Sur le ring
Hillary Clinton - Donald Trump, le match des programmes économiques
Le match des programmes économiques a eu lieu dans cette campagne américaine. Mais si les deux candidats comptent sur l'économie pour remporter la Maison Blanche, c'est bien une guerre politique de récupération des électeurs de son adversaire qui est menée aujourd'hui.
Atlantico : Les deux candidats à la présidence des Etats-Unis d'Amérique ont présentés tout deux leurs programmes économiques. Qu'est-ce que ces présentations disent d'eux, et comment ont-ils été entendus et compris ?
L’autre différence entre les deux candidats porte sur la proposition de Hillary Clinton de mettre en place des crédits d’impôts pour élever les enfants et de subventionner les soins des enfants en plafonnant ceux-ci à 10% des revenus de la famille, garantissant que ces avantages iraient avant tout aux familles à bas revenus. Donald Trump propose que les soins des enfants soient déductibles des impôts, ce qui signifie que cela favoriserait en priorité les familles aux hauts revenus, ne proposant strictement rien pour les familles à bas revenus.
Mais, il semble qu’une autre différence majeure est apparue ces derniers jours à propos de l’importance économique de la réforme de l’immigration : au lieu de stigmatiser les migrants sans papiers, Hillary Clinton reconnaît officiellement leur part dans l’économie Américaine parce qu’ils paient des impôts et elle se prononce fermement pour mettre fin à l’exploitation de cette catégorie de migrants qui ont les salaires les plus bas et aucune perspective d’ascension sociale. De même, à propos du commerce international, elle dénonce tout amalgame sur le coût du travail des employés Américains, affirmant même que « se retirer du monde ne servirait qu’à détruire des millions d’emplois aux États-Unis ».
Pourtant, certaines incohérences ont pu être notées ici et là à propos du programme de Hillary Clinton comme par exemple sur la réforme des impôts des sociétés quand elle propose des pénalités pour empêcher les grandes entreprises de délocaliser à l’étranger, mais il faut attendre la campagne nationale pour plus de précisions.
Au total, le programme de Hillary Clinton a le mérite d’être clair et cohérent, chiffré, conforme à un certain réalisme politique alors que celui de Donald Trump reste très vague et peu détaillé.
La situation actuelle de Trump fait que Hillary Clinton tente de récupérer les votes des républicains déçus par leur candidat. Comment s'y prend elle ? Est-ce efficace ?
Michel Goussot : Depuis la fin de la Convention Républicaine et même à la veille de celle-ci, des leaders Républicains ou des personnalités liées au GOP ont très officiellement affirmé qu’ils voteront le 8 novembre prochain pour le camp Démocrate, du jamais vu aux États-Unis. C’est le cas de Brent Scowcroft, ancien conseiller de George H. Bush, Richard Armitage, ancien Secrétaire d’État de George W. Bush, ou encore de Hank Paulson, ancien Secrétaire d’État au Trésor de George W. Bush ; des élus Républicains du Congrès se sont joints à ces leaders dans le même sens. Du jamais vu également lorsque Michael Bloomberg ancien Républicain a pris la parole lors de la Convention Démocrate. La méthode de l’équipe de campagne de la candidate Démocrate est à présent de surfer sur les discours ambigus, voire haineux, du candidat Républicain et de miser sur une opinion publique Américaine très choquée par nombre de déclarations récentes de Donald Trump. Certes, par définition, l’opinion publique Américaine relayée par la presse très puissante est versatile, mais force est de constater qu’à chaque nouveau discours de Donald Trump, Hillary Clinton engrange des bénéfices comme si le candidat Républicain « se tirait une balle dans le pied » à chaque fois qu’il s’exprime. Aux États-Unis, les électeurs apprécient que le candidat de leur choix dispose d’une plate-forme politique conforme à la philosophie du parti, ce qui est le cas pour Hillary Clinton, et certainement pas pour Donald Trump. Autre point important : le soutien de Bernie Sanders qui n’avait pourtant pas ménagé ses critiques envers Hillary Clinton durant les primaires et même au début de la Convention Démocrate, un soutien qui renforce à l’évidence la position de Hillary Clinton, notamment à propos de ses discours en faveur de plus d’égalités ou encore la gratuité de la scolarité au College. Disons que Hillary Clinton sait –avec une certain opportunisme – jouer de cette corde sensible chère aux électeurs des Démocrates. Enfin, Hillary Clinton a très intelligemment su –dans son discours d’investiture à la Convention de Philadelphie – se présenter comme la candidate des « Démocrates, des Républicains et des Indépendants » ; on ne peut être plus clair et efficace.
Les bourdes à répétition de Donald Trump ont-elles déclenché une réaction interne dans le GOP pour éviter la chute dans les sondages ? Quelle est leur stratégie aujourd'hui ? Comment comptent-t-ils contenir leur intenable candidat ?
Michel Goussot : Le parti Républicain qui en 2012, comme en 2008 et auparavant avait toujours su accompagner son candidat nominé lors de la Convention d’une plate-forme digne de ce nom, se présente aujourd’hui comme un parti « qui ne sait plus où aller » tant les discours de son candidat nominé sont surprenants, anti-système et peu conformes à la philosophie Républicaine ; dans le même temps, le parti Démocrate, accompagne sa candidate nominée d’une véritable plate-forme qu’elle sait porter devant l’opinion publique Américaine ; cela explique clairement que Donald Trump n’a peut-être plus –et c’est paradoxal – le soutien du parti qui l’a choisi, du jamais vu aux États-Unis ! De plus, le soutien inconditionnel du président sortant Barack Obama est un gage de poids pour Hillary Clinton. En fait, le parti Républicain est aujourd’hui victime des innombrables polémiques sans fin que son candidat a suscitées depuis des mois et encore plus récemment. Reste une question-clé : comment le GOP peut-il « gérer » Donald Trump d’ici la campagne nationale ? S’achemine-t-on vers une nouvelle étape à l’automne avec un candidat Républicain assagi et devenu plus conforme aux attentes du parti ? À l’heure actuelle, c’est bien Hillary Clinton et le parti Démocrate qui semblent mener la course en tête.
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