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Hollande à la conquête des patrons étrangers : la charrue avant les bœufs
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Un homme pressé

Le président de la République François Hollande a reçu ce lundi matin une trentaine de chefs d'entreprises étrangers pour son conseil stratégique de l’attractivité.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Il faut reconnaître au président de la République le fait d’avoir pris un risque certain en recevant les grands patrons des groupes internationaux d’abord à dîner, puis ensuite aujourd’hui pour leurs expliquer combien la France était attractive. Un risque majeur, parce que les élus de sa majorité, comme beaucoup de Français hélas, ont à peu près la même image des grands groupes internationaux que celle qu’ils ont de la Mafia. Mettre ainsi à l’honneur les grands capitaines de l’industrie mondiale conspués par l’extrême gauche et diabolisée par les élus du Parti Socialiste est même une provocation : courage ou inconscience ? Ce geste va bien plus loin  qu’il n’y paraît mais n’est-ce pas finalement très maladroit ? Qui apprécie ?

Cette provocation aurait pu au moins rassurer nos bataillons économiques, nos patrons inhibés et nos entrepreneurs terrifiés. Nenni ! C’est la stupéfaction qui les gagne… avec un peu de jalousie. Pourquoi honorer des patrons venus d’ailleurs alors qu’on conspue nos propres chefs d’entreprises du CAC 40  à longueur de temps en crachant sur le capitalisme boursier, la mondialisation et tutti quanti (jusqu’à l’insulte en une d’un quotidien de notre roi du luxe) ?

Que faut -il comprendre du double message contradictoire consistant à faire la roue devant ceux qu’on accuse nommément de ne pas payer d’impôts sur notre territoire pour leurs filiales françaises ?

Pourquoi réserver à des étrangers la primeur de mesures d’attractivité dont nous n’avons même pas eu l’honneur d’être informés ? S’agit-il de mesures de favoritisme exclusives pour eux ? De quoi avons-nous l’air nous, pauvres petits patrons Français, poursuivis par le FISC, l’Inspection du Travail, le CHSCT, l’URSSAF, les effets de seuil, les observatoires multiples de notre probité, l’instabilité jusqu’au vertige …

Enfin et surtout, comment être crédible pour vanter le mérite de la France terre d’accueil des entreprises du monde entier lorsqu’on n’a même pas commencé à fournir un seul élément concret sur le fameux « pacte de responsabilité » hexagonal ? (Entre pacte de confiance, pacte de croissance, pacte de compétitivité, on s’y perd : leur point commun est qu’ils n’ont pas de contenu concret).

Alors évidemment, il faut voir la bouteille de champagne élyséenne à moitié pleine et on peut quand même se réjouir de ce qui n’est plus un changement de cap, mais un changement de fusil d‘épaule ! Cela ne peut pas faire de mal de recevoir les ténors de l’économie mondiale à l’Elysée, ne serait-ce que parce que cela doit les amuser et éveiller leur curiosité. Le tout est de savoir si le président de la République est crédible de promettre à autrui ce qu’il n’est pas capable d’offrir à ses compatriotes citoyens entrepreneurs.

Alors, s’il ne faut espérer qu’une seule chose de cette rencontre, c’est que les PDG du monde entier, main dans la main, aient entrepris de prodiguer un cours de  formation accéléré aux ministres réunis, et qu’ils répètent ensuite tout cela dans les médias. Ils commencent d’ailleurs à s'y répandre, en s’inquiétant surtout de la bonne gestion des deniers publiques.

La pédagogie n’est jamais aussi claire que lorsqu’elle vient de l’extérieur. Mais politiquement, franchement, il faut suivre … et quand je pense que c’est le pauvre Gattaz que l’on accuse de ne pas avoir de ligne directrice !

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