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UMP : Scènes (de ménage) 
de la vie parisienne
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EDITORIAL

A Paris, l’élection municipale de 2014 s’inscrit dans la tradition de la droite de la capitale : l’UMP se déchire joyeusement. L’arrivée possible de François Fillon déchaîne les passions et la droite parisienne, Rachida Dati en tête, ne semble pas prête à accepter les parachutages sans mot dire…

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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A Paris, chaque élection donne lieu à un scénario immuable pour la droite : elle se déchire. Il en va ainsi depuisque Jacques Chirac a quitté la scène politique de la capitale. Et la cascade de scrutins programmés s’annonce prometteuse en coups de théâtre, coups fourrés et autres rebondissements. En toile de fond, la question autour de «l’arrivée» aux législatives de 2012 de François Fillon dans la deuxième circonscription (qui englobe les 5e, 6e et 7e arrondissements ) implantation qui serait le prélude à une candidature du premier ministre aux municipales de 2014.

Vivement encouragée par une partie des élus UMP, parmi lesquels le patron de la Fédération, Philippe Goujon et le Président du groupe de l’UMP municipale Jean-François Lamour, mais aussi par l’ancien maire de la capitale Jean Tibéri, cette hypothèse provoque la fureur d’autres élusde la majorité, en rébellion ouverte contre les dirigeants parisiens. Le plus tonitruant d’entre eux est le député maire du 16eClaude Goasguen qui s’élève bruyamment contre les parachutages ministériels. Il est rejoint par la Maire du 7e, qui n’est autre que Rachida Dati. La violence des propos de l’ancienne Garde des Sceaux, mardi sur RTL est à la mesure de l’ambiance qui règne dans les sphères de l’UMP parisienne. « Je ne vois pas comment François Fillon pourrait arriver, m'évincer (...) et quitter la Sarthe où il a construit sa carrière politique », a-t-elle déclaré. « Ce serait un petit peu ingrat vis-à-vis de ses électeurs et de son département, mais ce serait aussi un peu violent de pratiquer la politique de cette manière ».

Première étape : les sénatoriales de septembre et le psychodrame autour de Pierre Charon

Mais les élections législatives, c’est pour l’an prochain et elles seront précédées par les sénatoriales au mois de septembre. Chantal Jouanno a été promue tête de liste UMP qui ne peut guère espérer plus de quatre sièges compte tenu du rapport de forces actuel. La secrétaire d’État aux Sports a été imposée à l’Élysée, mais hormis les vexations et frustrations d’usage, son atterrissage sur la scène parisienne ne devrait pas poser trop de problèmes, d’autant qu’elle compte «s’enraciner » dans le 12e arrondissement. Ce secteur, très peuplé, est en effet primordial pour la reconquête de la capitale et le terrain est laissé vacant par Christine Lagarde en partance pour d’autres cieux.

C’est la place de numéro 4 qui est à l’origine du drame autourde la liste UMP. Revendiquée par l’ancien conseiller de l’Élysée Pierre Charon, elle a été attribuée à un proche de François Fillon, Daniel Georges Courtois, qui préside l’Autorité de Régulation des Télécommunications. Élu du 16e, Courtois qui a fait partie du Cabinet Fillon à Matignon, était aussi considéré comme l’un des éclaireurs du Premier Ministre à qui on prête le souhait de quitter la Sarthe. La désignation de Courtois a été entérinée à la dernière réunion de la Commission d’Investiture de l’UMP, lundi dernier. Courtois a été préféré à Pierre Charon pourtant soutenu par Brice Hortefeux.

Mais l’intéressé n’entend pas en rester là et semble bien déterminé à faire cavalier seul. Il réunit régulièrement ses soutiens et ces derniers lui ont renouvelé leur confiance en début de semaine. Charon ne veut pas révéler leur nombre exact : ils comptaient dix-huit conseillers de Paris et une dizaine de conseillers régionaux dans leurs rangs au départ (sur les 52 élus UMP à Paris). Mais ils seraient plus nombreux aujourd’hui et les conseillers du 7eproches de Rachida Dati devraient se joindre à eux. Sachant que chaque conseiller désigne treize grands électeurs et qu’il faut 169 voix pour obtenir un siège, c’est théoriquement plus qu’il n’en faut pour obtenir un siège de Sénateur de Paris. Jean-François Lamour crie aux apprentis sorciers et redoute quecette candidature fasse perdre un siège mais pour l’heure Charon ne plie pas et il annonce qu’il déposera les noms de ses soutiens le 27 juin.

Il faut dire que ce rassemblement prend de plus en plus les allures d’une fédération des mécontents, exaspérés par la gouvernance des dirigeants de la droite parisienne. Coup de bluff, politique de la terre brulée ? Comment tout cela va-t-il se terminer ? Fidèle à sa ligne, François Fillon reste silencieux et continue d’entretenir le mystère sur ses intentions parisiennes.

Dans la ménagerie, seul l’Élysée demeure relativement indifférent

Quant à Nicolas Sarkozy, il laisse faire. Courtois ou Charon, peu importe : élus, tous deux apporteraient leur voix au candidat de la majorité, Gérard Larcher. Quant à l’élection municipale de 2014, elle ne fait pas figure de priorité à l’agenda présidentiel, celui-ci s’arrêtant pour le moment à 2012. Et la désignation du candidat UMP pour le siège des Français de l’Étranger d’Amérique du Nord qui était dévolu à Christine Lagarde, devient secondaire. D’aucuns y verraient bien l’actuel secrétaire d’État au Commerce Extérieur Pierre Lellouche, un spécialiste des États-Unis, hypothèse que l’intéressé rejette totalement. C’est que Lellouche est partisan de la candidature de François Fillon à Paris, alors que d’autres, notamment la direction nationale de l’UMP emmenée par Jean-François Copé penchent plutôt pour Rachida Dati. Avec, en ligne de mire la présidentielle de 2017. C’est ce que l’on appelle avoir de la suite dans les idées !

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