Faire du sport quand on a un rhume rend-il plus malade encore ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le sport est-il un remède efficace pour faire face aux maladies ?
Le sport est-il un remède efficace pour faire face aux maladies ?
©Loïc Venance / AFP

Activité physique

L'activité physique peut-elle aider à guérir plus vite ? Avec le sport, les virus peuvent-ils être stimulés et encouragés à migrer ?

Christophe  de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

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Atlantico : Un article publié dans le New-York Times montre que pratiquer du sport lorsqu’on a un rhume ne risque pas de l’aggraver si la pratique est faite à faible intensité. Est-ce que cela peut même être bénéfique ?

Christophe de Jaeger : C’est une question que tout le monde se pose. Doit-on pratiquer son sport ou se mettre au repos lorsque l’on est un peu malade avec un simple rhume ? Cette interrogation est récurrente pour de nombreuses personnes. L’article est donc une tentative de réponse à la question. Dans le papier du New-York Times, les auteurs disent de faire la différence entre deux situations totalement différentes et c’est vrai. Lors d’une simple rhinite, rien n’interdit le sport. Il ne va pas aggraver la lésion, ni raccourcir les symptômes et la maladie. En revanche, dans une situation où l’atteinte est plus sérieuse, avec des douleurs musculaires, de la fièvre, des maux de tête, forcer son organisme n’est pas une bonne chose. Celui-ci est déjà en souffrance à cause de l’infection, bactérienne ou virale. En pratiquant du sport, la personne soumet son organisme à un double stress : l’infection et l’exercice physique. Il doit faire face à deux défis. Le risque est d’aggraver la situation comme provoquer une inflammation du myocarde qui peut évoluer par la suite, ce qui n’est pas raisonnable. Dans cette situation, il faut être responsable et savoir écouter son corps. Se reposer et lui permettre d’évacuer plus facilement la maladie.

Quels sont les risques de la pratique sportive à trop forte intensité en étant malade ?

La limite à ne pas dépasser est la fièvre. Avec un simple rhume, il n’y a pas de restriction à pratiquer du sport. Cependant, si les symptômes se situent en-dessous du cou, les bronches et souvent de la fièvre, il faut se priver d’une activité physique et rester chez soi. Sinon, il y a un risque d’aggravation. Transformer une simple infection en quelque chose de plus important. Par exemple, la migration du virus dans les muscles, y compris le muscle cardiaque, entraîne des problèmes de myocardite. Cela peut également faire que l’infection sera plus profonde et non superficielle, et donc durera plus longtemps avec une fatigue plus profonde. Le temps de convalescence sera plus important.

Après la maladie, peut-on reprendre le sport normalement ?

Une fois sortie de la période de maladie, la personne ne doit pas se remettre au sport de façon rapide et à pleine puissance  en espérant rattraper le temps perdu. Il faut recommencer en douceur l’activité physique pour pouvoir réhabituer le corps à une pratique habituelle. C’est important, il faut que cela se fasse de manière très progressive. En reprenant le sport trop intensément, encore une fois, le corps sera dans une situation de déséquilibre car il n’aura pas encore récupéré. A ce moment, la personne crée un déséquilibre supplémentaire. Les réserves du corps étant déjà épuisées par l’infection et ne peuvent pas répondre aux besoins d’un exercice physique, surtout intense. En pratiquant du sport de façon intense et déraisonnable, la personne va léser son corps. Ce qui peut provoquer des tendinites, des ruptures ligamentaires, ou bien d'abîmer le cœur et les poumons. Dans l’article du New-York Times, ils abordent un point intéressant, le « psychological boost ». En reprenant le sport, on ressent par moment un coup de fouet cérébral. Lorsque l’on se remet à la pratique, après s’être reposé une dizaine de jours, il y a une sensation de bien être qui est très importante. Cette sensation est dangereuse et peut amener le sportif à aller trop loin, à dépasser ses limites. Il faut se méfier de cela. Lors de la reprise, on se sent bien et on souhaite retrouver ses performances mais c’est un faux ami. Il faut être prudent. La reprise de l’activité physique implique qu’il faut être complètement guéri.

Le sport est-il un remède efficace pour faire face aux maladies ?

Le sport est un moyen utile pour maintenir notre capital santé. Ce qui veut dire, avoir une certaine quantité de muscles, un bon système immunitaire et suffisamment de protéines. Ce sont des éléments de santé qui permettent au corps de mieux combattre la maladie en général. Avoir un bon capital santé sera toujours quelque chose de positif pour lutter contre des pathologies. Avoir une activité physique régulière et raisonnée favorise la santé et aide à surmonter bien des maladies en général (hypertension artérielle, diabète….). Dans le cas de maladies infectieusesss bactérienne ou virale, si elle ne sont pas généralisée provoquant de la fièvre et d’autres symptomes, on peut toujours pratiquer un excercice physique dans les limies du raisonnable. En revanche, dans le cas de maladies plus lourdes, avec de la fièvre, repos et lit seront toujours bienvenus.

Dans un autre registre, aujourd’hui, tous les sportifs de haut niveau vieillissent mal. L’excès d’une pratique n’est jamais bon pour l’organisme. En cherchant à atteindre la performance, le capital santé ne sera pas favorisé. Au contraire, il sera usé. Les personnes en permanence dans la surenchère sportive arrivent au résultat inverse de celui attendu. Tout l’intérêt, grâce à des prises en charge très spécialisées, d’arriver à gérer cette période post-compétition pour les ramener à quelque chose de raisonnable. 

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