Juppé, candidat à la primaire UMP : à quoi pourrait ressembler un juppéisme présidentiel ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Un ticket François Bayrou/Alain Juppé est-il possible pour 2017 ?
Un ticket François Bayrou/Alain Juppé est-il possible pour 2017 ?
©Reuters

C'est officiel

L'ancien Premier ministre a fait savoir ce mercredi 20 août qu'il sera candidat à la primaire UMP pour 2017. Invité d'Europe1, François Bayrou s'en est immédiatement félicité, rappelant toute "l'estime" qu'il a pour le maire de Bordeaux. Prélude à un possible ticket Juppé-Bayrou ?

Pascal Perrineau

Pascal Perrineau

Pascal Perrineau est professeur des Universités à Sciences Po. Il est l'auteur de Cette France de gauche qui vote FN (Paris, Le Seuil, 2017), à paraître le 1er juin. 

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Atlantico : Ce mercredi 20 août, Alain Juppé a officialisé sa candidature à la primaire UMP en vue de l'élection présidentielle de 2017. Il a immédiatement reçu le soutien de François Bayrou, patron du MoDem. Alain Juppé bénéficierait-il d'une fenêtre de tir politique au centre-droit ?

Pascal Perrineau : Quand vous regardez la perception qu'ont les Français d'Alain Juppé, c'est celle d'un homme politique de droite, mais bien au-delà de toutes les familles politiques de la droite ou du centre. Il n'est pas perçu comme ayant ce réflexe "dextriste" que l'on a avec Nicolas Sarkozy, mais il n'y a pas non plus cette dérive vers la gauche comme a pu l'avoir François Bayrou. Sa bonne image va du centre-gauche jusqu'à la droite en passant par toutes les tendances entre les deux. Cela répond à l'histoire d'Alain Juppé ces dernières années. Il a été le fondateur de l'UMP, et a tenté de réunir sous la même houlette toutes les familles de la droite et du centre en France. Il n'y est d'ailleurs pas vraiment parvenu, l'UMP ayant connu un phénomène de droitisation sous Nicolas Sarkozy. En ce sens, la cote de popularité d'Alain Juppé dénote peut-être d'une volonté de retour aux origines. 

Bien qu'il rassure par sa personnalité et son éloignement des guerres internes à droite, quelle alternative Alain Juppé peut-il proposer ? Sur quoi pourrait se baser son programme ?  

L'UMP souffre de multiples problèmes. En premier lieu, un problème de leadership…. Les leaders de droite en général possédant un vrai soutien populaire ne sont guère nombreux, et Alain Juppé est justement un des mieux placé. En second lieu, les divisions de l'UMP sont chroniques depuis l'affrontement Copé/Fillon, or Juppé est en extériorité de ce conflit, en ayant été chargé de la réconciliation (qu'il n'a pas vraiment réussie d'ailleurs…) Il a donc plus que d'autres une capacité à incarner la réunion des courants et des tendances.

L'UMP souffre aussi d'une crise d'identité. Qu'est-elle ? Où se situe-t-elle ? Est-ce la "Droite forte" qui parfois être sous influence de thématiques du Front national ? Est-elle l'héritière d'un néo-gaullisme ? On ne le sait pas vraiment. Alain Juppé, le premier président de l'UMP, opérerait sans doute un retour aux fondamentaux de cette famille en s'émancipant de la pression frontiste, et à laquelle Alain Juppé n'a jamais été sensible. Il a en tout cas cette image.

En revanche, pour les idées politiques nouvelles, elles ne naîtront pas avant l'approche de l'élection présidentielle de 2017. La priorité pour Alain Juppé, c'est d'abord de panser les plaies et d'arrêter les divisions. L'UMP avait, du fait de l'impopularité de la gauche au pouvoir, un véritable boulevard qu'elle a saccagée toute seule. Donc avant d'afficher des idées neuves, la priorité est de reconstituer l'unité de la famille.

Plébiscité par une partie de l'opinion, réélu au premier tour à Bordeaux, comment l'ancien Premier ministre honni de 1995 à 1997, condamné puis battu aux législatives en 2007 a-t-il pu revenir sur le devant de la scène ?

Il a certainement changé. De par son expérience au Québec (où il a été professeur en 2005-2006, ndlr), il a pris le temps de la distance et de l'éloignement pour se recentrer, et assouplir certains traits de son tempérament rigide. Il a sans doute tiré les conséquences de ce désamour. Et l'impopularité n'est pas quelque chose de définitif.

Réélu triomphalement à Bordeaux, il peut se présenter comme quelqu'un capable d'assurer la gestion d'une grande métropole française. D'autre part, à l'heure où la France est confrontée à des choix difficiles, et à la dégradation des mœurs politiques, il fait partie des rares, à gauche comme à droite, à représenter une figure de "l'homme d'État". C'est pour cela que de plus en plus de Français semblent se tourner vers lui, et la rigidité qu'il pouvait avoir à une époque pourrait presque passer pour une qualité.

Hormis François Bayrou, avec qui Alain Juppé pourrait-il gouverner s'il était élu ? Peut-il s'appuyer sur le Modem, un parti qui n'a jamais connu réellement le succès, ou devrait-il plutôt envisager de se rapprocher de l'aile la plus modérée de l'UMP ?

Le rapprochement avec François Bayrou est d'abord dans le cadre d'une campagne municipale. Les deux hommes sont proches, se sont souvent rendus des services, et font partie en Aquitaine de la même mouvance. Bien sûr Alain Juppé veut aller jusqu'au centre indépendant représenté par le Modem, mais il fera appel à toutes les sensibilités de l'UMP. Les alliances qu'il prônera seront larges, et iront du centre-gauche jusqu'à la droite nationale et souverainiste. Il devra organiser cette mouvance comme a pu le faire Nicolas Sarkozy en 2007, même si ce dernier devait faire face à un Modem qui voulait jouer son propre jeu et qui est aujourd'hui revenu à des ambitions plus "raisonnables".

Cet article est une mise à jour d'un article publié sur Atlantico le 21 mars 2014

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