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Emplois d'avenir : une idée du passé à jeter aux oubliettes
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C'est dans les vieux pots...

Le ministre du Travail, Michel Sapin, a annoncé la création de 150 000 emplois d'avenir d'ici 2014 pour les jeunes non qualifiés. Une proposition qui rappelle évidemment les 350 000 emplois jeunes créés sous le gouvernement Jospin entre 1997 et 2002.

Jérôme de Rocquigny

Jérôme de Rocquigny

Jérôme de Rocquigny est vice-président en charge de l’emploi et de la formation professionnelle au sein d'une association patronale, le Cerf

Il travaille également avec des représentants des autorités chinoises pour des projets de formation professionnelle. 

Voir la bio »

"L’accompagnement et la formation seront des éléments clés de la mise en œuvre des futurs emplois d’avenir qui ont été lancés par Michel Sapin, ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social et Thierry Repentin, ministre délégué à l’Apprentissage et à la Formation professionnelle, lors de la conférence de presse dédiée à la présentation du dispositif, mercredi 29 août 2012. »

Déclaration qui laisse supposer que tout est acquis alors que les esprits s’affolent face à un constat qui fait peur. En effet, le chômage des jeunes aujourd’hui est une catastrophe et le mot n’est pas exagéré. En 8 ans le chômage des moins de 26 ans est passé de 400 000 à plus de un million.

N’oublions pas que l’ANI et les accords de branches sur les formations en alternance mettant à mal ce dispositif sont passés par là en 2004.

La question est de savoir si on ressort les vielles recettes des contrats jeunes pour éteindre un incendie car on ne peut pas laisser une population de moins de 26 ans sans emploi et sans qualification se morfondre et s’ennuyer dans les quartiers, dans les banlieues difficiles. Cela serait plus que risqué, on se souviendra sans mal de ce qu’il s’est passé en septembre 2005 avec la première hausse spectaculaire du chômage des jeunes.

Peut-on aujourd’hui reprocher au gouvernement de vouloir à tout prix sortir une solution magique pour endiguer ce fléau ? Non sans doute on ne peut décemment pas reprocher à des hommes politiques, d’aussi bonne foi soient-ils, d’essayer… Mais même si les vielles recettes sont souvent les meilleures, permettez moi dans ce cas présent d’en douter. Le gouvernement devrait sans plus tarder organiser dans les jours qui viennent un grenelle sur l’insertion des jeunes (qualifiés, diplômés ou pas) sans les habituels représentants syndicaux, patronaux et salariaux, mais avec les vrais praticiens de terrain qui sont confrontés chaque jour aux problèmes et aussi avec des représentants des petites entreprises (pour rappel, ils représentent 80% des embauches des jeunes en premier emploi).

Encore une fois, nous faisons le constat cruel que les expériences du passé n’éclairent en rien les protagonistes du présent, nous (le CERF) n’avons eu de cesse de répéter depuis 10 ans que les formations diplômantes en alternance sont une des principales solutions pour lutter contre le chômage des jeunes (pour rappel un rapport de l’OCDE de 2009 démontre que le diplôme était l’outil le plus efficace pour lutter contre le chômage des jeunes), et nous faisons chaque année le constat que les partenaires sociaux et non les politiques font tout ce qui est en leur pouvoir pour que le système ne fonctionne pas (plus de 150 000 contrats en alternance en moins chaque année sur 8 ans). Peut-être espèrent-ils voir les fonds dédiés à la formation de jeunes être utilisés à autre chose ?

Alors bien sûr, il faut chercher des solutions pour les jeunes en difficulté : une société qui ne se soucie pas des jeunes et des anciens est une société malade ! Mais il faut que ce soit les acteurs qui soient consultés pour la mise en place de solutions durables et éviter les effets d’annonces spectaculaires mais éphémères et dangereuses pour leur avenir. Alors :

- oui il faut revoir l’apprentissage,

- oui il faut revoir les formations en alternance,

- oui il faut revoir un système scolaire qui chaque année laisse près de 150 000 jeunes sans formation, sans solution, sans éducation, sans avenir... Mais pas avec les protagonistes des vielles recettes confortables parce qu’elles permettent de les laisser dans le confort des habitudes et des privilèges.

Les nouvelles recettes existent mais demandent courage et détermination !

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