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Avis aux fiancés : avec des diamants artificiels quasi semblables à des vrais pour 10 fois moins cher, De Beers va-t-il faire exploser son propre marché ?
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Joaillerie

Le vendeur de diamant De Beers a annoncé qu'il comptait commercialiser des diamants synthétiques qui coûteraient jusqu'à 10 fois moins que les diamants originaux et 5 fois moins que ceux de la concurrence.

Olivier Ségura

Olivier Ségura

Olivier Ségura est Directeur du Laboratoire Français de Gemmologie.
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Atlantico : Le vendeur de diamant De Beers a annoncé qu'il comptait commercialiser des diamants synthétiques qui coûteraient jusqu'à 10 fois moins que les diamants originaux et 5 fois moins que ceux de la concurrence. Faut-il s'attendre à véritable démocratisation du marché du diamant ? Quel impact cela peut-il avoir sur le marché traditionnel du diamant ?

Olivier Ségura : Il faut bien faire attention : on parle de deux marchés différents. Ici, il est question du marché du diamant synthétique, qui est de l'ordre du bijou fantaisie, et comparable au rubis synthétique, à l'émeraude synthétique ou au saphir synthétique. Ça existe depuis très longtemps mais ça n'a jamais concurrencé les pierres naturelles.  Et de la même façon, le diamant synthétique ne peut pas concurrencer le diamant naturel.

Cependant les diamants synthétiques seraient très difficiles à distinguer des naturels ?

Oui, mais comme le sont certains rubis synthétiques… mais un professionnel sait faire la différence. Il est cependant vrai, en ce qui concerne le diamant synthétique qu'une expertise est plus complexe. Il est plus difficile de le distinguer à l'œil par exemple, même si, avec un peu d'entraînement, il existe des petites choses qui permettent de le faire. Les deux produits sont différents, l'homme, malgré son talent d'imitateur, ne faisant pas le diamant comme la nature.

Comment les acteurs du monde de la joaillerie comptent-ils protéger la spécificité traditionnelle de leur secteur ? Ou seront-ils obligés d'accompagner cette évolution ?

Ce n'est pas les mêmes réseaux, cela n'arrive pas par le même endroit et les vendeurs ne sont pas les mêmes. Dans le cas de De Beers, ils ne vendent pas en même temps, aux mêmes personnes, pas dans les mêmes sociétés. De Beers a bien déclaré qu'ils lancaient une nouvelle collection. Comme le disait le patron de De Beers, il s'agit de proposer un nouveau produit au consommateur qui veut quelque chose qui soit facile à porter et pas cher.

Si on prend comme comparaison la démocratisation qu'a connu le saumon fumé, faut-il s'attendre à une situation similaire ?

Non, pas du tout, parce que la comparaison ne fonctionne pas. Il faudrait plutôt la vanille naturelle et la vanille de synthèse. Ce sont deux produits différents qui n'ont pas le même usage. Soit vous voulez un bon produit qui ait le goût de vanille et vous achetez votre yaourt à la vanille naturelle – et cela coûte bien entendu bien plus cher, soit une vanille de synthèse faite par l'industrie qui n'a absolument pas le goût de vanille, mais propose une alternative ressemblante. Et si on poursuit la comparaison, la démocratisation de la vanille de synthèse ne signifie par la démocratisation de la vanille.

Ce serait peut-être l'inverse alors ? Avec un marché du diamant qui produit 2% de moins par an, l'arrivée d'un marché parallèle low-cost de ces pseudo-diamants ne risque-t-il pas de rendre le diamant encore plus élitiste ?

Ce que cela montre, à mon avis, c'est qu'il y avait jusqu'ici des acteurs économiques qui essayaient de faire passer l'un pour l'autre, en maintenant artificiellement haut les prix de production des diamants synthétiques. Nous professionnels, ne savions pas quel était le vrai coût de production de ces diamants, donc ne pouvions rien dire. Sur ce certaines personnes disaient que le diamant synthétique n'était que 20% moins cher, donc une alternative viable au diamant naturel. On se rend dès lors compte qu'ils se mettaient de 50 à 100% de marge dans la poche. Et peut être nettement plus, quand on sait que De Beers n'est pas une entreprise philanthropique et doit bien évidemment se sécuriser elle aussi une belle marge. Avec leur marque de diamants synthétiques, ils estiment gagner 200 millions d'euros. Ils vont donc faire une belle marge. Et c'est logique quand on sait qu'ils vendent 800 dollars le carat alors que les vendeurs de diamants synthétiques vendent ça 2000 euros le carat ! De Beers fait du diamant synthétique depuis longtemps pour l'industrie et la science. Aujourd'hui, en rentrant dans le diamant de synthèse pour joaillerie, ils décident donc cassent les prix. Peut-être que donc, mécaniquement, le diamant naturel devrait en effet gagner de la valeur dans cette affaire.

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