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Israël / Egypte : vers une nouvelle guerre du gaz ?
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Explosif

L'Egypte a décidé de stopper ses exportations de gaz vers Israël. L'étincelle qui pourrait déclencher l'explosion de la région ? Pas si sûr...

Jean-Noël Ferrié

Jean-Noël Ferrié

Jean-Noël Ferrié est directeur de recherche au CNRS, UMR 5115, Sciences Po Bordeaux.

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Atlantico : L'Egypte a décidé de stopper ses exportations de gaz vers Israël. Ce contrat, particulièrement impopulaire auprès des Égyptiens, du fait de ses prix très bas, ne remet pas en question la sécurité énergétique de l'Etat hébreux. Pourtant, le ton est monté en Israël où certains dénoncent déjà Le Caire comme un ennemi plus dangereux encore que Téhéran. Les deux voisins se dirigent-ils vers une escalade de la violence suite à ce désaccord commercial ?

Jean-Noël Ferrié : C’est plus qu’un désaccord commercial. Il y a toute une partie de l’opinion publique égyptienne et de l’élite qui n’ont jamais vraiment accepté la normalisation des relations entre Israël et l’Egypte. Ce n’est pas tant qu’ils veulent faire la guerre, mais plutôt que la normalisation des relations entre les deux pays les mettent mal à l’aise. Une hostilité qui reste permanente en Egypte depuis les accords de Camps David, qui n’ont jamais suscité une grande satisfaction auprès de la population.

Ces accords étaient pourtant favorables à l’Egypte qui reste dans un contexte de paix. Il a également beaucoup été reproché à Hosni Moubarak de s’être trop peu engagé pour la cause palestinienne, ce dernier ayant maintenu, même dans les pires moments, des relations stables avec l’Etat hébreux. Enfin, lorsque les militaires ont repris le pouvoir en 2011, ils ont commencé à prendre en compte l’hostilité populaire envers Israël pour envisager une remise en cause des accords gaziers.

Il faut bien comprendre que cette situation n’a rien de nouveau. Rétrospectivement, les relations avec Israël ne sont que l’un des reproches parmi tant d’autres que la population faisait à Hosni Moubarak. La présence nouvelle d’une majorité parlementaire islamo-conservatrice ne fait rien pour arranger les choses et peut remettre en question les bonnes relations avec Israël.

Avigdor Lieberman, ministre des Affaires étrangères, a indiqué voir en l’Egypte une menace plus grande encore que celle de l’Iran. Est-ce crédible ?

Non, c’est n’importe quoi ! L’Egypte n’a pas de programme nucléaire et ne cherche pas à en avoir. De plus, elle reste parfaitement attachée à la paix avec Israël et à la coopération avec ce pays.

La situation de belligérance entre ces deux pays, comme c’était le cas sous les présidences de Nasser et Sadate, n’est plus d’actualité. La majorité des Egyptiens n’a aucune envie de revenir en arrière. Ce qui ne les empêche pas d’éprouver le sentiment de rejet qui caractérise une grande partie du monde arabe.

Les tensions entre ces deux pays peuvent-elles malgré tout aller plus loin ? Pourrait-il y avoir un incident armé ?

La situation politique en Egypte est loin d’être stabilisée. Cela peut avoir des conséquences sur ses relations diplomatiques avec Israël. Il s’agit surtout là de sauver l’honneur suite aux dérives de Hosni Moubarak en rétablissant des échanges économiques plus équitables avec l’Etat hébreux : d’où ce conflit gazier.

Si la situation diplomatique empirait, il pourrait effectivement y avoir un retrait des représentations de l’un et l’autre de ces deux pays. Le dialogue pourrait être temporairement rompu. Mais parler de conflit armée reste surréaliste. Les Egyptiens ne savent que trop bien ce qu’ils auraient à perdre dans une guerre avec Israël. De plus, ces deux pays sont particulièrement liés aux Etats-Unis qui influencent les politiques aussi bien de l’un que de l’autre.

Propos recueillis par Romain Mielcarek

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