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L'Arabie saoudite ce royaume où les têtes coupées nagent dans le pétrole…
©HOW HWEE YOUNG / POOL / AFP

C'est notre alliée

L'or noir permet beaucoup de choses. Et c'est pourquoi nous nous taisons.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Il y a quelques jours 37 personnes ont été décapitées en Arabie saoudite. Les exécutions ont eu lieu au sabre et en public. Etre bourreau là-bas est une activité lucrative dont le carnet de commandes est toujours bien rempli.

La plupart des suppliciés faisaient partie de la minorité chiite réputée hostile au pouvoir royal des Saoud. Si leurs têtes ont roulé dans la poussière devant une assistance nombreuse c'est que ce spectacle attire là-bas beaucoup d'amateurs. En outre il offre l'avantage de faire peur aux éventuels opposants.

Certains des exécutés ont été crucifiés. Et on a laissé leurs corps pourrir sur des croix pendant plusieurs jours. Un châtiment considéré comme infamant puisque c'est celui que les Romains réservaient aux esclaves révoltés et, plus tard, au Christ.

Ce massacre de masse (107 têtes coupées depuis le début de l'année) n'a suscité aucune protestation de la part des dirigeants occidentaux. Nul doute qu'ils en aient été dégoutés dans leur fort intérieur. Mais il ne fallait surtout pas leur demander de dire tout haut ce qu'ils pensent tout bas.

En effet l'Arabie saoudite est notre alliée. Pas notre amie quand même. Un mariage de raison n'est pas un mariage du cœur. Mais qui résisterait à l'attrait de milliards de pétrodollars, à la promesse de juteux contrats et de fabuleux investissements?

Un riche Arabe a droit à toutes les courbettes du monde alors qu'un Arabe misérable et pouilleux sera méprisé.

La raison d'Etat, les intérêts d'un Etat prennent toujours le pas sur les élans de la conscience. Quand le roi d'Arabie est venu prendre ses quartiers d'été sur la Côte d'Azur on a privatisé pour lui et pour sa suite (1000 personnes) une plage et un préfet est venu lui rendre hommage.

On peut aussi voir dans cette acceptation de l'inacceptable une forme de racisme mal dissimulé. On dira honteusement : "ces gens-là ne sont pas comme nous, faut les comprendre". On se réfugiera derrière une phrase lâche : "ils ont des traditions qu'il nous faut respecter".

En effet 37 têtes coupées ce ne sont –n'est-ce pas?- que les retombées certes déplorables d'habitudes ancestrales que nous ne nous permettons pas de critiquer. Si nous le faisions nos dirigeants devraient admettre que toutes les civilisations ne se valent pas. Et ça ils s'y refusent car ils sont bien élevés.

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