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Enlèvement de jeunes filles au Nigéria : où sont les voix des musulmans qui condamnent ?
©REUTERS/Akintunde Akinleye

Silence gêné

A quelques exceptions près, l'enlèvement de 300 lycéennes au Nigeria par la secte Boko Haram a donné lieu à peu de commentaires de la part de la communauté musulmane française.

Hassen Chalghoumi

Hassen Chalghoumi

Hassen Chalghoumi est imam à Drancy. Il a publié avec David Pujadas "Agissons avant qu'il ne soit trop tard" aux éditions du Cherche-Midi.

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Atlantico : Le groupe Boko Haram au Nigéria a enlevé près de 300 lycéennes la semaine dernière et menace désormais de les vendre au nom de l'islam. Vous avez d'ailleurs au nom de la conférence des imams de France appelé  à un rassemblement devant l'ambassade du Nigéria mercredi 14 mai. D'une manière générale, que ce soit au sujet du djihad ou des agissements de Boko Haram, comment expliquer que si peu de voix au sein de la communauté musulmane s'élèvent ?

Hassen Chalghoumi : Pour la communauté musulmane française, il s'agit d'une affaire extérieure à la France. Certains craignent qu'en réagissant, un amalgame pourrait être fait entre les musulmans de France et ces fanatiques que sont les membres de Boko Haram.

Néanmoins, je pense qu'il est encore plus dangereux de ne pas réagir. Il faut une réaction claire. Mais en France en l'absence d'une organisation unique représentant les musulmans,  il est difficile d'obtenir une prise de position publique claire. Mais si vous demandez aux musulmans, aux imams, individuellement,  tous vous diront que les membres de Boko Haram sont des barbares et que leurs agissements n'ont rien à voir avec l'islam. 

En tant qu'imam, je lance un appel  pour que ces filles soient libérées. Il faut que les représentants musulmans du monde entier réagissent et condamnent cet acte. Le rassemblement de mercredi 14 mai est l'expression de la colère de plusieurs associations française (musulmanes ou non) face au silence. 

Pour vous quelle est l'importance d'une prise de position sur ce sujet ?

En tant qu'être humain, en tant que père de famille, c'est une obligation pour moi. De tels événements sont le signe que nous traversons actuellement une crise de valeurs. S'ériger contre Boko Haram relève de notre devoir civique, religieux et humain.

Le groupe Boko Haram milite pour que "l'éducation occidentale" cesse, et appelle les jeunes filles à quitter l'école pour se marier.  Existe-t-il dans l'islam un précepte permettant de justifier de telles actions ?

Jamais l'islam ne permet de justifier cela. Au contraire. Boko Haram est une secte et n'a rien à voir avec l'islam. J'interpelle Boko Haram : "Si vous avez la foi, vous devriez avoir la crainte de Dieu. Vous êtes en train de salir l'islam". 

Quelle est votre réaction quant à la recrudescence des candidats français au jihad ?

Ce que je voudrais dire à ces jeunes, est que s'ils souhaitent soutenir le peuple syrien par exemple, ils peuvent s'engager auprès d'Organisations humanitaires comme Médecins sans frontière, ou à travers la prière.

Quel est le sentiment de la communauté musulmane quant à ces sujets ?

Dans mon entourage, la communauté musulmane vit très difficilement ces situations. Car il y a un amalgame entre ces fanatiques et les musulmans. Les Français développent une crainte vis-à-vis de l'islam.

J'espère que nos concitoyens ne font pas l'amalgame entre les musulmans et ces fanatiques. Il s 'agit de familles discrètes qui ont envie de vivre en harmonie.

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