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Cher François Bégaudeau...

L’écrivain François Bégaudeau commentait mardi dans Atlantico la décision de la mairie lyonnaise d'interdire la vente d'alcool après 22h. Son texte n'a pas plu à Benoît Rayski qui lui répond de façon virulente sur le ton du pamphlet...

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

François Bégaudeau est un auteur à succès. Son livre « Entre les murs » a cartonné. Et le film qu’il en  a tiré a été couronné au Festival de Cannes. Agrégé de lettres et enseignant, il aime les jeunes. Avec une préférence marquée pour ceux « issus de la diversité », protagonistes et héros de son livre et de son film. Aimer les jeunes, c’est un sentiment aussi sympathique et consensuel qu’aimer les fleurs, la musique, les promenades en forêt, la campagne verdoyante, la montagne, la mer, les petits oiseaux, les animaux et l’air pur.

Mais quand cet amour se transforme en frénésie compulsive (ce qui est arrivé à Bégaudeau), le jeunisme, une affection sans remèdes connus à ce jour, ne tarde pas à frapper le corps et l’esprit. A force de vivre entre les murs, les siens, qui délimitent étroitement les horizons de sa pensée, l’écrivain l’a ainsi contractée. D’apparence bénigne, cette maladie est pourtant très grave. En effet, on peut dire d’elle ce que le maréchal Mac Mahon, célèbre pour ses énormes gaffes, disait de la typhoïde : « On en meurt ou on en reste idiot et je sais de quoi je parle car je l’ai eue ! » On se permettra de noter à ce propos que Bégaudeau est toujours vivant…

Il a donc consacré un article à la décision de la mairie de Lyon d’interdire la vente de l’alcool après 22 heures et il a cru bon d’y voir une action répressive contre la jeunesse érigée par lui en un absolu sociologique. Or, des jeunes, il y en a de toutes les sortes. Des intelligents et des imbéciles. Des pauvres et des riches. Des maigres et des gros. Des qui pensent et des qui ne pensent pas. Des qui savent lire et des analphabètes. Des bons et des brutes. Des honnêtes et des malhonnêtes. Sans oublier l’essentiel : « les jeunes », synonyme euphémique des voyous de banlieue.

Tous ceux-là, François Bégaudeau ne les connaît pas ou ne veut pas les connaître. Ce qu’il sait, c’est que l’Etat (méchant Etat !) fait la guerre aux jeunes (gentils jeunes !). Et il dresse ainsi la liste de toux ceux qui sont, d’après lui, victime de cette société de vieux. « Jeunes festifs, paillards de tout  poil, racaille brûleuse de voiture, squatteurs, prolétaires en grève, nomades patibulaires, etc. »

A propos de cet inventaire à la Prévert, on s’étonnera qu’un agrégé de lettres ait oublié de mentionner les ratons-laveurs (jeunes, bien sûr)... Relisons encore une fois cette phrase. Elle vaut son pesant de niaiserie et de nigauderie. Quel rapport y a-t-il entre la « racaille brûleuse de voiture » et les « prolétaires en grève » ? Y aurait-il aussi un lien de consanguinité fraternelle entre « les jeunes festifs » et les « nomades patibulaires » ? Et si oui, pourquoi à la fin de cette phrase mémorable, Bégaudeau s’est-il contenté d’un « etc. » ? Dans la même veine, il aurait pu continuer avec les paysans en colère, les détenus de Fleury-Mérogis, les faucheurs d’OGM, les cheminots mécontents, les filles victimes de sexisme, les Noirs et les Arabes victimes de tout, les malades du sida et les déprimés de chez Orange.

Si réponse il y a à ces questions, je ne peux que les trouver dans la formule historique de Mac Mahon. J’exagère bien sûr. François Bégaudeau jouit toujours d’un certain bon sens. Ce qui lui a permis d’omettre dans son plaidoyer pro-jeune, la couleur politique de la mairie de Lyon à l’origine de l’affreuse mesure qu’il dénonce. La mairie de l’ancienne capitale des Gaules est de gauche avec une majorité de socialistes, de verts et de communistes. Encore heureux ! Une municipalité de droite aurait certainement fait fusiller les jeunes…

Le texte de François Bégaudeau : La France, pays de jeunes anti-vieux

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