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Effet chloroforme : ce répit dans la crise qui anesthésie les réformes de la dépense publique
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Editorial

La France est pressée de toutes parts pour lancer, enfin, un vaste programme de réduction de la dépense publique. Mais selon un vieux principe mitterrandien, François Hollande veut donner du temps au temps et se contente d'énumérer les dossiers à traiter.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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La France est pressée de toutes parts pour lancer un vaste programme de réduction de la dépense publique, à l’image des autres pays européens en difficulté. La Banque centrale européenne, le gouverneur de la Banque de France mêlent leur voix au concert de ceux qui critiquent l’alourdissement de la charge fiscale sur les entreprises et les particuliers, alors que rien n’a encore été tenté pour réduire le train de vie de l’Etat. Les agences de notation sont aux aguets, prêtes à sévir, car le gouvernement promet un simple ralentissement dans le rythme des dépenses publiques, mais pas une véritable diminution.

En fait, selon un vieux principe mitterrandien, François Hollande veut donner du temps au temps. Cette fin d’année apporte un peu de baume : la crise de l’euro est jugulée pour l’instant et la devise européenne reprend des couleurs sur les marchés des changes, où le calme est revenu. La France emprunte à des taux historiquement bas. La Bourse vient d’opérer un rebond de près de 20% en un an. Autant de signes qui agissent comme un chloroforme sur la volonté publique, alors que les responsables devraient saisir cette période pour lancer les réformes.

Les séminaires et colloques se multiplient en examinant des rapports toujours semblables qui formulent les mêmes diagnostics. Au cours du dernier en date qui vient de se tenir à Matignon, Jean-Marc Ayrault a souligné une fois de plus : "les Français attendent que tous les acteurs publics maîtrisent la dépense et surtout dépensent mieux et plus efficacement". Il cite en exemple le cas du logement où la France dépense deux fois plus d’argent public que la moyenne des pays développés, alors que la crise de l’habitat n’est toujours pas résolue. Le Premier ministre se pose ainsi en spectateur d’une scène qui se déroule sous ses yeux, en oubliant les responsabilités liées à sa fonction. Sa seule initiative consiste à organiser des réunions, à mettre tout le monde autour de la table, comme le propose en écho la patronne du Medef, Laurence Parisot.

L’ambition affichée est de faire un gigantesque audit national susceptible de déboucher sur des réformes de fond. François Hollande se fixe un horizon, celui du quinquennat. Les discussions sur le marché du travail entre les partenaires sociaux piétinent. Qu’à cela ne tienne : on supprime la date butoir qui avait été assignée et on poursuivra les négociations l’an prochain. Pour l’instant, on énumère le nombre des chantiers, les centaines de commissions Théodule dont l’utilité est discutable, le maquis des 7 000 aides publiques aux entreprises. Ce grand déballage n’est pas fait pour rassurer car il concerne des centaines de milliers de personnes qui craignent  pour leur emploi. Partout, on voit se raidir les comportements, se multiplier les désaccords sur les solutions, selon le vieux principe que "la réforme c’est pour les autres". Le gouvernement affirme qu’il légiférera en dernière extrémité. C'est-à-dire qu’il fera le minimum, voire rien du tout, tant qu’il ne sera pas poussé par la contrainte extérieure. Celle-ci respecte pour l’instant la trêve des confiseurs, mais elle pourrait revenir au galop !                                                                                                                                 

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