murer. L'intéressé avait ouvertement plaidé pour une interdiction des robots dans les entreprises (notamment les hypermarchés) et par l'obligation que Marine Le Pen imposerait de les remplacer par des salariés français. Sans quoi les entreprises devraient payer des taxes.

C'était assez étonnant d'entendre proférée en public ces idées si proches (préférence nationale en moins) de ce qu'allait proposer quelques mois plus tard Benoît Hamon. Ce jour-là, j'ai compris la pauvreté réelle de la pensée économique du Front National et la paresse profonde de son staff dirigeant, qui se contente de vivre sur une rente: celle du rejet de l'immigration, sous des prétextes au demeurant mal expliqué. 

Front National et haine du libéralisme

Le plus sidérant sans doute tenait au reproche que Murer n'a pas tardé à m'adresser: "Vous, vous êtes un libéral!" La phrase s'est rapidement transformée en repoussoir, en accusation de blasphème. L'objet du Front National, c'était le rejet du libéralisme, expression commode qui permet, comme au feu Front de Gauche, de rejeter en bloc la rigueur budgétaire, la libre concurrence et la modernisation du pays. 

De cette façon, le Front National s'est fondu dans le moule d'un prêt-à-penser de gauche, exception faite de son rejet de l'immigration.

La suite, on la connaît. Marine Le Pen, forte de ces antiennes religieuses qui sont autant de compromis avec la facilité, a ruiné toute chance d'accéder un jour à l'Élysée en étalant son incompréhension des dossiers économiques. Incapable d'expliquer sa sortie de l'euro, pourtant noyau dur de sa doctrine, elle a révélé la vacuité de son programme anti-libéral. 

La France avant l'État, entre identité et souveraineté

Il existait pourtant une voie royale pour se crédibiliser. Elle consistait à lier souveraineté et identité en rappelant qu'avant l'ère gaullienne, la part des dépenses publiques dans les PIB était plus proche des 30% que des 55%. Depuis quarante ans, ce que certains au FN comme ailleurs appellent le "libéralisme" est en réalité une étatisation progressive de l'économie. Celle-ci s'est accompagnée d'un recours massif à l'immigration et d'une mise sous tutelle de pans entiers de la société française par l'oligarchie au moyen de l'impôt et des contributions sociales. 

Cette dérive est contraire à l'identité française, qui a longtemps délégué au secteur privé des fonctions désormais étatisées: la santé, l'enseignement, ne sont des prérogatives massives de l'État que depuis les années 80.

Revenir à l'identité française et à la souveraineté du peuple en faisant l'apologie de la solidarité privée et en combattant l'étatisation de la société est un message simple à expliquer aux Français. Et un message fédérateur. 

Mais que diable Marine Le Pen ne les a-t-elle défendus?

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