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"L'enfant n'est sacré que depuis peu"
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Alerte enlèvement

Ce mercredi a lieu la journée internationale des disparitions d'enfants. Ils sont "sacrés" dans notre monde, mais sont des proies fragiles et sans défense, victimes d'enlèvements et de sévices sexuels. Notre société les protège-t-ils assez ?

Stephan Valentin

Stephan Valentin

Stephan Valentin est un écrivain, scénariste et docteur en psychologie. Il est lauréat du prix Bettina Von Arnim, le prix littéraire le plus réputé en Allmagne pour les nouvelles, pour son livre La tour des Pigeons. Il donne également des conférences à la HES-SO, la Haute Ecole Spécialisée de Haute Savoie.

Il est l'auteur de Les angoisses chez les enfants (Editions Jouvence 2011). Il est également l'auteur de Quand mon bébé me parle (Editions Jouvence) et Quand un nouveau  bébé arrive (Editions Jouvence) 

 

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Atlantico : En 2010, 58 932 mineurs ont disparu dont 40 260 fugues en France. Certains sont retrouvés sains et saufs, d'autres, victimes d'agressions sexuelles, d'autres, jamais. L'enfant n'est-il pas pourtant sacré, intouchable, pour l'Homme ? Ou au contraire s'agit-il d'êtres humains "comme les autres, quel que soit leur âge ?

Stéphan Valentin : Toute vie est sacrée. Mais dans notre société, les enfants sont ceux qui sont les plus vulnérables et donc considérés comme étant « sacrés » ou « intouchables ». L’agresseur choisit souvent sa victime pour son âge, son physique ou encore pour sa fragilité. Pour l’agresseur, l’enfant choisi n’est justement pas comme les autres.

Notre société aime les enfants et nous sommes tous conscients qu'ils ont besoin de la protection des parents, de la société et du gouvernement. Et c’est souvent ce qui nous révolte le plus quand un enfant disparaît ou qu’il devient victime d’une agression: nous n’avons pas pu le protéger. Une disparition provoque aussi une angoisse profonde chez tout parent : et si cela arrivait à mon enfant ?!

Quand les médias se mobilisent, c’est avant tout pour responsabiliser et mobiliser chacun de nous, car il s’agit de s’unir pour aider un des nôtres qui est en difficulté. À l’heure actuelle, il est très important de sortir de cette passivité qui nous fige dans le rôle du spectateur quand un crime se passe sous nos yeux. D’ailleurs, les alertes enlèvement sont souvent couronnées de succès. Preuve que la société sait se défendre.

Qui y a t-il dans la tête de ceux qui s'attaquent aux faibles, aux fragiles, aux enfants, qui les désinhibe, qui lève le tabou ?

Tout dépend du crime commis. Il n’existe pas de profil type de l’agresseur. Mais on peut dire que souvent, il s’agit d’une recherche de pouvoir. L’agresseur peut également agir par vengeance, par rage, par sadisme ou encore par impulsivité. Dans les cas d’agressions sexuels sur un enfant, l’adulte peut par exemple agir ainsi parce qu’il a de grandes difficultés dans ses relations avec les adultes ou parce qu’il fait une fixation sur l’enfant comme objet sexuel. Il se tourne donc vers l’enfant.

L'enfant a-t-il toujours été sacré comme il semble aujourd'hui dans nos sociétés, dans le temps, et dans l'espace, est-il aussi sacré partout ailleurs dans le monde ?

Quand on survole l’histoire de l’humanité, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, on se rend très vite compte que l’enfant a toujours été victime de sévices allant des punitions corporelles les plus sévères à l’infanticide légal. Peu à peu, les mœurs ont évolué vers un adoucissement progressif. En France, c’est à la fin du XVIIIe, au siècle des Lumières que l’humiliation de l’enfant commence à cesser. Finalement, l’enfant est devenu « sacré » pour la société depuis très peu de temps. Pour le dire clairement, depuis le siècle dernier où on a reconnu l’enfant comme une personne, comme un individu ayant des droits. Cela dit, il est toujours permis de frapper les enfants en France tout comme dans de nombreux pays dans le monde. Et il y a toujours des pays qui tolèrent le travail pour enfant, l’esclavage des enfants et leur prostitution. « Sacrée » enfance …

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