Le décompte des start-up créées depuis 2000 en France et ayant une valorisation supérieure à 1 milliard d'euros démontre bien qu’il y a un déficit de création de richesse innovante.
France Digitale : les start-up françaises dynamiques malgré les freins de notre complexité administrative
A l'occasion de la conférence France Digitale organisée le 15 septembre, Start-up et investisseurs se réuniront dans le but d'échanger et partager pour créer, en France, un élan de croissance dans un secteur en devenir. Notre bureaucratie administrative et la complexité du droit du travail restent en effet des repoussoirs pour nombre d'entre eux.
Gilles Babinet est entrepreneur, co-président du Conseil national du numérique et conseiller à l’Institut Montaigne sur les questions numériques. Son dernier ouvrage est « Refonder les politiques publiques avec le numérique » .
Atlantico : Les starts-up françaises sont-elles à la hauteur aujourd'hui? Sont-elles compétitives et comment se positionnent-elles par rapport à la concurrence mondiale?
Gilles Babinet : La situation française est nettement en devenir. Lorsque l’on essaye de faire une comparaison -par essence très difficile- au niveau international, on observe que le domaine de l’économie circulaire est très présent dans les startups françaises. De même, il y a une bonne maitrise d’enjeux très technologiques, impliquant de l’algorythmie ou des mathématiques appliquées. Il n’en reste pas moins qu’elles sont souvent sous-financées par rapport à leurs équivalentes aux Etats-Unis, et dans une moindre mesure dans le reste de l’Europe.
La France est-elle un pays d'accueil idéal pour l'émergence et le développement d'entreprises digitales? Quelles sont les dernières incitations mises en œuvre pour facilité la création d’entreprises ?
On ne peut pas décemment dire que la France est LA terre d’accueil. Si beaucoup d’initiatives sont prises pour essayer de développer l’écosystèmes des startups -la FrenchTech pour n’en citer qu’une- la bureaucratie administrative et la complexité du droit du travail restent des repoussoirs, que cela déplaise ou pas. Lorsque l’on voyage, le frenchbashing est toutefois moins important qu’il n’était il y a seulement un ou deux ans. Toutefois, les anglo-saxons en particuliers continuent d’éviter la France qu’ils perçoivent comme un pays où l’arbitraire juridique est élevé. Une perception bien entendu exagérée, mais qui n’en a pas moins des conséquences réelles.
Le problème est que pour réussir, il faut aligner plusieurs paramètres qui sont chacun difficile à mettre en oeuvre (i) un excellent système fiscal pour permettre l’abondement des fonds dans l’économie de l’innovation (ii) un système éducatif de bonne qualité, faisant des ponts avec le monde de l’innovation (iii) un environnement entrepreneurial concentré et peu entravé par la bureaucratie ou les couts de l’immobilier. Palo Alto, Haifa, Berlin par exemple, sont ainsi des bons candidats. Paris, Lille ou d’autre villes peuvent clairement monter dans les premières places.
Quelles ont été les réalisations les plus marquantes récemment ? Quelle est la part de ces entreprises dans l’économie française?
Le décompte des Unicorns -des startups créées depuis 2000 et ayant une valorisation supérieure à 1 milliards d’Euros démontre bien qu’il y a un déficit de création de richesse innovante en France. Nous n’en avons que deux : Vente Privée et Criteo. Certes il y en plusieurs en devenir comme Deezer ou Blablacar, mais pour autant si nous nous comparons à la Suède où il y en a six (et qui ne comprend que 6 millions d’habitants), on conçoit que l’on peut faire des progrès. La part des entreprises numériques dans l’économie française est donc assez faible, et cela pourrait s’améliorer si nous parvenions à débloquer quelques mesures. Par exemple, une réforme de l’ISF qui fait fuir les investisseurs potentiels serait bienvenue ; pour comprendre l’importance de cet enjeu, il faut savoir qu’il y a à minima 50,000 “business angels” au Royaume uni, là où l’on estime qu’il y en a environ 4 à 6 mille en France.
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