Embrassons-nous folleville : pourquoi la rencontre Ayrault/Montebourg ne devrait pas déboucher sur une sanction<!-- --> | Atlantico.fr
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Arnaud Montebourg a créé la surprise à la primaire socialiste en 2011.
Arnaud Montebourg a créé la surprise à la primaire socialiste en 2011.
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Game Over

L’affaire Dailymotion a encore une fois illustré les désaccords entre Arnaud Montebourg et certains membres du gouvernements, dont Pierre Moscovici. Jean-Marc Ayrault reçoit ce jeudi Arnaud Montebourg pour une réunion privée. Sanction ou promotion ?

Mickaël  Darmon et Josée Pochat

Mickaël Darmon et Josée Pochat

Mickaël Darmon est journaliste et éditorialiste à I-télé.

Josée Pochat est éditorialiste à Valeurs actuelles.

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Atlantico : Juste avant la seconde grande conférence de presse présidentielle, Jean-Marc Ayrault rencontre Arnaud Montebourg ce jeudi. Faut-il parler d'un nouveau recadrage ?

Mickael Darmon : Cette entrevue rentre dans le cadre d’une opération de forme et de communication. Il n’y a pas de désaveu. S’il y avait quelqu’un à recadrer, ça serait plutôt Laurent Fabius qui s’insurge contre Bercy mais on ne lui dit rien, de même que la patronne de la BPI, Ségolène Royal, qui critique également l’action de Bercy.

Josée Pochat :Arnaud Montebourg est incontournable à gauche. Au nom, notamment, de sa côte de popularité dans l’opinion. N’oublions pas que c’est lui qui a créé la surprise à la primaire socialiste en 2011. Il fut quand même troisième à la surprise générale, il a même battu Ségolène Royal, et sa popularité n’a cessé de croître depuis lors. Le vrai problème de Hollande, et c’est pour cela que je pense que l’on va faire en sorte de régler le problème de Bercy et y mettre un vrai patron (Michel Sapin, voire Louis Gallois, on parle même de Bernard Cazeneuve), est que tant qu’il n’a pas clairement dit qu’il changeait de politique, qu’il prenait un tournant, qu’il assumait une autre politique, il restera à danser d'un pied à l'autre. Il restera à hésiter entre son aile gauche et son aile modérée, entre ceux qui sont effectivement tenants de la rigueur, du sérieux budgétaire, de la lutte contre les déficits et pour le retour aux critères de Maastricht, et les autres comme Montebourg.

Donc je pense que même si le problème de Bercy est réglé en séparant ce couple dit "infernal", ce n'est pas pour autant qu’on va jeter Montebourg avec l’eau du bain. Et d’ailleurs, on parle déjà de lui donner un autre ministère comme la Justice dans lequel il serait tout seul et s'écharperait moins avec tout le monde. Je ne pense donc pas que le problème disparaîtra.

Quelle est dans ce cas la raison de cette entrevue ?

Mickael Darmon : Il doit forcément y avoir une raison officielle et plausible pour cette entrevue. Néanmoins, on peut remarquer qu’elle a lieu quand François Hollande est devant la Commission européenne avec Fabius et Moscovici et qu’il défend les positions de la France qui vient d'entrer en récession, et à qui la commission demande d’accélérer ses réformes structurelles. Il s'agit seulement une gestion de leur partenaire politique au sein du gouvernement qu’est Arnaud Montebourg. Il porte son score considérable de la primaire.

Josée Pochat : A mes yeux, pour le prévenir et simplement discuter avec lui d’un éventuel autre poste. Tout est envisageable. J’ai du mal à croire que Montebourg soit viré purement et simplement. Que l’on change le casting à Bercy est inévitable, mais je ne vois pas comment Hollande peut se séparer de Montebourg même si c’est un problème.

Quel est le ministre qui est menacé à Bercy ?

Mickael Darmon : C’est difficile de dire qui est menacé en particulier mais ce qui est sûr, c’est que le président va devoir trancher la question de l’organisation de Bercy. La vraie question n’est pas dans le nombre de ministres mais de savoir quelle est la mission générale du patron de Bercy vis-à-vis du président. En générale les profil des patrons de Bercy, à l’époque de Mitterrand et de Jospin, étaient un peu à contre-courant de la politique menée par le président car il joue le rôle paratonnerre vis-à-vis de l’action présidentielle, or aujourd’hui, Pierre Moscovici mène la même politique que le président Hollande ce qui l’affaiblit d’autant plus.

Arnaud Montebourg reste-t-il une pièce maîtresse du dispositif de François Hollande ?

Mickael Darmon :Oui, il est un allié car il lui permet d’envoyer un message à toute cette partie de l’électorat qui se reconnait dans les propos et dans la démarche d’Arnaud Montebourg. Il est géré comme une sorte de courant du PS mais au sein du gouvernement. François Hollande n’oublie pas le poids qu’a exprimé Arnaud Montebourg dans les primaires socialistes (17%).

Josée Pochat : Au sein du gouvernement, il pose problème à Hollande, pose problème à Ayrault, mais il n’empêche que l’opinion c’est difficile de s’en passer sauf à choisir de changer de ligne politique et de prendre une option claire avec une ligne bien définie, ce qui ne semble pas être pour tout de suite sauf surprise... J’ai du mal à y croire. On voit bien que Hollande veut ménager la chèvre et le choux entre ses alliés.

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