FIFA : face au système Blatter, le Prince Ali de Jordanie incarne la seule (et maigre) opposition

Sans grand suspens, le 65ème congrès de la FIFA s'ouvre vendredi à Zurich, pour déboucher très vraisemblablement sur la réélection de l'actuel président Joeph Blatter. Malgré le scandale tentaculaire dont le grand public a pris partiellement connaissance depuis mercredi, après l'arrestation de plusieurs responsables et des perquisitions, le mastodonte Blatter reste impassible, et devrait rempiler à 79 ans, pour un 5ème mandat. "Ensemble croyons-y, réparons les dégâts, et commençons ça tout de suite" s'est-il contenté de déclarer en marge de cette élection.

Si cette étape aurait été pour lui une formalité il y a seulement quelques jours, la candidature de son seul opposant, le Prince Ali de Jordanie, 39 ans, pourrait séduire plusieurs fédérations et incarner une certaine alternative pour l'avenir de la FIFA.

"La Fifa a besoin d'un leadership qui gouverne, qui guide et protège nos fédérations. Un leadership qui accepte sa responsabilité pour ses actes et ne rejette pas la faute sur autrui (…) Nous devons être plus ouverts, plus transparents dans la façon avec laquelle nous faisons les choses. Il n'y a rien à cacher à mon avis et il ne faut pas qu'il y en ait" a déclaré le frère du roi Abdallah II de Jordanie dans un communiqué faisant écho aux arrestations de mercredi. Devant l'ampleur du scandale, le président de l'UEFA Michel Platini a appelé ouvertement à voter pour le Prince Ali, afin de sonner le glas d'un système de "corruption endémique" comme le décrit la justice américaine. 

This graphic of FIFA leadership is extraordinary. pic.twitter.com/tTLOyrJKCa

— David McKenzie (@McKenzieCNN) 29 Mai 2015

"Si on veut que la Fifa retrouve une morale, changer de président est la seule façon de changer la Fifa" estime Michel Platini, pour qui "Blatter peut être battu" après les "événements de cette semaine".

Sur les 6 confédérations que compte la FIFA, la zone CONCACAF (Amérique du Nord et Amérique centrale) et l'UEFA (Europe) devraient se prononcer en faveur de ce nouveau candidat dissident. Malgré ces prévisions optimistes pour le prince Ali, le "système Blatter" est assez solidement ancré pour ne pas vaciller même après un scandale d'une telle ampleur. Les fédérations d'Amérique du Sud, d'Asie, d'Afrique et d'Océanie sont acquises à l'actuel président, dont le système de clientélisme est dénoncé de plus en plus ouvertement par des icônes mondiales du football comme l'argentin Diego Maradona, qui qualifiait récemment Blatter de "dictateur". Comme Michel Platini, Maradona a lui aussi appelé à voter pour le Prince Ali de Jordanie.

Après des études brillantes aux Etats-Unis et en Angleterre et son accession à la tête de la fédération jordanienne de football en 1999, le demi-frère du roi Abdallah II est aussi vice-président de la Fifa en Asie depuis 2011, où il a entrepris un programme de développement du football asiatique, afin de viser les jeunes et les femmes, et de faire entrer de plus nombreux pays dans la compétition de la Ligue des champions d'Asie. Mais cette image positive et progressiste dans le milieu du sport à travers le monde ne devrait représenter qu'une opposition trop faible face à la quasi toute puissance du président actuel de la FIFA, qu'aucun scandale ne semble pouvoir ébranler au fil des années.