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Et Marcel Cerdan devint "The French Bombarder" en corrigeant un GI
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Bonnes feuilles

Ce livre raconte l'histoire de ces champions de l'après-guerre qui ont su hisser le sport français au plus haut et, à leur manière, participé du roman national. Extrait du livre "Le temps des légendes" d'Olivier Margot, aux éditions JC Lattès (1/2).

Olivier Margot

Olivier Margot

Olivier Margot a été rédacteur en chef à L'Équipe et à L'Équipe Magazine durant 25 ans.  

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Ce 1er octobre 1942, Marcel Cerdan et Lucien Roupp prennent le train de nuit pour Marseille, chargés de dizaines de photographies et de journaux rendant compte du combat contre Ferrer. Le lendemain, ils embarquent dans le premier bateau pour Casablanca. Liberté, liberté chérie… Ce n’est pas une fuite, c’est une précaution. Car Marcel Cerdan est un récidiviste. Il avait vingt-trois ans, le 3 juin 1939, quand, deux mois avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il avait défié à Milan pour le titre de champion d’Europe des poids welters l’Italien Saverio Turiellio, auquel Mussolini avait envoyé un télégramme intimant l’ordre de « défendre l’honneur de l’Empire ». La veille du combat, Cerdan s’était rendu à la cathédrale déposer un cierge pour sa mère disparue quand il avait dix-neuf ans. Le ring avait été dressé au centre du vélodrome du Vigorelli. Depuis les cordes, on ne voyait que des chemises noires, des chéchias à gland noir, des drapeaux, des banderoles et des oriflammes, tandis que roulaient les tambours. C’était l’apogée du fascisme italien, même les deux mille statues du Duomo devaient être au garde-à-vous. Cerdan avait gagné nettement aux points ce combat difficile en quinze reprises et Turiellio avait été banni de l’histoire

Le 31 décembre 1941, il s’était résolu à boxer à Vichy, capitale dérisoire de la France de Pétain. Harcelé par les spécialistes de la propagande, espérant obtenir l’autorisation de boxer aux Amériques, Cerdan avait accepté de rencontrer le Suisse Victor Seidel, au bénéfice des prisonniers de guerre. Il avait fait si froid la veille de la rencontre que Cerdan et ses amis avaient dû dormir tout habillés, à deux par lit. Le combat avait été un remake de Charlot boxeur. Au troisième round, Cerdan avait placé à la mâchoire du Suisse un crochet d’une telle violence que Seidel avait été précipité entre les cordes. Cerdan ayant rattrapé son adversaire par un pied, l’arbitre, s’en tenant aveuglément au règlement, lui avait donné l’ordre de le lâcher. Il avait obtempéré et le Suisse avait fait une chute d’un mètre cinquante dans la fosse d’orchestre. Jean Borotra, ministre des Sports, qui avait invité Cerdan à réveillonner à sa table, avait préféré ne pas se montrer. Turiello à Milan, Seidel à Vichy, Ferrer au Vél’ d’Hiv’… Cela commence à ressembler à de la provocation. La prudence exige de mettre la Méditerranée entre Cerdan et l’occupant. Dans la nuit du 7 au 8 novembre 1942, tout change avec le débarquement des troupes anglaises et américaines en Afrique du Nord. Cerdan, ne pouvant plus espérer une tournée en Amérique, s’engage dans la Marine française libre qui débarque en Italie. Il en profite pour remporter les Tournois interalliés d’Alger et de Rome, ville ouverte, face à des boxeurs de renom. Les journalistes américains vantent sa manière expéditive. Le 14 février 1944, en finale à Alger, sous une pluie violente, le GI Joe Di Martino ne tient que cent dix secondes. Le 16 décembre, au théâtre Brancaccio de Rome, celui que le New York Times surnomme le Glamour Boy détruit Frankie Burnley au deuxième round, gagnant le tournoi des poids moyens et un nouveau surnom. Marcel Cerdan devient The French Bombarder.

Extrait du livre "Le temps des légendes" d'Olivier Margot, aux éditions JC Lattès 

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