Juifs, musulmans et laïcité : Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, le duo des pompiers pyromanes<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon à l'Elysée lors du premier mandat du Président de la République.
Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon à l'Elysée lors du premier mandat du Président de la République.
©LUDOVIC MARIN / POOL / AFP

Polémiques en cascade

Emmanuel Macron a participé à une cérémonie marquant le début de la fête juive de Hanouka dans la salle des fêtes de l’Élysée déclenchant une polémique sur le respect de la laïcité. Jean-Luc Mélenchon a récemment expliqué qu'il se sentait "abandonné" par la communauté juive qu'il a "défendue toute sa vie". Le chef de l'Etat et le leader de La France insoumise ont-ils commis une faute politique ou sont-ils dans des calculs électoraux ?

Fabrice d'Andrea

Fabrice d'Andrea

Fabrice d’Andrea est républicain universaliste, hostile à tous les extrémistes politiques ou religieux. Fabrice d’Andrea écrit dans Franc-Tireur et est Cofondateur d’On vous voit.

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Pascal Neveu

Pascal Neveu

Pascal Neveu est directeur de l'Institut Français de la Psychanalyse Active (IFPA) et secrétaire général du Conseil Supérieur de la Psychanalyse Active (CSDPA). Il est responsable national de la cellule de soutien psychologique au sein de l’Œuvre des Pupilles Orphelins des Sapeurs-Pompiers de France (ODP).

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Jean-Paul Mialet

Jean-Paul Mialet

Jean-Paul Mialet est psychiatre, ancien Chef de Clinique à l’Hôpital Sainte-Anne et Directeur d’enseignement à l’Université Paris V.

Ses recherches portent essentiellement sur l'attention, la douleur, et dernièrement, la différence des sexes.

Ses travaux l'ont mené à écrire deux livres (L'attention, PUF; Sex aequo, le quiproquo des sexes, Albin Michel) et de nombreux articles dans des revues scientifiques. En 2018, il a publié le livre L'amour à l'épreuve du temps (Albin-Michel).

 

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Atlantico : Dans le contexte de guerre entre Israël et le Hamas, l'image du Président soufflant une bougie pour Hanouka est-elle une faute politique ou fait-il, comme Jean-Luc Mélenchon, des calculs politiques ?

Fabrice d'Andrea : Il s’agit indéniablement d’une faute car le principe de laïcité, selon lequel l’Etat ne reconnaît aucun culte, s’oppose à ce qu’une cérémonie religieuse publique ait lieu à l’Elysée (ce qui est semble-t-il une première depuis la victoire des républicains face à la monarchie en 1879). C’est une erreur politique car une fois qu’Emmanuel Macron a assisté à cette cérémonie au palais présidentiel, il se trouve quasiment contraint d’en organiser au profit d’autres cultes (comme une messe ou une rupture du jeûne lors du ramadan), pour éviter l’accusation d’avoir privilégié une religion plutôt qu’une autre. Ce qui ne manquera pas de créer à nouveau des polémiques et de diviser profondément les Français. L’organisation de cette cérémonie d’Hanouka est aussi révélatrice d’une part de calcul car le président espérait ainsi envoyer un message aux Français juifs après son refus, difficilement compréhensible, de participer à la marche contre l’antisémitisme du 12 novembre dernier. Cependant, Emmanuel Macron réduit ici les Français juifs à une communauté religieuse, qu’on pourrait flatter en assistant à une fête sacrée du judaïsme, au lieu de s’adresser à eux, selon la tradition républicaine, comme à un ensemble de citoyens, constitués de croyants, d’agnostiques et d’athées. Même s’il n’est pas le premier à la faire, il se rapproche de l’attitude de Jean-Luc Mélenchon, qui cible spécifiquement et de manière totalement assumée les musulmans en tant que communauté religieuse afin d’obtenir leurs voix aux élections. 

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Emmanuel Macron rompt avec la tradition présidentielle à l'occasion de cette célébration. Cela ajoute-t-il à son erreur politique ? Comment expliquer ce choix, selon-vous ?

