Et les croissants du matin ? Google et Apple tentés par des voitures qui font plus que conduire<!-- --> | Atlantico.fr
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Les voitures du futur feront peut-être beaucoup de choses à notre place.
Les voitures du futur feront peut-être beaucoup de choses à notre place.
©wikipédia

Les voitures du futur

Apple et Google se disent tentés par la conception et la commercialisation d'une voiture autonome qui permettrait par exemple qu'elle aille acheter toute seule un café le matin ou d’orienter le conducteur vers un fast-food lorsqu’il a faim.

Jean-Gabriel Ganascia

Jean-Gabriel Ganascia

Jean-Gabriel Ganascia est professeur à l'université Pierre et Marie Curie (Paris VI) où il enseigne principalement l'informatique, l'intelligence artificielle et les sciences cognitives. Il poursuit des recherches au sein du LIP6, dans le thème APA du pôle IA où il anime l'équipe ACASA .
 

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Atlantico :  Peut-on réellement envisager ce type d’évolution d’ici 2020, comme cela est prévu ?

Jean-Gabriel Ganascia : Dès aujourd’hui, Google fabrique des voitures autonomes capables de se diriger dans le flot de la circulation sans avoir d’accident, d’éviter les piétons, de s’arrêter aux feux rouges, de repartir lorsqu’ils passent au vert, de respecter les stops etc. Pour cela, on fait appel à des capteurs qui recensent, en temps réel, les obstacles de tous ordres ainsi que la vitesse de la voiture et les panneaux de signalisation. Des techniques d’intelligence artificielle utilisent alors tous ces paramètres pour prendre les décisions la plus appropriées, par exemple accélérer à bon escient, freiner si nécessaire, tourner à gauche ou à droite etc., sans qu’il soit besoin d’un conducteur dans la voiture. De même, on vend aujourd’hui des dispositifs capables de faire des créneaux automatiquement pour se garer sans le secours du conducteur. On peut très bien imaginer dans le futur que ces dispositifs de guidage soient complétés de dispositifs d’assistance qui aideront à se diriger, par exemple à trouver un café le matin, un restaurant à l’heure du repas ou une boite de nuit le soir, sans risque, au retour, d’être arrêter pour conduite en état d’ivresse...

  1. Quelles sont les fonctionnalités techniquement possibles qui pourraient être disponible dans un futur proche ?

Aujourd’hui, on doit encore dire précisément à la voiture où l’on veut aller en lui donnant une adresse précise. Très bientôt, il suffira d’une indication vague, par exemple, de dire que l’on souhaite passer la soirée au cinéma en précisant le film et l’heure approximative de la séance pour que la voiture trouve d’elle-même la salle et nous y conduise. On peut même imaginer signifier uniquement ses envies, par exemple, demander de manger une pizza à l’ananas et que la voiture trouve toute seule le restaurant le plus proche qui propose des pizzas à l’ananas... Songeons au système Watson d’IBM qui l’a emporté au jeu télévisé Jeopardy sur les concurrents en répondant mieux que les hommes aux questions qui étaient posées. Comment imaginer qu’un tel système ne soit pas capable de trouver un restaurant qui fasse des pizzas à l’ananas ?

  1. Quels seraient les avantages et les inconvénients d’un tel objet ?

L’avantage le plus évident serait de gagner du temps libre : au lieu de se concentrer sur la route, les occupants de la voiture pourraient lire, travailler, parler au téléphone, etc. Le second avantage serait de diminuer la mortalité au volant. En effet, on sait que les principales causes des accidents de circulation tiennent à la conduite en état d’ivresse ou à l’endormissement involontaire. Or, si la voiture se conduit seule, sans conducteur, ces causes d’accidents disparaîtront d’elles mêmes. Parmi les inconvénients on peut noter la perte de compétences : si l’on ne conduit plus jamais, on risque de ne plus savoir conduire. Il existe aussi un sentiment de liberté qui tient à la possibilité de décider de prendre sa voiture et de partir sans demander de compte à personne. Avec les pilotes automatiques, peut-être perdra-t-on ce sentiment...

  1. McKinsey &co estime que l’une des fonctionnalités seraient de permettre au conducteur de libérer ses mains du volant, pour pouvoir surfer librement sur Internet jusqu’à 50 minutes, ce qui permettrait notamment de faire gagner près de 5 milliards aux médias numériques. N’est ce pas dangereux, en terme d’attention sur la route, de se fier uniquement à la machine ?

Si la voiture devient vraiment autonome, il n’est plus besoin de tenir le volant, ni d’appuyer sur les pédales, ni même d’observer la route... Toute cela se fait déjà automatiquement. Dégagé des contraintes liées à ces activités, le temps de transport pourra être consacré à toutes sortes de tâches compatibles avec la présence dans la voiture. On ne pourra vraisemblablement pas pratiquer une activité sportive, mais résoudre des énigmes ou faire des mots-croisés relèvent des activités compatibles avec la présence dans une voiture. Et, il en va de même avec la consultation du courrier électronique ou des médias électroniques.Cela ouvrirait certainement de nouveaux marchés. Cela ne serait pas vraiment dangereux, car la voiture devenue autonome ne sollicite plus l’attention des passagers, ce qui devrait, d’après les spécialistes, diminuer le nombre d’accidents.

  1. L’ère numérique de la voiture annonce une rupture dans l’industrie du transport. Alors que les gens désavouent de plus en plus ce mode de locomotion au profit des transports en commun, est-ce que la voiture telle que nous la connaissons actuellement va disparaître sous peu ?

Effectivement, la voiture numérique devrait changer la logique même de la voiture individuelle. Onla louera comme on loue un taxi, car c’est à la fois le chauffeur et le véhicule que la voiture autonome. Plus généralement, Google propose depuis peu des solutions de co-voiturage qui ont des vertus économiques (voyage à moindre coût) et surtout, écologiques (moins de voiture, car plus de passagers par voiture). Je crois qu’il y a convergence entre la voiture autonome et les principes du co-voiturage proposé par Google : c’est l’ensemble du transport dans les villes qui devrait être modifié par l’apparition des voiture numériques...

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