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Génération M’Bappé ? Macron, le contorsionniste compulsif et le multiculturalisme
©CHRISTOPHE PETIT TESSON / POOL / AFP

Elastique

La très longue visite des Bleus à l'Elysée lundi 16 juillet fait écho à la Fête de la Musique. Cette dernière éclairait nettement sur la conception présidentielle du culturalisme.

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

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Parlons marketing. La photo somme toute un peu baroque du président Macron environné d’artistes appartenant d’évidence aux minorités invisibles, à l’occasion de la fête de la musique à l’Elysées, est de nature à donner satisfaction à un segment d’électeurs : ceux qui apprécient ce moment fixé dans l’éternité. Pour les autres, soyons certains que pour Macron et les quelques technocrates qui administrent ce pays d’une manière – croient-ils – éclairée, il y aura d’autres photos et d’autres moments « faits pour eux » et mettant en scène le leader suprême.

Ainsi est fait Macron : c’est un Hamon qui a réussi. Alors qu’Hamon s’époumone à créer un groupuscule à coup d’écriture inclusive et d’invocations glorifiantes à la diversité (mais alors, pourquoi la diversité devrait-elle élire un Blanc comme lui ?), Macron, lui, incarne le multiculturalisme à la française – un multiculturalisme insidieux et qui ne dit encore pas son nom, mais qui s’installe. Macron s’est fait élire en faisant le grand écart : on lui disait « populisme » ? Il répondait « Europe » ! et en même temps (sic), il nous promettait une présidence jupitérienne, loin des affres de guichetier mal fagoté de son prédécesseur. On lui disait « protectionnisme » ? Il répondait « restaurer la compétitivité française ».

D’où les déceptions qui fleurissent : un certain nombre d’électeurs de gauche ont voté contre « le fascisme » et donc pour Macron. Dit autrement, contre l’identité et advienne que pourra pour le social. Ils se retrouvent désormais avec un Président dont ils ont le sentiment qu’il « casse le social » et qui à leurs yeux est trop « à droite » sur l’identité. Ceux d’en face, les sensibles de l’identité, ne se retrouvent pas pour autant avec un Président qui serait le champion de la France éternelle : ils sont comme prévu avec un thuriféraire de l’Europe fédéralisante. Si le « fascisme » et le protectionnisme ne sont pas passés, le malentendu est général. La déception aussi.

Le débat à venir sur l’Islam de France va cristalliser encore une fois les velléités de synthèse de Macron : un coup vers la France, la République, le christianisme fondateur de ce pays (et pour les lettrés : Ricoeur, Uriage résistancialiste avec ses références aux « premiers de cordé ») ; un coup vers les minorités, la diversité, la post-modernité, les accommodements raisonnables. Ses ministres sont d’ailleurs représentatifs de cette gymnastique électoraliste. Ligne droitière : l’intérieur et l’éducation, Collomb et Blanquer – les Clémenceau et Barrès du régime. Ligne « progressiste » : Nyssen (Culture) et Schiappa, chasseresses du « mâle Blanc ». Voilà ce qu’est le macronisme – une synthèse science-po des courants sociétaux français. En revanche sur l’Islam, pour l’instant, c’est l’invisibilité prudente. L’exemple parfait de l’équilibrisme du macronisme est celui du voile islamique. Premier mouvement : un rappel sur l’identité. Macron reconnaît que ce symbole religieux fait malaise car « il n’est pas conforme à la civilité de notre pays ». Deuxième mouvement, en direction de la gauche et le multiculturalisme relativiste : Castaner avance dans les médias qu'il y a « quelques années, quand en France, y compris nos mamans portaient un voile, portaient le voile catholique, on ne se posait pas la question ». En bon ancien socialiste non affranchi de ses représentations archaïques, Castaner identifie la mantille catholique portée jadis au titre du droit canonique de 1917, avec le voile islamique. Et nous voilà en pleine confusion mentale et dans le relativisme absolu : tout se vaut, tout est représentation et faux-semblant. Castaner nous le démontre avec clarté : le macronisme est un archaïsme ripoliné en modernité. Et nous pouvons évidemment compter sur la vigilance de Marlène Schiappa pour détecter tout comportement déviant (pour elle) et promouvoir sans répit l’exégèse du politiquement correcte. Le sympathique et brut de décoffrage Jean-Claude van Damme vient d’en faire les frais. C’est vraiment prendre les Français pour des imbéciles que de croire qu’on peut tout à la fois célébrer le rôle essentiel du christianisme dans notre pays, le comparer abusivement à l’islam ; être un peu dur et mou sur l’immigration ; ringardiser l’Etat providence qui coûte « une blinde » et repousser la loi sur la pauvreté en septembre, apparemment pour ne pas subir la concurrence médiatique du football.

Ainsi, à force de contorsionnisme, Macron pourrait bien finir non pas comme un De gaulle de la post-modernité, mais comme un jeune vieux démodé avant l’âge, réformateur d’apparence. Les électeurs et la France pourraient bien n’avoir à la fin ni l’identité ni le social et encore moins la prospérité. Rien, sauf la dette et des technocrates bien en place, sûrs d’avoir raison et gérant le pays malgré lui.

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