Je souffre d’hétérosexualité : est-ce que c’est grave docteur ? Oui ont répondu les deux médecins des Inrocks...

Nous avons tous eu une enfance malheureuse : à nous, les petits garçons, on mettait des culottes courtes et aux petites filles des robes. Et pourquoi pas l’inverse ? Nos parents étaient des bourreaux d’enfants. Ils ont fait de nous – alors que nous étions nés innocents et purs – des hétérosexuels. À tel enseigne que les plus vicieux d’entre nous regardaient à l’école sous les jupes des filles.

Voilà comment on nous a fabriqués. Comment de nous on a fait des êtres lourdement handicapés et prisonniers d’une orientation sexuelle que l’on nous a imposée. Quel remède pourrait nous sauver ? Peut-être qu’une opération chirurgicale serait nécessaire ?

La réponse se trouve sur un site médical bien inconnu : les Inrocks. Deux médecins, Juliet Drouard et Tamar, expliquent pourquoi elles organisent un séminaire dont l’intitulé est très prometteur : « Sortir de l’hétérosexualité ». Leur constat est criant de vérité : « on ne naît pas hétérosexuel, on le devient ». Je vous disais bien que nous naissions purs et innocents. En même temps, les docteurs Juliet Drouard et Tamar disculpent en partie nos parents dont j’ai, bien à tort, dit tant de mal. « L’hétérosexualité est un régime politique » proclament-elles. Les hétéros, sont, hélas, majoritaires en France. S’ils fondent un « parti hétérosexuel » ils rafleront la mise aux prochaines présidentielles…

Mais les docteurs Juliet Drouard et Tamar ne s’avancent pas à la légère lorsqu’elles affirment que l’hétérosexualité est politique. « Si on part du principe – et c’est notre cas – que l’hétérosexualité a avant tout une fonction économique alors elle va forcément s’insérer dans l’économie capitaliste qui est une économie racialisée et coloniale » disent-elles. Eh oui !

Elles ajoutent aussi ce constat lumineux auquel Simone de Beauvoir n’avait pas pensé : « l’émancipation des femmes blanches s’est faite par l’exploitation des femmes non blanches ». Pourquoi nous a-t-on caché pendant si longtemps que la compagne de Sartre avait une bonne à tout faire noire ?

Intéressé, séduit par les propos de Juliette Drouard et de Tamar j’ai quand même voulu en savoir plus. J’ai appelé le service des urgences psychiatriques de l’hôpital St Anne pour leur parler. On m’a dit qu’elles avaient été transférées au 24 rue Saint Sabin, Paris 11E. C’est l’adresse des Inrocks.