JO de Londres : les petits secrets de Fabrice Pellerin, l’entraineur qui se cache derrière les succès de Camille Muffat et Yannick Agnel<!-- --> | Atlantico.fr
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Camille Muffat, Yannick Agnel et Clément Lefert sont tous entraînés par le même homme : Fabrice Pellerin (à gauche).
Camille Muffat, Yannick Agnel et Clément Lefert sont tous entraînés par le même homme : Fabrice Pellerin (à gauche).
©Reuters

Un mec en or

Les médailles coulent à flot pour l'équipe de France de natation. Derrière les nageurs niçois Yannick Agnel, Camille Muffat et Clément Lefert, un même entraîneur : Fabrice Pellerin.

Marc  Begotti

Marc Begotti

Marc Begotti est entraîneur national à la Fédération française de natation.

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Atlantico : L'équipe de France de natation a fait fort depuis le début des jeux, avec quatre médaille d'or et deux médailles d'argent. Comment expliquer le succès Français, qui est aussi celui de l'école de Nice, d'où viennent Yannick Agnel, Camille Muffat et Clément Lefert ?

Marc Begotti : Ils ont un bon entraîneur. C'est-à-dire quelqu'un qui à la fois forme les nageurs et ensuite les accompagne au plus au niveau.

C'est la méthode Fabrice Pellerin, qui est leur entraîneur ?

Je ne sais pas si on peut véritablement parler de méthode. Il est un entraîneur qui n'est pas un ancien nageur de haut niveau, qui a donc l'avantage de ne pas être trop influencé par les représentations véhiculées par le niveau de la natation. C'est quelqu'un qui est ouvert, qui sait innover et trouver des solutions aux problèmes que les nageurs lui posent, sans doute plus facilement que quelqu'un qui lui-même a nagé et qui a tendance à reproduire ce qu'il a appris.

C'est souvent comme cela que fonctionnent les entraîneurs. Quand on leur demande d'où vient ce qu'ils proposent, ils répondent généralement : « je reproduis ce que je faisais quand j'étais nageur » ou « je m'inspire de ce que font les autres entraîneurs », qui eux-mêmes reproduisent ce qu'ils faisaient quand ils étaient nageurs...

Bien souvent, les grands inventeurs ne sont pas du milieu ! Graham Bell, l'inventeur du téléphone, disait : « si j'avais été électricien, j'aurais jamais été assez fou pour inventer le téléphone, car j'aurais jamais pu penser qu'on puisse communiquer à l'aide d'impulsions électriques ».

Concrètement, comment travaille Fabrice Pellerin ?

Il y a quelques temps, je discutais avec lui, et il m'a dit : « A la formule "progresser à s'entraîner", je préfère "m'entraîner à progresser" ». Cela résume bien sa façon de penser. Ses nageurs s'entraînent beaucoup, mais pour faire des progrès. Alors que bien souvent, les nageurs sont très bons à l'entraînement, mais ne font pas forcément des progrès très significatifs à l'entraînement.

Ses exercices sont nombreux et évoluent en fonction de l'entraînement. Il ne reproduit pas forcément les mêmes choses et ce qu'il propose à ses nageurs doit leur permettre d'être meilleur en compétition. Souvent, on se rend compte que l'entraînement est tourné sur lui-même : on trouve les solutions qui permettent d'y "survivre". Mais cela ne permet pas forcément d'être meilleur en compétition.

Quand on lit les interviews de Fabrice, quand on écoute Yannick Agnel, on sent que c'est différent. C'est un gars qui est très ouvert, qui ne s'intéresse pas qu'à la natation, qui est capable de se remettre en question. C'est tout simplement un mec intelligent.

« Je ne suis pas le tyran que Camille dépeint régulièrement », a-t-il expliqué début juillet sur RMC. Vous le croyez ?

Lui ? C'est tout sauf un tyran ! Ses nageur se régalent à l'entraînement, car il leur pose des problèmes, et ils trouvent des solutions. Cela leur donne confiance en eux. Ce ne sont pas des exécutants. Il force chez eux cette capacité à trouver des solutions, ce qui est nécessaire pour gagner en compétition.

C'est tout sauf un tyran : il a des rapports justes avec ses nageurs. Il n'est pas dans l'affectif : c'est un enseignant. Il veut que ses nageurs s'épanouissent, et ils ne le pourraient pas s'il était tyrannique. Écoutez Yannick Agnel, et vous verrez qu'un garçon comme cela ne resterait pas avec un tyran.

On a l'impression qu'en natation, la relation sportif-entraîneur est très différente de celle des autres sports. Sont-ils des sortes de gourou ?

 Ah non, pas du tout. Fabrice est tout sauf un gourou. Il entretient une relation très rationnelle avec ses nageurs, l'inverse d'un gourou.

C'est donc purement une relation maitre-élève ?

Oui, mais dans le sens noble du terme. Evidemment, il y a de l'affectif, de l'émotion, plein de choses. Mais chacun est à sa place et progresse mutuellement. Les entraîneurs forment les nageurs, mais les nageurs forment aussi les entraîneurs par les problèmes qu'ils leurs posent.

Avant Fabrice Pellerin, la star des entraîneurs en natation était Philippe Lucas. Sont-ils comparables dans leur façon de faire ?

Pas du tout. La seule chose qu'ils ont en commun, c'est la passion. Ils ont aussi le même niveau d'exigence, mais ça s'arrête-là. Et tous les entraîneurs partagent cela.

Propos recueillis par Morgan Bourven

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