Fabrice d'Andrea : Oui, cela rend cette erreur politique encore plus grave. Emmanuel Macron entretient un rapport complexe avec la laïcité. Il ne semble jamais avoir pleinement adhéré à ce principe républicain, pas plus qu’à l’universalisme. En 2018, il voulait déjà « réparer le lien abîmé avec l’Eglise » catholique. Maintenant il fait ce geste pour réparer les liens avec la « communauté juive », déçue par son absence à la marche contre l’antisémitisme. Absence probablement justifiée par la crainte d’abîmer les liens avec la « communauté musulmane ». Son tropisme anglo-saxon le pousse à mettre en avant un modèle multiculturaliste radicalement différent du modèle républicain français. Dans cette approche, il est normal de s’adresser à des communautés religieuses en tant que telles. C’est pourtant à l’opposé de la tradition républicaine qui veut qu’on sépare la religion de la sphère publique, les croyances religieuses étant source de querelles et de divisions insurmontables, et devant de ce fait rester cantonnées dans la sphère privée, pour se concentrer sur le gouvernement des hommes, qui peut, lui, faire l’objet de débats rationnels et pacifiés entre citoyens. On l’oublie souvent mais cette tradition républicaine est notamment le fruit des guerres de religion qui ont déchiré la France et une voie efficace pour maintenir la concorde entre les Français. 

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Emmanuel Macron nie toute atteinte à la laïcité. Est-ce que le Président confond laïcité et multiculturalisme ?

Fabrice d'Andrea : Pour se justifier, le président a déclaré : « la laïcité ce n'est pas l'effacement des religions, c'est le fait que chacun a le droit et la liberté de croire et de ne pas croire", ajoutant qu'il considère que la laïcité est "une loi de liberté". Il est très inquiétant qu’un président, garant de laïcité, ne cite que la liberté de conscience et pas la séparation des Églises et de l’Etat, qui est pourtant le second pilier de la loi de 1905. Or c’est cette séparation qui s’oppose clairement à la tenue d’une cérémonie religieuse publique dans un lieu de pouvoir comme l’Élysée. La tenue d’une telle cérémonie constitue clairement un risque de glissement vers le multiculturalisme. Au nom d’une conception ouverte de la laïcité, on basculerait dans une forme d’œcuménisme ou chaque culte serait reconnu et valorisé en tant que tel par l’Etat. Mais le président est aussi capable de défendre une vision plus classique de la laïcité, comme il l’a fait lors de l’adoption de la loi contre le séparatisme. Le problème est qu’il semble incapable de prendre une position claire et de s’y tenir, au nom du fameux « en même temps »

De son côté Jean-Luc Mélenchon s'est dit se sentir "abandonné par la communauté juive qu'il a toujours défendue". A quoi joue le leader des Insoumis et dans quelle mesure a-t-il lui aussi pu rompre avec son propre parcours politique ? 

Fabrice d'Andrea : Cette déclaration est totalement lunaire. Par cynisme politique, Mélenchon a rompu avec ses convictions sur la laïcité, l’universalisme et le rejet du communautarisme pourtant solidement ancrées dans la tradition politique de la gauche. Il en avait même fait en 2010 la ligne de démarcation entre son mouvement, le Parti de gauche, et le Nouveau Parti Anticapitaliste, l’organisation d’Olivier Besancenot, positionné sur le même créneau politique de la gauche radicale, mais qui avait mis en avant une femme voilée sur sa liste aux élections européennes. Ce que Mélenchon avait dénoncé en ces termes « En ce moment, on a le sentiment que les gens vont au-devant des stigmatisations : ils se stigmatisent eux-mêmes — car qu’est-ce que porter le voile, si ce n’est s’infliger un stigmate — et se plaignent ensuite de la stigmatisation dont ils se sentent victimes. Il faut penser à tous ces gens qui n’ont tout simplement aucune religion. ». Mélenchon refusait également de reconnaître le terme d’islamophobie, jugeant qu’on avait le droit de critiquer une religion. 

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Mais, après les élections présidentielles de2017, il s’est laissé convaincre par son nouveau mentor Éric Coquerel que les 600.000 voix qui lui avaient manqué pour atteindre le second tour étaient à rechercher dans l’électorat musulman. Les reniements qui s’en sont suivis (ralliement à la notion d’islamophobie, mise en avant d’un discours communautariste ciblant spécifiquement les musulmans, condamnation de l’interdiction de l’abaya etc) lui ont valu d’être reconnu comme un butin de guerre par l’extrême-gauche décoloniale qui voit dans la République et la laïcité un système raciste et « islamophobe »…

En se disant abandonné de la communauté juive qu’il aurait toujours défendue, Mélenchon conteste avoir renié un autre marqueur de gauche, à savoir la lutte contre l’antisémitisme. Et dans une inversion accusatoire devenue classique, il reproche à la communauté juive de l’avoir quitté alors que c’est lui qui a multiplié depuis des années les déclarations controversées sur les juifs (de la reprise des accusations sur le peuple déicide en passant par les attentats de Merah réduits à un incident monté en épingle avant la présidentielle pour orchestrer la haine des musulmans). On notera que dans l’interview dans laquelle il fait cette déclaration, il affirme que Gaza c’est le Guernica du XXIe siècle et que les Israéliens y commettent un génocide. Cela revient à nazifier les juifs, ce qui est un curieux moyen de s’impliquer en faveur d’une communauté qu’on prétend toujours avoir défendu…

Peut-on dire que, chacun dans son style, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon sont des pompiers pyromanes ?

