Europe : le besoin de prospérité n’a pas trouvé de réponses convaincantes dans les offres politiques<!-- --> | Atlantico.fr
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Des bulletins de vote dans une urne dans un bureau de vote lors de l'élection du Parlement européen au Touquet, dans le nord de la France, le 9 juin 2024.
Des bulletins de vote dans une urne dans un bureau de vote lors de l'élection du Parlement européen au Touquet, dans le nord de la France, le 9 juin 2024.
©LUDOVIC MARIN / AFP

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Tous les responsables politiques en Europe vont bien être obligés de répondre à la véritable demande qui ressort du résultat des élections : une demande de prospérité , de liberté et de sécurité contre tous ceux qui ne partagent pas les mêmes valeurs que celles des Européens occidentaux.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Il y avait tout ce que demandaient les français dans cette élection , mais face à cette demande  plus ou moins bien exprimée , l’offre était complètement éclatée entre lès différents courants . Il y avait même, tous les ingrédients pour produire un modèle libéral mais il fallait aller les chercher partout. Aucun  n’a su proposer un modèle cohérent et responsable . Il y a eu beaucoup de « conneries », beaucoup d’ego, beaucoup de querelles politiciennes et incohérentes, beaucoup de Hors sujet, pas assez d’Europe et encore moins  de responsabilités.

 Pour Emmanuel Macron, l’heure de vérité a sonné. Le résultat des élections européennes lui a envoyé un message très clair et très critique de son bilan , de ses projets , de ses attitudes et discours . 

Il va donc lui falloir renouer les liens de confiance qui n’existent plus entre l’exécutif et la population. Le contact ne se renouera pas avec un beau discours ou même avec des changements d’hommes si ces changements ne prennent pas en compte la véritable demande. 

Parce que, au-delà de ce qu’on découvre dans les interventions des candidats et les sondages, au-delà des revendications de pouvoir d’achat, de protectionnisme, de régulation de l’immigration, au-delà d’un besoin de plus ou de moins d’Europe, d’un besoin de meilleurs services publics de la santé ou de l’école, la priorité des priorités des Français porte sur le pouvoir d’achat, un concept encore flou et difficile à cerner. 

Chacun a sa propre définition du pouvoir d’achat en fonction de son style de vie ou de sa structure de consommation. Les uns ne supportent pas les prix de l’essence ou de l’électricité, d’autres se plaignent du prix exorbitant du chocolat ou du logement. 

Ce qui rend  l’analyse de la situation très difficile, c’est que le ressenti du pouvoir d’achat est très individuel et très souvent différent de la réalité statistique. Si on prend l’évolution des prix depuis 2020, le pouvoir d’achat net de l’inflation a progressé de 5,7 %, et mis la France dans une position très favorable par rapport à l’Allemagne où les améliorations n’ont été que de 1,4 % ou même en moyenne chez tous les autres Européens. 

Quand on entend que tous les candidats français aux élections européennes ont promis de redonner du pouvoir d’achat aux ménages, soit par le biais de subventions, d’aides ou d’avantages fiscaux, on sait qu’ils se trompent, puisque si on s’en tient aux chiffres, les Français ont été mieux servis que leurs voisins. 

Non seulement les hommes politiques n’ont pas répondu à la vraie question, mais en promettant des améliorations, ils se préparent à creuser un déficit budgétaire dont par ailleurs ils dénoncent les excès, qui se traduisent par un endettement public dangereux. 

La vérité dans cette affaire, c’est que si les Français se focalisent en vérité sur les prix, c’est qu’ils n’ont pas assez de revenus nets pour vivre comme ils le souhaitent. Ce n’est donc pas les prix qu’il faut corriger, ce sont les revenus qu’il faudrait augmenter. 

Le phénomène n’est pas que Franco-français et il est propre à tous les habitants de l’Union européenne. La demande n’est pas une demande de pouvoir d’achat, la demande est une demande de revenus, pour pouvoir vivre mieux en toute liberté. Cette demande-là est donc une revendication de prospérité économique qui permettrait de résoudre tous les problèmes qui rendent la vie difficile : logement, santé, école, etc. Mais tout se passe en Europe comme si les gouvernants (et pas seulement les Français) avaient perdu les clés de la création de richesse, y compris en Allemagne qui a découvert avec brutalité qu’elle avait perdu le secret de son modèle économique en étant obligée de fermer le gaz russe. Et elle ne s’en est pas remise. 

La France, elle, a plus un problème de financement de son modèle social que d’approvisionnement en énergie grâce au nucléaire dont on a redécouvert les vertus. Au total, les pays européens sont tous dans la même galère, ils n’ont pas la productivité qui permet de créer de la richesse. En plus, l’Europe est coincée sur l’échiquier mondial entre les États-Unis et les grandes dictatures que sont la Russie et la Chine, avec en prime, le risque d’être débordée par une vague d’immigration incontrôlable. 

L’enjeu pour les dirigeants européens est de savoir s’ils peuvent, seuls ou en groupe, mettre en place un modèle économique qui leur permettrait d’assumer la pression et la concurrence des forces mondiales. Bref, de poser les bases d’une équation qui permettrait de générer de la prospérité bénéfique. Tous les chefs d’entreprises savent comment créer de la richesse, qu’ils soient anglais, français, espagnols ou allemands. Il faut simplement que les pouvoirs politiques les laissent en liberté : moins de normes et de prélèvements obligatoires, plus de coordination et de mutualisation, plus ou moins de protections et de contrôles aux frontières. Mais toutes ces questions ont été sous-traitées pendant la campagne. 

L’émergence d’une droite populiste partout en Europe est sans doute inquiétante, a supposer qu’elle s’entende  mais elle ne fait que traduire l’inquiétude des peuples en Europe. Cette poussée d’une droite très conservatrice traduit également l’incapacité des élites politiques en Europe à prendre en compte des options plus libérales dans la gestion de la sphère économique. Tout se passe comme si en Europe, on avait perdu le sens des affaires et surtout la conviction que la prospérité économique avait besoin que les « marchés » puissent fonctionner assez librement. D’où le risque de déclin auquel les candidat n’ont pas  répondu.

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