Hausses des IVG et des pilules du lendemain : l'inquiétant bilan de la psychose sur les pilules de 3e et 4e génération <!-- --> | Atlantico.fr
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La pilule contraceptive Diane 35.
La pilule contraceptive Diane 35.
©Reuters

Paranoïa

L’Agence européenne du médicament (EMA) a estimé lundi que les bénéfices retirés des pilules de troisième et quatrième génération restent supérieurs aux risques. Mais la polémique française liée à la dangerosité de ce médicament a déjà eu des conséquences dramatiques sur la contraception des femmes.

Israël Nisand

Israël Nisand

Israël Nisand est un gynécologue obstétricien aux hôpitaux universitaires de Strasbourg et professeur en sciences humaines à la faculté de médecine de Strasbourg.

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Atlantico : Dans une tribune publiée dans L'Express en janvier 2013 vous dénonciez l'attitude des pouvoirs publics concernant les pilules de 3e génération. Près d'un an après, quelles ont été les conséquences concrètes de la psychose autour de la pilule de la troisième génération ?

Israël Nisand : On constate :
• une montée en puissance de la peur des hormones dans la population;

• une altération de la qualité de vie des femmes dans notre pays, car la polémique est purement franco-française;

• une impression de complot et de mauvaise information des pouvoirs publics qui jouent avec l'information médicale et sont contredits par les instances européennes, car ils n'ont pas été conseillés par des personnes compétentes;

• une contraception en berne.


Certaines femmes ont-elles tout simplement arrêté de prendre la pilule ?  A-t-on constaté une augmentation des IVG depuis cette polémique ? 

Oui, sont nombreuses celles qui ont compris le message : "La pilule tue". Les arrêts intempestifs ont entraîné des grossesses non prévues supplémentaires, ce qui a fait augmenter le nombre d'IVG dans tous les services de France.


Comment en est-on arrivé là ? Quelle a été la responsabilité des pouvoirs publics dans cette affaire ?

Il s'agit là d"un vaste débat. Au début, en septembre 2012, la volonté était de rembourser les pilules les plus chères pour obtenir une recette équivalente à la dépense occasionnée par la décision de gratuité des IVG, soit 13 Millions d'euros.

Sous le prétexte d'un service médical rendu insuffisant, on annonce le déremboursement, pour dans un an. Ceci entraîne une plainte pour une complication liée à une pilule de 3ème génération à l'égard de l'ANSM, déjà bien mal à l'aise avec le scandale, véritable celui-là, du Médiator. Et pour se montrer plus blanc que blanc, on décide alors de dérembourser, comme s'il s'agissait là d'une réponse à la dangerosité alléguée d'un médicament.


Quelles peuvent  être les conséquences à plus long terme ?  

Les femmes, et la population en général, ont compris que la prescription de contraception est un acte médical qui ne peut être confié à des paramédicaux ou à des distributeurs automatiques : un médicament efficace comporte des risques. J'ajouterai que si on peut dire d'un médicament qu'il ne comporte aucun risque, c'est alors qu'il n'est pas efficace.
Chaque fois qu'un médicament est largement utilisé, les risque rares apparaissent (vaccin, DIU, pilules de deuxième génération) et les prochaines interpellations scandalisées se feront sur les complications du stérilet et des pilules 2G.
L'ANSM ne fait pas son travail de mesure et de vigilance et publie des statistiques de complications qui ne sont que des règles de trois utilisant des chiffres publiés à l'étranger (Diane 35 a injustement été retiré du marché, puis réintroduit par l'agence européenne par contrainte). Or sur des risques aussi faibles que 1/10.000e, seules des études correctement faites pourraient informer les médecins des risques réels. Elles ne sont pas faites et chacun peut donc y aller de sa statistique personnelle, bien sûr fausse, toujours exagérée. C'est donc le règne de la confusion, là où dans d'autres pays, on ne fait pas de politique sur le dos des gens en jetant l'anathème sur des produits qui permettent aux femmes de vivre leur vie comme elles le souhaitent.
Mauvaise météo pour les femmes de France ! Merci aux autorités sanitaires françaises qui se disent préoccupées de la santé des femmes et qui n'ont pas pensé à rembourser les seules pilules totalement dénuées de risque thromboemboliques, car ne contenant pas d’œstrogènes...

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