Fabrice d'Andrea : En un certain sens oui. Mélenchon fait un mal terrible à la République, dont il accentue les fractures. Il renforce les sentiments communautaristes, la compétition victimaire, le séparatisme, le sentiment que la laïcité est une discrimination contre les musulmans. Le leader des Insoumis effectue un travail de sape au quotidien qui peut causer des dégâts difficilement réversibles. On le voit dans le récent sondage sur la laïcité et les musulmans. A force d’entendre dire dans la bouche des Insoumis que la laïcité était dévoyée pour devenir « islamophobe », les musulmans, qui ont voté à 69% pour Mélenchon se sont sans doute au moins en partie laissés convaincre que c’était le cas. 

Emmanuel Macron ne se situe bien entendu pas dans ce registre. Mais en tant que président, il ne cultive pas les valeurs unificatrices comme l’universalisme et la laïcité. Il les affaiblit par ses prises de position, sans être capable de fixer un cap clair et de s’y tenir. Et il donne l’impression de se décider non pas dans l’intérêt de la nation prise dans son ensemble mais selon les réactions que ses décisions susciteront dans les différentes communautés. Macron a ainsi refusé de manifester contre l’antisémitisme car il pensait que cela braquerait la communauté musulmane. C’est la première fois, me semble-t-il, qu'un président français assume aussi clairement de gérer une crise sur une base strictement communautaire. Puis, incapable de garder une ligne directrice cohérente, Macron a voulu flatter la communauté juive sur une base religieuse pour témoigner de son engagement contre l’antisémitisme et de sa bienveillance à l’égard des juifs. En renforçant ainsi très certainement chez beaucoup de Français le sentiment que la laïcité française traiterait mieux certaines religions que d’autres.

Dans quelle mesure Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon font-ils preuve de narcissisme dans leurs décisions et leurs luttes politiques respectives ?

Pascal Neveu : Le Président et le leader de LFI sont incontestablement des gens brillants et cultivés mais d’un ego surdimensionné.

D’un côté regardez la photo officielle du Président, dont j’avais analysé tous les objets présents volontairement et la symbolique l’entourant.

D’un autre côté celui qui hurle face à un Officier de Police Judiciaire, dont on peut saluer le calme, «  La République c’est moi ! » mais qui défonce une autre porte... je passe le reste de la vidéo consternante. Pourquoi ces 2 exemples ?

En fait la politique est une drogue, mais aussi et surtout un ring (on le voit dans les hémicycles), un accès à une capacité d’advenir suite à des blessures infantiles… mais aussi de l’opportunisme ! Les nouveaux Julien Sorel ou Ravaillac… sans compter celles et ceux souffrant de complexe phallique.

Ce n’est pas qu’une simple question de narcissisme. Je rappelle qu’il existe 2 formes de narcissisme… le 1er « Je m’aime ou je me déteste en me regardant le matin devant le miroir », le 2nd « Mon patron a jeté à la poubelle mon document… ou celle ou celui que je draguais me met un vent ! Ou au contraire je passe une bonne nuit ! », les deux s’équilibrant pour notre équilibre psychique.

Il y a dans le désir de la fonction politique, un désir phallique de pouvoir.

Or le phallus n’est qu’un fantasme. Il n’a jamais existé ! C’est dans notre mental, et dans notre dynamique de faire des choses… et de monter comme aujourd’hui tout en haut de la Flèche de Notre-Dame, ou l’autre de menacer des journalistes et les insulter.

Le désir de la présidence me semble être une soif de reconnaissance.

Les idéologies ne sont que mascarades face aux enjeux de pouvoir et d’électorats.

Nous avons plus de pouvoir et d’argent en devenant PDG d’un groupe du CAC 40 qu’en souhaitant un titre avec des téléphones cryptés, réveillés en pleine nuit.

