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Et si (pendant quelques minutes) on essayait le corona interruptus...
©MOHAMMED HUWAIS / AFP

Pour changer

Sous la pandémie, la vie, pas toujours très belle, continue. Parlons-en.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le coïtus interruptus est mort tué par la pilule. On ne le regrettera pas. Le corona interruptus n'a aucune chance de le remplacer durablement. Restons quand même avec lui un court instant.

La pandémie qui frappe la planète écrase tout. Les corps, les âmes et aussi l'information. On sait que, selon une définition célèbre, le rôle du journaliste est de mettre en clair le discours confus et contradictoire du lecteur. Et le lecteur s'endort avec le coronavirus, se réveille avec le coronavirus. Et la nuit, ses cauchemars sont peuplés de masques et d'appareils respiratoires.

Pourtant la Terre, bien que confinée, continue de tourner. Certes elle ne tourne pas rond mais elle tourne quand-même. E pur si muove... Que cela soit caché, dissimulé par l'angoisse collective ne change rien à l'ordinaire du cours des choses. Elles existent, elles sont, même si l'actualité virale ne leur accorde aucune place.

En Inde, quatre hommes coupables d'un viol collectif viennent d'être pendus. Qui en parle ? En Russie, Poutine a fait voter par la Douma une réforme de la Constitution qui lui permettra de rester président jusqu'en 2036 ! Il battra ainsi le record de tous les  présidents africains. Qui en parle ? Au Yémen, des enfants meurent chaque heure sous les bombes saoudiennes. Qui en parle ?

En Afrique, les morts du Sida, de la malaria, d'Ebola se comptent par centaines tous les jours Comme le coronavirus n'y est pour rien, qui en parle ? En Iran, dans la province de Chiraz une jeune femme a reçu vingt coups de fouet : elle était sortie sans voile. Qui en parle ?   

Mais l'Afrique, l'Inde, le Yémen, la Russie et l'Iran c'est bien loin.

Rapprochons-nous de chez nous. Des émeutes ont éclaté à La Duchère, quartier sensible de Lyon. Pompiers caillassés, policiers visés par des cocktails Molotov. La vie quoi ! Dans une cité de Toulouse un "jeune" a été tué par un autre "jeune". Cette activité ne présente aucun risque sanitaire : il suffit de nettoyer la kalach avec du gel hydroalcoolique avant de la passer à un pote. Qui en parle ?

Voilà qui est fait. Ainsi est administrée la preuve que la France-pour ne citer qu'elle- est bien vivante. Et s'agissant des agressions contre les pompiers et les policiers, bien plus vivante que tous les autres pays de l'Union Européenne. Vive nous !

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