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Ilan Halimi, assassiné en 2006… Assassiné une deuxième fois en 2017
©France Bleu

Un Juif, ça doit saigner

On tue d'abord un homme. Et après on tue sa mémoire.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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La stèle où figure son nom a été recouverte d'inscriptions antisémites et de tags vulgaires et orduriers. Normal : elle était placée non loin de la cité de Bayeux ou Ilan Halimi fut torturé à mort. Une intolérable provocation pour la belle jeunesse du coin…

Marie-Hélène Amiable, la maire (communiste) de la ville, a aussitôt dénoncé cet acte. Avec une déclaration qu'on se doit de citer ici en entier : "les auteurs s'en prennent à la mémoire de ce jeune homme. Ils s'attaquent à ce qui fonde notre République : le vivre-ensemble, la fraternité, la tolérance."

Voilà qui est poli, lisse et inodore. Marie-Hélène Amiable est une femme bien élevée et réservée. Elle a certainement appris à se tenir en lisant un vieux manuel de maintien pour jeunes filles qu'elle avait hérité de sa grand-mère. Elle a dû trouver inconvenant de dire que cette profanation était abjecte, répugnante et lâche. Et c'est pour ne pas heurter les âmes sensibles qu'elle n'a pas prononcé les mots "haine des Juifs" ou "antisémitisme".

On peut s'interroger sur la notion de "vivre-ensemble". Quand se déroula le procès du Gang des Barbares, ils furent une vingtaine dans le box des accusés. Certains s'étaient acharnés sur Ilan Halimi. D'autres, plus pacifiques, s'étaient contentés de lui éteindre une cigarette sur le corps. Quelques-uns lui avaient fait gentiment savoir qu'il était un "sale juif". Et, d'après le livre d'Émilie Frèche, consacré à l'affaire, il y eu en plus une vingtaine de visiteurs venus là pour se rincer l'œil.

Youssouf Fofana, le chef du gang, tenait cave ouverte. Une quarantaine de personnes en tout y défilèrent. Toute la cité, celle de la Pierre-Plate, savait donc, plus ou moins, qu'il se passait quelque chose dans une cave. Personne - je dis bien personne - ne décrocha son téléphone pour prévenir la police.

Et c'est avec ça qu'on devrait "vivre ensemble" ? Et les "jeunes" de la Pierre-Plate, comment et avec qui veulent-ils "vivre ensemble" ? Mais, les pauvres, ce n'est certainement pas de leur faute. Car ils ne savent pas grand-chose des juifs sinon qu'ils sont riches et qu'ils tuent tous les matins quelques enfants palestiniens. Il faut leur apprendre à les connaître. C'est pourquoi il nous parait urgent que Marie Hélène Amiable ait un quota de Lévy, Cohen et Bensoussan pour les installer à la Pierre-Plate. J'essaie de rire. Mais c'est de pleurer que j'ai envie.

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