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Et l'identité de ceux qui tuent, qui frappent, qui violent, qui volent, elle est heureuse ou malheureuse ?
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Au feu !

Les ressorts qui les animent sont pourtant sans mystère. Haine, ressentiment et violence.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Une interprète qui accompagnait un journaliste dans la jungle de Calais a été violée. Ca fait quelques lignes dans les journaux. Pas plus. Mais de la jungle de Calais on parle beaucoup par ailleurs car des associations militantes nous alarment sur le sort malheureux des migrants. Pensez donc, on va les disperser dans des petites villes qui, peut-être, votent fortement en faveur du Front national ! En plus, il est certain qu'avec leur arrivée les scores du parti de Marine Le Pen vont exploser dans ces localités…

Le mot "jungle" associé au nom de Calais et au mot "migrants" est supposé polariser toutes nos craintes et nos angoisses. C'est un peu court et inconsistant. Car c'est toute la France qui est devenue une jungle ! La voilà l'exception française, la seule, la vraie. Celle que le monde entier ne nous envie pas. C'est en France qu'on jette des cocktails Molotov dans une voiture de police pour en brûler ses occupants. C'est en France qu'on agresse un prof traité de "raciste" parce qu'il a commis la faute de sanctionner un élève protégé par l'immunité de son origine.

C'est en France que la proviseure d'un lycée est tabassée devant son établissement. C'est en France que des policiers et des pompiers sont attirés dans des guet-apens pour être caillassés. C'est en France que des médecins urgentistes sont frappés car ils ont demandé qu'une malade enlève sa burqa afin qu'ils puissent la soigner. C'est en France que des contrôleurs de train sont battus parce qu'ils ont eu l'outrecuidance de demander son billet à qui il ne fallait pas. C'est en France que des chauffeurs de bus reçoivent des pierres car leur itinéraire les amène à passer par un quartier où on aime jeter des pierres.

Et à chaque fois – pour les cas les plus scandaleux et les plus médiatisés – les ministres de tutelle y vont de leur communiqué. "Regrettable", "intolérable", "inacceptable". Mais nous, que faisons-nous ? Quand un syndicaliste un peu violent (Air France, Goodyear) est jugé, la CGT mobilise en sa faveur des centaines de personnes. Combien sommes-nous à être allés devant un hôpital pour dire notre soutien au corps médical ? Étions-nous, étiez-vous, devant le commissariat de l'Essonne dont l'un des policiers est entre la vie et la mort ? Sommes-nous, êtes-vous, allés devant les établissements scolaires visés par la violence la plus glauque ?

Un jour viendra peut-être où des policiers refuseront de nous protéger parce que nous n'avons rien dit quand ils étaient en détresse. Quand des médecins hospitaliers feront la grève des soins en réaction à notre silence. Quand des enseignants arrêteront d'enseigner… Quand des pompiers ne se déplaceront plus pour un incendie… Quand des contrôleurs ne lèveront plus le petit doigt quand vous serez frappés et dépouillés dans un train…

Mais pour le moment tout va bien. On vit des moments fabuleux grâce au Grand Magic Circus de la primaire de la droite et du centre. Un combat de catch où tous les coups sont permis. À ma gauche, le messie du bonheur. À ma droite, le prophète du malheur. Identité heureuse contre identité malheureuse… Et l'identité des tueurs de flics, des voyous, des violeurs, des voleurs, l'identité de tous ceux qui récitent le bréviaire de la haine, on en parle quand ?

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