Iran : quand la charia devient électrique<!-- --> | Atlantico.fr
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Nous avions nous autres, pauvres Français, inventé le fil à couper le beurre. Les techniciens iraniens ont inventé la machine (toute électrique) à couper les mains et les bras.
Nous avions nous autres, pauvres Français, inventé le fil à couper le beurre. Les techniciens iraniens ont inventé la machine (toute électrique) à couper les mains et les bras.
©Reuters

Juste un doigt …

Les autorités iraniennes ont triomphalement annoncé la dernière découverte de leurs savants : une scie électrique pour découper les membres. Cela s'appelle le progrès technologique.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Des nouvelles encourageantes nous parviennent de Téhéran. Ça n'arrive pas souvent. En effet – et comme nul ne peut l'ignorer, ce pays passe pour être diabolisé par les médias occidentaux. Le régime des mollahs est ainsi fréquemment qualifié de moyenâgeux. Les plus méchants disent qu'il en est à l'âge de pierre. Les plus modérés écrivent qu'il en est à l'âge de fer.

Tout cela est assurément injuste. C'est pourquoi les médias officiels de Téhéran, soucieux de corriger cette détestable image, viennent – photos à l'appui – d'annoncer une nouvelle découverte technologique due au génie de la République islamique. En un grand bond en avant, l'Iran est passé de l'âge de fer à l'âge électrique. Au vestiaire, les couteaux, sabres et haches qui servaient à amputer en application de la charia!

Nous avions nous autres, pauvres Français, inventé le fil à couper le beurre. Les techniciens iraniens ont inventé la machine (toute électrique) à couper les mains et les bras. Une petite scie circulaire qui fait le travail rapidement et avec une efficacité garantie : pas besoin de s'y reprendre à deux fois. Sur les photos diffusées par les médias officiels de Téhéran on voit un homme, les yeux bandés, mettre son doigt dans la machine. Il s'agit, nous dit-on, d'un individu condamné pour vol, recel et adultère. Outre l'amputation de son doigt, il recevra 99 coups de fouet et passera trois ans en prison.

Sur la photo, le condamné n'a pas l'air de trop se plaindre. Il est vrai qu'on ne lui enlève qu'un doigt : en Iran, et souvent, on coupe beaucoup plus. Fini, disions-nous, l'âge de fer. C'est un peu moins vrai pour l'âge de pierre. On en garde encore quelques-unes, la lapidation étant toujours en vigueur dans le code pénal iranien… A l'heure qu'il est, nous ne savons pas encore si l'Iran, très jaloux de son savoir-faire, envisage des transferts technologiques de sa machine à couper vers l'étranger.

D'autres nouvelles réjouissantes – vraiment réjouissantes celles-ci – nous arrivent également de Téhéran. Un sociologue proche des mollahs au pouvoir vient de lancer un cri d'alarme concernant la télévision officielle (la seule autorisée) de la République islamique. Il se lamente, pointant du doigt sa "décadence". Les Iraniens, ne la regardent, déclare-t-il, "que deux minutes par jour" ! La télévision officielle ne diffuse pour l'essentiel que des émissions religieuses : ceci explique peut-être cela.

Ce que les Iraniens regardent en revanche, et en masse, ce sont les télés satellitaires en iranien diffusées à partir de Londres et de New-York. C'est pourquoi des forêts d'antennes paraboliques recouvrent les maisons des grandes villes iraniennes. De temps en temps, des pasdarans viennent les arracher. Mais il y en a trop, alors ils baissent les bras.

Les images de ces télévisions montrent des jeunes filles, le plus souvent très jolies, et toujours court vêtues. Il y a des chansons, de la danse, des films, des émissions de variété. La vie, quoi. La vie telle que la jeunesse iranienne a envie de la vivre. Et cette vie-là triomphera sans aucun doute un jour des promoteurs des machines à amputer.

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