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Crise grecque : les brigades internationales 2.0
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Zone franche

Vous souhaitez combattre des méchants génériques et consensuels mais ne pas trop prendre de risques non plus ? Il y a des vols EasyJet pas chers pour Athènes.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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C’est un petit papier marrant de Rue89 qui attire mon attention ce matin. Enfin, moi je le trouve marrant, mais c’est parce que j’ai mauvais esprit. Si ça se trouve, il y a des gens pour lui découvrir d’autres qualités, comme celle d’un émouvant témoignage sur les nouvelles pratiques de la solidarité internationale à l’heure de la mondialisation néolibérale.

Il y a toujours des gens pour penser le contraire exact de ce que je pense, de toute manière.

Donc, c’est sur le site de mes anciens amis que j’apprends que les rues d’Athènes, lorsqu’elles flambent, y sont parfois aidées par des allumeurs de cocktails Molotov exogènes (pas d’affolement : ce n’est pas du Claude Guéant, c’est juste un mot grec). Véritables globe-trotters de l’indignation, ils débarquent de France, d’Espagne, d’Allemagne, des États-Unis et sont venus prêter main forte aux locaux, lesquels hésitent parfois à aller fiche le feu à leur Parlement pendant les heures de bureau :

« Pour les Grecs qui ont encore un emploi, faire grève est difficile, bien que ce soit autorisé par la loi : dans le privé, on te vire le lendemain, et le dégraissage dans le public n'encourage pas à faire valoir tes droits ».

« Professionnels des émeutes », ils ont de trente à quarante ans, bossent ou trafiquent à l’occasion pour s’acheter des billets d’avion et squattent des appartements vides dans les quartiers à manifs des capitales qu’ils investissent. C’est de l’ « anarcho-tourisme », explique le site d’info. Hum, je me demande si les brigadistes qui allaient se faire trouer la peau en faisant le coup de feu contre les troupes franquistes seront un jour qualifiés de touristes et le POUM d’agent de voyage…

Mais à l’heure de l’indignation tous azimuts, une cause en vaut bien une autre et pourrir un G7, un sommet européen ou un plan d’austérité, c’est toujours un peu lutter contre ce mal protéiforme qu’est le capitalisme triomphant :

« Ce n'est ni une crise grecque, ni une crise européenne : ce qui se déroule actuellement ici est la résultante d'un système mondial qui dégénère. Mes convictions m'obligent à venir ici ».

C’est sûr, ils ne vont pas jusqu’à avoir une vague idée de ce qu’il faudrait faire concrètement pour sauver un pays en banqueroute terminale, mais c’est plus par excès de démocratie participative que par ignorance crasse des choses de l’économie et de la politique :

« Que rêver pour la Grèce ? Ça appartient aux Grecs. J'aide au combat, maintenant ».

Bon, comme on dit, pendant qu’ils balancent des pavés sur des flics dont le salaire vient d’être réduit de 20% et qui se demandent comment ils vont se débrouiller pour payer leur toubib au black, ils ne sont pas devant la télé. D’un autre côté, s’il y étaient, devant la télé, ils auraient peut-être entendu parler de Homs, où des civils tombent comme des mouches depuis des mois dans l’indifférence absolue des rebelles à carte Frequent Flyer.

Oh, loin de moi l’idée de leur suggérer d'improviser une « flottille de la paix » depuis Le Pirée, évidemment pas : un soldat syrien, même encore plus mal payé qu’un CRS grec, c’est tout de même un chouïa moins regardant sur les méthodes. Mais disons qu’une manif ou un bête appel à pétition à l’occasion, ça ne serait pas du luxe. Cherchons bien, il n'est pas un peu mondialo-ultralibéral, le Bachar ?

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