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Interminable match de catch sur BFM ...mais Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin seront-ils vraiment les adversaires d'Emmanuel Macron en 2022 ?
©FRANCOIS GUILLOT / POOL / AFP

Le ring

Pendant trois heures, le locataire de l'Elysée a justifié l'intervention en Syrie, annoncé que l'Etat va reprendre la dette de la SNCF, et renouvelé son credo, réformer le pays, mais aussi "réconcilier et unir". Trois heures qui s'apparentaient plus à une longue joute qu'à une interview...

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Invité de BFMTV et de Mediapart, Emmanuel Macron a, pendant trois heures, justifié l'intervention en Syrie pour détruire des usines d'armes chimiques, annoncé que l'Etat va reprendre la dette de la SNCF et renouvelé son credo, réformer le pays, mais aussi "réconcilier et unir" le pays. Trois heures  qui s'apparentaient plus à une longue joute qu'à une interview ...

Emmanuel Macron dans la fosse aux lions, qui résiste aux fauves. La comparaison est hasardeuse mais il y avait un peu de cela. Ayant choisi de se faire interviewer par deux confrères censés incarner la quintessence du" journalisme sans concession", les deux media organisateurs (BFM et Mediapart), ayant mis les petits plats dans les grands pour aménager un  décor dans un lieu prestigieux, la communication élyséenne ayant scénarisé l'arrivée du chef de l'Etat main dans la main avec son épouse, les téléspectateurs qui ont sacrifié le film du dimanche soir, ou  le match PSG-Monaco pour suivre l'interview présidentielle, pouvaient s'attendre à une interview modèle du genre. Le résultat n'a pas été à la hauteur de leurs espérances. Il y a bien eu du spectacle mais il s'apparentait davantage à un match qu'à une interview fut-elle serrée. C'était le bourreau de Béthune, et l'Ange Blanc contre Kid Marcel... Au mieux on parlera de débat, parfois de procès d'intention...L'accusé Emmanuel Macron, jamais nommé "Président de la République" a été prié répondre des cadeaux fiscaux, la crise dans les hôpitaux, de l'évacuation de la ZAD de Notre Dame des Landes et de l'intervention en Syrie. Emmanuel Macron (-à l'inverse de ses contradicteurs), n'avait pas la moindre note devant lui  et n'a pas  été pris en défaut.

- A propos de  la Syrie, où on lui reprochait d'être intervenu hors mandat de l'ONU, il a répliqué" "nous avons la pleine légitimité internationale pour intervenir" soulignant que la résolution de l'ONU contre l'utilisation des armes chimiques n'avait pas été respectée par le régime de Bachar El Assad. Quant à l'intervention avant un débat du Parlement, Emmanuel Macron a rappelé à son contradicteur que la Constitution ne dit pas qu'il faut une autorisation du Parlement pour mener une opération. "On ne va pas changer la Constitution parce qu'elle ne vous plaît pas. Si elle ne vous plaît pas, vous pouvez proposer de la changer, et vous présenter devant le peuple pour la changer", avant d'ajouter que ceux qui le proposaient dans leur programme électoral n'ont pas été élus...Avis à Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin.

-Emmanuel Macron ne croit pas  à la" coagulation des mécontentements", qualification macronienne de la convergence des luttes espérée par Jean-Luc Mélenchon. Mais il ne sous-estime pas " les colères" des Français.  La SNCF? L’Etat va reprendre la dette à partir de 2020. C'était  inéluctable, mais encore fallait-il l'expliciter. C'est fait.

- Les impôts, la suppression de l'ISF? Il l'assume pour "garder les talents", mais assure :" Nous serons intraitables sur la fraude fiscale", dit le Chef de l'Etat accusé de faire des cadeaux à ses  "amis" milliardaires... Indignation, empoignade verbale, et cacophonie, mais, admoneste le Président  "il ne faut pas confondre fraude et optimisation fiscale"...la première tombe sous le coup de la loi. La seconde est légale même si elle n'est pas morale ...Emmanuel Macron a une nouvelle justifié la hausse de la CSG, promis que la baisse de la taxe d'habitation compenserait cette hausse pour les retraités, assuré que lui est son gouvernement oeuvrent à l'amélioration du pouvoir d'achat des achat des travailleurs, et promis qu'il n'y aura pas de nouvel impôt local ou national pendant son mandat. En revanche l'instauration d'une deuxième "journée de solidarité" n'est pas exclue pour financer le futur cinquième risque, la dépendance qui nécessite une réorganisation totale des EHPAD.

-la ZAD de Notre-Dame-des-Landes sera évacuée et il récuse la démarche des occupants récalcitrants au nom de  projets alternatifs: "Je vais m'installer dans votre salon et dire que c'est un projet agricole alternatif ! Pour nos concitoyens les plus modestes, celui qui paie ses impôts, je peux lui expliquer que des gens ont eu une idée formidable, ne pas payer les terres, ne pas respecter les règles. Je peux les regarder en face ? Vous n'êtes pas sérieux".

-Intraitable, Emmanuel Macron assure qu'il le sera également avec  l'islamisme radical, mais reconnait que "nous avons aujourd'hui des femmes et hommes qui, au nom de la religion, proposent de sortir de la République... nous avons échoué dans le travail de la République dans ces quartiers difficiles .Il faut les remettre dans la République"... c'est " l’un des plus grands défis de notre nation". Quant au port du voile, il veut être sûr que "c'est le choix" de celles qui le portent mais admet qu'on ne peut pas interdire le voile dans la rue.

On retiendra encore qu'Emmanuel Macron  se défend de duplicité à l'égard de François Hollande :" je suis parti quand j'étais en désaccord et j'ai été rappelé"...et qu'il espère refonder l' Europe avec ceux qui le voudront (-sous entendu, pas avec les pays "illibéraux, ex-communistes qui  versent dans le populisme); en matière d'immigration, " la France ne peut pas prendre toute la misère du monde"...En décryptant l'interview du Président de la République, on note qu'il s'inscrit dans un temps long qui n'est pas celui du quinquennat, mais de deux mandats. 2022, avec Bourdin et Plenel ? Ils ne seront peut-être pas encore à la retraite (- la longévité est grande dans la profession de journaliste).En attendant il leur a dit "chiche" pour l'année prochaine ...Bon courage ....pour les téléspectateurs ...Encore un mot : qu'aurait-on dit si cette interview avait été menée de cette manière par des femmes ?

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