Jean-Paul Mialet : Le narcissisme est une dimension fondatrice de la personne ; c’est l’amour de soi-même nourri pendant la petite enfance par le regard tendre de la mère et soutenu, objectivisé, par son propre regard sur soi au moment de la révélation de son image dans le miroir. En théorie, en grandissant, on dépasse cet amour autocentré et on apprend à aimer les autres : les bienfaits de la socialisation détournent de l’exclusivité du regard sur soi-même. Le narcissisme originel est tempéré par la découverte d’autrui et les plaisirs du partage.

Dans le cadre de Jean-Luc Mélenchon et d’Emmanuel Macron, on peut effectivement observer que la dimension narcissique semble particulièrement présente. S’il fallait établir une distinction entre les deux, je risquerais celle-ci : le narcissisme originel du président, celui qui le rattache à son enfance, est soutenu par le regard inconditionnel de son épouse. Ne l’a-t-il pas reconnu lui-même quand il a dit, en arrivant au pouvoir : sans elle, je ne serais pas moi-même ? Narcisse contemplait son image dans une rivière, ici c’est Brigitte qui fait office de miroir. On n’en dira pas autant de Jean-Luc Mélenchon, qui, lui, se contemple dans les effets qu’il produit sur son public. Son narcissisme est plutôt celui du bateleur.

Mais relativisons ; le narcissisme est présent chez chacun et intervient dans la conduite de toute vie. Dans ma propre pratique, quand je soigne un patient qui me remercie, j’y trouve une satisfaction narcissique. La question est ensuite celle du curseur : ma pratique ne vise-t-elle que cette satisfaction ? Le patient n’est qu’un moyen de m’admirer ?

Cela posé, il me semble évident que la dimension narcissique est plus prégnante dans des activités publiques comme la politique. Toutefois, les personnalités politiques d’autrefois faisaient-elles preuve d’autant de narcissisme ? Peut-on comparer Pompidou à notre président d’aujourd’hui, ou Georges Marchais à Jean-Luc Mélenchon ?
En fait, la dimension narcissique notable chez notre président de la République et chez le leader des Insoumis est sans doute symptomatique de la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Celle-ci s’est profondément transformée et le souci de soi y est prioritaire. Dans les années 1980, Christopher Lasch a décrit dans son livre The Culture of Narcissism, combien la société dans son ensemble était en train de basculer vers un nouveau paradigme donnant à l’individu, ici et maintenant, l’avantage sur la collectivité, sa cohésion et son histoire. Les réseaux sociaux, qui n’existaient pas encore au moment où il a écrit ce livre, n’ont fait qu’aggraver le phénomène. L’homme s’est improvisé centre du monde et l’on peut légitimement penser aujourd’hui que nos élus sont le reflet de la société qui les a placés là.

Peut-on légitimement penser que certains de leurs choix sont davantage motivés par une volonté de renvoyer une certaine image plutôt que par désir d’assurer la longévité et la stabilité de la nation ?

Pascal Neveu : Je vais me dévoiler, après avoir travaillé dans ce monde politique car, me proposant une élection, mais dans un format truqué… je n’ai pas accepté ces jeux.

Issu d’une famille de résistants proche de de Gaulle, dont des décédés dans les camps ou évadés, jamais je n’aurais pu voir mes parents dans les yeux en étant un pantomime de la politique avec ses fiches et ses conseillers. Et pourtant Dieu sait combien je connais des politiques excellents, investis, ayant à cœur leur travail auprès de notre population, et qu’il faut saluer car combien font un énorme travail productif faisant évoluer notre société, ou la protégeant… mais ne sont pas dans un conflit psychique que certains nommeraient de la folie dans ces niveaux que j’ai pu connnaître !

Ces affrontements restent dans le champ de guerre de ces deux militaires qui se croient en pleine guerre froide, alors que l’autre extrême attend… sans rien avoir à faire.

Car Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron se pensent comme deux coqs (à l’image de la France) et se combattent pour un concours de « quéquette » que Marine Le Pen, n’en ayant pas, risque de gagner.

Voilà où en est devenu la politique. Le Chaos, le Clivage, la Crise… entre tous les Français qui n’en peuvent plus et entrent en crise !

Que fait le Service d’Information du Gouvernement qui dépend du premier ministre, et que j’ai bien connu ? Rien pour réconcilier les Français entre eux !

