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Fidel Castro, un leader impulsif et désorganisé
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Tyran ?

Le livre "Mon associé Fidel Castro" retrace le parcours d'un entrepreneur français à la Havane contraint de faire de Fidel Castro son associé pour créer une chaîne de boulangeries françaises à Cuba. Extrait 2/2.

Michel  Villand et Francis Matéo

Michel Villand et Francis Matéo

Michel Villand est un homme d'affaires.

Francis Matéo est journaliste indépendant. Il est correspondant à Barcelone pour des journaux français.

Ils ont co-écrit le livre "Mon associé Fidel Castro - Récit de l'incroyable aventure d'un Français à Cuba".

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- Mais dis-moi, pour bien faire du pain français, il y a un secret?

- Non ! il y en a plusieurs. Ce qui est certain, c'est que personne ne sait faire le pain comme les Français. Les Espagnols ont la paella, les Italiens les pâtes, mais le pain, c'est français.

- Et c'est quoi ces secrets de fabrication?

- Ça, il faut le demander aux professionnels. Ils ne sont pas là ce soir, mais je vais essayer de vous expliquer.

(…) Et là, je ne sais ce qui me prend, mais après être passé sans m'en apercevoir au tutoiement, je m'enhardis davantage et lui lance comme une boutade :

- Si tu crois que Pompon a laissé filer Pomponnette par amour du libertinage, tu te trompes : c'est qu'il fallait que quelqu'un reste pour surveiller la fournée!

- Ah! Pagnol!

Fidel et son Premier ministre, aussi bons connaisseurs de la culture populaire que de l'Histoire de France, éclatent de rire. Mais dans les yeux du vieux stratège, je vois une lueur qui n'avait pas de rapport avec Pagnol. Je crois entendre les pensées de Fidel à cet instant : "Quand j'en saurai assez, j'inventerai le pain cubain à la Française, une sorte de super baguette, la meilleure du monde!". C'est soudain le tyran qui surgit, celui qui prend des décisions à l'emporte-pièce et les impose coûte que coûte. Ce Fidel, c'est celui qui a changé les graines des bananes  pour faire une banane "du peuple" : il a obligé ses ingénieurs agronomes à faire des mélanges qui ont totalement dénaturé le fruit, qui l'ont rendu mauvais, et qui ont contaminé toute la culture qui faisait la richesse de Santiago de Cuba. Résultat : on ne trouve plus aujourd'hui de bonnes bananes à Santiago, c'est-à-dire des bananes naturelles. (…)

La liste des échecs est longue, et lourde pour le peuple cubain, qui au final paye toujours l'addition, parce que Fidel est fondamentalement un impulsif, totalement désorganisé, dont les prises de position sont souvent très affectives, et malheureusement irréfutables. Sa stratégie, c'est de laisser faire pour corriger ensuite les errements qu'il a suscités, et remettre le cap avec davantage de conviction vers son idéal de communisme égotiste. Tel fut le cas lorsque Carlos Lage donna l'autorisation à quelques promoteurs immobiliers étrangers -dont le petit fils Pastor de Monaco- de construire des immeubles en accession à la propriété à La Havane.

C'est ainsi que fut érigé le Monte Carlo Palace sur la Cinquième Avenue, ou l'immobilière la Cecilia sur la Troisième : au total 700 appartements de luxe. Une vraie gageure dans cette économie communiste! Puis un jour, Fidel se rend compte de l'énormité de l'erreur commise, mais il est trop tard; la majorité des réservataires ont signé leurs actes authentiques devant notaire. Le gouvernement cubain ne peut pas revenir en arrière, sous peine de mettre en péril sa crédibilité internationale. Alors Fidel entre dans une de ces colères noires qui ont fait sa réputation. Il invective tout le monde, traite d' "incapables" tous les dirigeants impliqués dans cette opération  et leur fait la leçon comme à des enfants : "Ce montage immobilier est une pure imbécillité! Si j'avais été Cubain de Miami, j'aurais acheté tous les appartements légalement, et cela m'aurait servi de Cheval de Troie pour noyauter la Révolution cubaine. Même moi je n'aurais rien pu faire! Vous n'êtes que des incapables!"

Puis Fidel se tourne vers son Premier ministre : "Carlos, te rends-tu compte de l'erreur politique que vous avez commise? Arrêtez tout, et tout de suite."

Carlos Lage a évidemment immédiatement obtempéré. Mais les actes notariés persistent : des étrangers sont bel et bien propriétaires à Cuba, et leurs appartements dans ce "Paris des Caraïbes" vaudront un jour une fortune, car ils sont généralement très bien situés, la plupart avec vue sur mer.

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Extrait de Mon associé Fidel Castro - Récit de l'incroyable aventure d'un Français à Cuba, Max Milo Editions (1er mars 2012)

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