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Gemalto, très convoitée
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Dans cette période d’accélération de croissance de l’économie, il est très tentant, pour des entreprises en bonne santé, de conquérir des parts de marché rapidement en achetant un concurrent.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Dans cette période d’accélération de croissance de l’économie, il est très tentant, pour des entreprises en bonne santé, de conquérir des parts de marché rapidement en achetant un concurrent. C’est exactement ce qui se passe en ce moment avec Atos qui a annoncé le 11 décembre vouloir acheter Gemalto puis en fin de semaine Thalès qui surenchérissait avec une offre à 51€ soit une valeur globale de 4.8Mads€, et donc 500M€ de plus que l’offre d’Atos…Dans la foulée cette dernière annonçait renoncer à son projet dans son état actuel. 

A travers cette opération, Atos visait 3 des activités de Gemalto. 1- La cyber sécurité un des axes stratégiques d’Atos 2- Le « Machine to Machine » qui permet le développement de l’offre internet 3- Les cartes bancaires qui pourraient en particulier accélérer le développement de Worldline (filiale dédiée d’Atos). Les autres activités actuelles de Gemalto auraient pu être cédées ultérieurement. 

Grâce à l’ensemble des synergies de coûts et surtout grâce aux synergies commerciales, Atos aurait pu très rapidement rentabiliser l’opération. Le fait que l’acquisition soit intégralement payée en cash fait que l’opération aurait permis une augmentation du résultat par action assez sensible dès 2018 et surtout 2019. 

La réaction initiale du marché à l’offre d’Atos avait été très positive pour la cible et pour la proie : l’idée générale étant que si Gemalto acceptait l’offre, le moment choisi par Atos pour lancer son offre était   opportun sur un plan boursier. En effet depuis quelques mois Gemalto souffrait en bourse et la proposition d’Atos et le timing d’achat était particulièrement intéressant…mais c’était sans compter sur le Conseil d’Administration de Gemalto qui ne voyait pas les choses de la même façon : mercredi il annonçait refuser l’offre d’Atos estimant pouvoir poursuivre son développement seul. La réponse d’Atos, sans surprise, était que l’offre initiale était maintenue en l’état. 

Le coup de théâtre a eu lieu ce dimanche : Thalès a annoncé l’acquisition de Gemalto pour former un géant mondial de la sécurité informatique, secteur en plein essor dans lequel Thalès a beaucoup investi ces dernières années. Le prix proposé par Thalès et le schéma d’intégration ont été accepté par le conseil d’administration de Gemalto. 

Cette acquisition permettrait à Thalès de se classer parmi les 3 principaux acteurs mondiaux de la sécurité informatique et serait financée en grande partie par de la dette...sans impact pour la politique de dividende. Pour respecter les sensibilités Thalès va laisser Gemalto opérer sous sa propre marque et sous la responsabilité du DG actuel de Gemalto qui prendrait la tête de cette nouvelle activité mais l’offre de Thalès n’est pas claire du tout sur le devenir de la partie « paiements » de Gemalto qui pèse 66% du Chiffre d’Affaires actuellement. Ce qui laisse la porte ouverte à de nouveaux développements au moins sur cette partie. 

Que faire à ce stade ? 

Atos avait probablement un projet plus abouti et plus global mais Thalès a su monter un projet acceptable pour le Conseil d’Administration de Gemalto et mettre le prix suffisant !

Concrètement, nous avons pris nos bénéfices sur Atos. Si l’entreprise s’engage dans une surenchère, cela ne sera pas très favorable au cours d’Atos. De la même façon, il est probable que cette opération soit in fine mal accueillie concernant Thales surtout que le titre est déjà sous pression depuis quelques semaines. 

Même si  le projet est stratégique pour Atos, une surenchère est désormais très peu  probable car dimanche soir, l’entreprise dirigée par M. Breton annonçait qu’elle renonçait à surenchérir.   L’accord Thales-Gemalto laisse une ouverture pour une surenchère de « 9% ». Atos connaît donc le prix minimum à envisager et connaît même le poste à offrir au DG actuel pour obtenir son soutien à une nouvelle offre. 

Nous conseillons de garder les titres Gemalto quelques semaines et attendre les prochains développements de cette OPA qui pourrait encore animer les marchés prochainement.  

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