Jean-Paul Mialet : Le narcissisme, lorsqu’il est prédominant, fait de « soi-même » l’objectif prioritaire de toute action et réflexion. Cela répond à la question que vous me posez. Il y a en effet le risque que les intérêts de la nation soient négligés et qu’on priorise ce qui valorise son image. Pour prolonger ma comparaison avec la pratique médicale, le médecin qui ne songerait qu’à se mettre en valeur dans sa pratique risque de passer à côté des intérêts du patient : il se soigne plus qu’il ne soigne… Mais il peut éventuellement un médecin clairvoyant établissant de bons diagnostics et connaissant les bons traitements : il sera alors techniquement un bon médecin, mais finalement assez peu concerné par le soin de son patient et son bien- être.

Emmanuel Macron comme Jean-Luc Mélenchon semblent habitués à jouer la carte de l'inversion accusatoire comme celle de la transgression, en témoigne le cas de la célébration de Hanouka à l’Elysée et les récentes plaintes formulées par le leader des Insoumis à propos de la communauté juive. Peut-on, dans ce cas de figure, parler de symptômes de "pervers narcissiques" ?

Pascal Neveu : Je veux déjà dénoncer les atrocités du Hamas, apporter tout mon soutien aux Israéliens, aux pauvres victimes de Gaza et les Palestiniens mais aussi d’autres qui n’ont rien demandé dans leur vie, face à ces abjects terroristes… surtout quand on a vu ces images affreuses que certains osent contester. J’en ai hélas vu suffisamment pour en rendre un rapport.  Je ne parlerai pas politique car Mélenchon ne reste que dans son caniveau de propos.

Le Grand Maître du Grand Orient de France, Guillaume Trichard, qui est un très proche ami de longue date, très investi dans plein de causes, m’a fait parvenir son indignation par mail qu’il a communiqué à ses adhérents, comme 1ère obédience si je ne me trompe pas et ce qu’il m’avait dit.

Je cite :

« A deux jours de la date anniversaire de la loi de 1905 de « Séparation des Églises et de l’État », le Président de la République, gardien de la constitution de notre République indivisible, laïque, démocratique et sociale, a accepté hier que le Palais de l’Élysée soit transformé en un lieu de culte, rompant ainsi la neutralité de l’État.

Le pacte républicain, déjà fragilisé, n’avait pas besoin d’une fissure de plus. La laïcité, garante de la paix civile et de la concorde, n’avait pas besoin d’être à nouveau affaiblie alors qu'elle nécessite au contraire d’être renforcée.

Aussi, le Grand Orient de France exprime sa réprobation face à cette atteinte manifeste à la loi de Séparation des Églises et de l’État, cette atteinte à la Laïcité. »

La messe est dite !

Il ne s’agit pas de perversion narcissique, diagnostic à la mode depuis des années, mais d’une psychopathologie du politique et des transgressions qui en résultent quand on sort de la réalité en vivant dans les ors de la République.

Mais de la mégalomanie, voire la psychopathie de certains dirigeants, en France comme à l’étranger, tout comme sur Europe 1, lors du journal de 19h, le journaliste me recommandait de créer une chaire de psychanalyse des politiques.

Déjà en 1981 on publiait chez PUF Pouvoirs  « psychanalyse du politique, politique de la psychanalyse » avec cette question de l’objet qu’est l’électeur et du narcissisme du politique qui désire son élection, jouit de son élection et manipule son électorat, grâce à son équipe et des communicants pour sa réélection qui continuera à faire grandir sa toute-puissance… et hélas mener aux extrémistes, par jeu politique. Et hélas dégoûter les Français de la politique dont on ne leur a pas enseigné les rouages.

Un rappel à la laïcité en dehors la loi ?

. Jacques Chirac:  « L'Etat républicain, c'est aussi la laïcité ».

. Elizabeth Badinter : « Revenons à la laïcité : c’est la seule solution pour qu’il puisse y avoir la paix entre des gens venant d’horizons différents ».

Jean-Paul Mialet : L’expression "pervers narcissique", me semble-t-il, va trop loin. Elle a d’ailleurs été galvaudé et revêt une forte connotation sexuelle. Cela étant, Narcisse est toujours pervers, d’une certaine manière. Car Autrui est instrumentalisé : il n’est qu’un moyen de grandir sa propre image, son rapport à soi. Quand la dimension narcissique est prédominante, il y a une atténuation de la référence à l’autre, qui n’est plus une fin mais un moyen pour se grandir.

Dès lors, tous les narcissiques, dans ce sens, sont pervers. Mais on ne peut pas parler de pervers narcissiques tels qu’ils sont évoqués dans les médias, qui utilisent les autres comme instruments de satisfaction de leur besoin d’emprise affective et/ou sexuelle.

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