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L'Europe peut-elle rester la même si sa population change ?
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L'Islam et l'Europe

Dans "Une Révolution sous nos yeux" Christopher Caldwell analyse sans concession les bouleversements induits par les vagues d'immigration que connaît l'Europe. Extraits.

Christopher Caldwell

Christopher Caldwell

Christopher Caldwell est journaliste, diplômé de Harvard et spécialiste des affaires politiques européennes. Il est éditorialiste au Financial Times et rédacteur au Weekly Standard ainsi qu'au New York Times Magazine.

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Matériellement, les immi­grants devraient avoir envie de s’assimiler. Dans bien des cas, des immigrants d’Europe ont superbement réussi. Dans une boutique d’une galerie marchande de Copen­hague, il n’est pas rare de rencontrer un vendeur de baskets qui n’a fréquenté qu’une banale école publique mais parle couramment quatre langues – par exemple, le danois, l’anglais, le turc et le kurmanji. Si l’on compare son éducation à celle qui était accessible dans le village d’Anatolie de ses parents ou à celle qu’aurait eu un membre de la classe ouvrière en Europe voilà un siècle, c’est là un acquis extraordinaire. De ce point de vue, il est difficile de décrire l’Europe comme une civilisation en déclin. Et pourtant, c’est une civilisation en déclin. Il lui manque un facteur difficile à définir. Qu’elle soit ou non capable de se défendre, elle a perdu de vue la raison pour laquelle elle devrait se défendre.

Si impressionnant que soit notre vendeur de Copen­hague, symbole de l’Europe, nous n’avons aucune certitude qu’il voue son allégeance à l’Europe.

Le sociologue italien Vilfredo Pareto distinguait entre deux formes d’intérêt personnel que poursuivrait toute com­munauté : l’utilité d’une communauté (valeur de survie) et l’utilité pour la communauté (bien-être). Le conflit entre ces deux utilités est parfois clair, comme dans l’édu­cation des enfants ou la préparation d’une défense mili­taire, qui requièrent l’une et l’autre l’abnégation de soi de la part des adultes, et de détourner certaines ressources d’une jouissance immédiate. Mais de telles questions se posent aussi quand les gens décident, soit de faire venir des immigrants qui se chargeront de la cuisine, des lits et de briquer les sols, le tout pour une somme dérisoire, soit de s’en charger eux-mêmes.

Des décennies durant, les autorités européennes ont recherché l’utilité pour elles-mêmes au lieu de l’utilité pour leur société. D’ailleurs, le simple fait de soulever la question de savoir si l’immigration défendra ou mettra en péril la survie de l’Europe est considérée au mieux comme vulgaire et antieuropéenne, au pire comme une attitude extrémiste. Les communautés immigrées n’ont jamais éprouvé pareille contrainte.

Le problème fondamental de l’Europe avec l’Islam, et avec l’immigration en général, c’est qu’en Europe, les com­munautés les plus fortes ne sont, culturellement parlant, pas du tout européennes. Malgré la grande variété de mesures prises pour le résoudre – multiculturalisme en Hollande, laïcité en France, laisser-faire en Grande-Bretagne, poin­tillisme constitutionnel en Allemagne –, ce problème existe dans tous les pays européens. C’est avec l’Islam et l’immi­gration que l’Europe a un problème et non avec l’usage impropre de certains moyens mis en place pour le traiter. L’Islam est une religion magnifique qui a aussi été, parfois, au cours des siècles, une culture brillante et généreuse. Mais malgré toutes les protestations du contraire, ce n’est en aucun cas la religion ou la culture de l’Europe.

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Extraits deUne révolution sous nos yeux, DU TOUCAN (5 octobre 2011)

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