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Fonctionnaires en grève, usines qui ferment, riches qui partent : les 3 ingrédients d'une implosion imminente ?
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La France autruche

Des centaines de milliers de jeunes lorgnent de plus en plus vers Londres et Pékin, Sydney ou Singapour, pour y construire leur avenir.

André Bercoff

André Bercoff est journaliste et écrivain. Il est notamment connu pour ses ouvrages publiés sous les pseudonymes Philippe de Commines et Caton.

Il est l'auteur de La chasse au Sarko (Rocher, 2011), Qui choisir (First editions, 2012), de Moi, Président (First editions, 2013) et dernièrement Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi : Chronique d'une implosion (First editions, 2014).

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Trois visages de l’aujourd’hui. Trois faits qui, accolés, dessinent en creux, une France en voie d’implosion dont on ne sait encore si elle sera douce ou violente. Les fonctionnaires qui demandent des revalorisations et qui manifestent sans trop d’illusions. Les usines qui ferment les unes après les autres avec, à chaque fois, sur nos petits écrans, le triste spectacle d’ouvriers en colère, de dirigeants qui affichent leurs pertes et pleurent des larmes de crocodile sur la compétitivité, le coût du travail et le manque de dialogue ; puis, figure désormais imposée, un Montebourg qui court et se pose en recours, furet essayant d’éteindre les incendies avec un pistolet à eau. L’Etat jadis omniprésent et omnipotent, proclame désormais que les caisses sont vides et qu’il se contentera d’admonester les uns, de câliner les autres, bref de faire en sorte que la casse soit le moins sonore possible. Il multiplie donc des feux de plus en plus d’artifice que sont les réformes sociétales, la multiplication des mères porteuses au droit de vote des étrangers homosexuels. En voilà de bonnes polémiques qui occupent le terrain, remplissent les avenues, chavirent le Parlement et, pendant ce temps-là, le chômage, la dette, et les emprunts peuvent croître et se multiplier dans une paix toute relative, mais bien venue dans l’œil du cyclone.

Reste le troisième volet de la décomposition, qui n’est pas le moins préoccupant : la fuite des richesses, des cerveaux et surtout des jeunes. Passons sur l’épisode Depardieu, commedia dell’arte qui ne méritait ni cet excès d’honneur ni cette indignité. Mais que la plus grosse fortune française implore la nationalité belge, a de quoi faire réfléchir, à l’heure où les avocats fiscalistes européens signalent que non seulement les Français que l’on compte parmi les plus fortunés, mais aussi des patrimoines de cinq à six millions d’euros, se délocalisent beaucoup plus facilement que PSA. Que ledit Etat ne puisse pas sanctionner cette fuite des capitaux, en dit long sur l’impuissance de Bruxelles à avoir ne fût-ce qu’un embryon de politique fiscale commune. Résultat des courses : les riches fuient, les pauvres affluent et les déficits de la Sécu et de l’Unedic sont dénoncés régulièrement par la Cour des Comptes, dont on célèbre les rapports aussi fortement qu’on les enterre.

Sulfureux ménage à trois : la fonction publique a – de moins en moins, mais elle existe encore – la garantie de l’emploi, ce qui n’est pas rien en période de vaches maigres ; les salariés des sites qui ferment en raison de trente ans de négligences, se demandent à quelle sauce ils seront mangés ; les riches, bien conseillés par des experts qu’ils rémunèrent grassement, vont s’abriter dans des paradis pas du tout artificiels. Face à cette situation, des centaines de milliers de jeunes lorgnent de plus en plus vers Londres et Pékin, Sydney ou Singapour, pour y construire leur avenir. Pas d’inquiétude : ils reviendront passer leurs vacances en douce France, son patrimoine, ses fromages, ses petites femmes de Paris, ses poètes et ses banlieues. 

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