Hollande chamboule son cabinet dans l'ombre de Jean-Pierre Jouyet<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Pierre Jouyet.
Jean-Pierre Jouyet.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Deux mois après avoir remanié son gouvernement, le président de la République change son cabinet. Six de ses conseillers partent, dont deux poids lourds : Emmanuel Macron, le conseiller économique et David Kessel, le conseiller à la culture et à la communication.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Si on en croit les communiqués officiels de l’Élysée, ces départs étaient prévus depuis longtemps. "Ces départs sont donc gérés, voulus par toutes les parties et assumés". Bref, on se quitterait en bonne intelligence… C’est toujours ce qu’on dit. Sauf qu’on n’abandonne pas un poste de pouvoir et d’influence de gaieté de cœur.

Dans la conjoncture actuelle, le départ le plus signifiant est sans doute celui d’Emmanuel Macron secrétaire général adjoint de l’Elysée (pas depuis très longtemps d’ailleurs), mais il était surtout l’économiste de l’Élysée, celui qui portait la parole des marchés, et qui avait l’oreille des entreprises. D’une certaine façon, il était le bras droit de François Hollande quand Aquino Morelle évincé pour cause de comportement excessif en était le bras gauche.

Emmanuel Macron quittera l’Élysée le 15 juillet. Il ne sera pas remplacé poste pour poste mais ses attributions seront réparties entre le conseiller actuel pour l’Europe, et Laurence Boone, l’actuel chef économiste de Bank of America. Personne ne voudra croire que ce changement s’inscrit très logiquement dans les plans de carrières des uns et des autres.

Emmanuel Macron n’était pas un conseiller comme les autres. C’est un ancien haut fonctionnaire, passé par l’ENA et la banque Rothschild… Son parrain en affaires est Jean-Pierre Jouyet qui le recommandera à  François Hollande. Jean-Pierre Jouyet, c’est l’ami du président depuis toujours. C’est un homme de compromis. Il a été ministre de Nicolas Sarkozy, Françoise Hollande en aurait bien fait un ministre de la gauche mais c’eut été un peu trop provoquant. Il fut donc nommé à la Caisse des dépôts et consignations qui gère le trésor de l’État jusqu’à devenir secrétaire général de l’Élysée au début de cette année. On dit que le vrai patron de l’Élysée et du gouvernement, c’est lui. C’est lui qui aurait composé le gouvernement et formé les cabinets ministériels. Il tient la maison et Emanuel Macron était son adjoint, le numéro 2.

C’est ce binôme-là qui a convaincu le président de prendre le virage social-libéral et de l’annoncer en décembre. Il fallait absolument donner des garanties aux marchés financiers et à nos partenaires européens, sinon, on allait dans le mur à la vitesse grand V.

C’est encore ce binôme qui va sponsoriser le remaniement gouvernemental et profiter de la débâcle aux municipales pour pousser Manuel Valls et constituer une équipe de gouvernance assez cohérente sur une ligne assez pragmatique, débarrassée des outrances ou des utopies de l’extrême-gauche ou des écologistes.

Emmanuel Macron a pendant toute cette période, négocié avec Bruxelles le minimum de concessions obligatoires et politiquement possibles.

Le problème est que l’on sait aujourd’hui que le gouvernement aura du mal à trouver une majorité pour voter le pacte de compétitivité et de solidarité.

Alors Emmanuel Macron va-t-il juger qu'il avait fait le job et que c’était aux politiques de mettre en musique le pacte de compétitivité ? A-t-il pensé qu'avec Valls au gouvernement, il faisait doublon sur l’aile droite de l’action gouvernementale ?

Ou alors, a-t-il compris que de toute façon ça ne marcherait pas ? Que le gouvernement ne réussira pas à faire voter sa loi de finances ?

Deux évènements  jouent en faveur de cette hypothèse.

Le premier nous vient du Medef et des milieux patronaux  qui sont de plus en plus nombreux  à souhaiter que les organisations patronales  quittent le pacte de responsabilité

Le deuxième évènement est porté par Arnaud Montebourg qui se sent de plus en plus mal à l’aise à Bercy et qui s’offre le luxe de réunir le week-end dernier tous les députés socialistes qui ne veulent pas voter la loi de finances rectificative. De là à penser qu’Arnaud Montebourg  se sentirait mieux à l’extérieur qu’à l’intérieur, il n’y a qu’un pas que la rumeur des salons fait circuler.

A l’Élysée, on n’ignore rien de tout cela et les conseillers qui ne sont pas des politiques ne veulent surtout pas s’en mêler et être victimes collatérales d’un échec politique.

L’avenir très proche nous dira si le départ d’Emmanuel  Macron est le résultat d’une convenance personnelle ou d’une lucidité particulièrement aiguisée sur la solidité de l’équilibre politique.

Du coté de l’Élysée on n’apprendra rien sur la façon de gouverner. D’autant que le choix de celle qui va succéder à Emmanuel Macron ne donne aucune information. L’arrivée de Laurence Boone, une autre protégée de Jean-Pierre Jouyet, n’est pas banale non plus. Cette économiste a critiqué très sévèrement la politique économique de François Hollande en disant que justement il n’y avait aucun choix, aucune ligne. Laurence Boone est encore plus à droite que Macron.

On retient qu'une fois de plus, c’est Jean-Pierre Jouyet qui a reconstitué son équipe. C’est lui le boss de l’ombre.  

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