Boule de neige : l’Etat espagnol précipite ses banques dans une crise à la grecque<!-- --> | Atlantico.fr
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L'Etat espagnol est en train d'entraîner ses banques dans une crise à la grecque.
L'Etat espagnol est en train d'entraîner ses banques dans une crise à la grecque.
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Domino

Les ministres des finances de la zone euro se réunissaient ce jeudi à Luxembourg avec au menu le programme des réformes en Grèce et la situation des banques espagnoles. L'occasion de faire le point sur l'Espagne dont la situation semble malheureusement se rapprocher de plus en plus de celle de la Grèce...

Philippe Herlin

Philippe Herlin

Philippe Herlin est chercheur en finance, chargé de cours au CNAM.

Il est l'auteur de L'or, un placement d'avenir (Eyrolles, 2012), de Repenser l'économie (Eyrolles, 2012) et de France, la faillite ? : Après la perte du AAA (Eyrolles 2012) et de La révolution du Bitcoin et des monnaies complémentaires : une solution pour échapper au système bancaire et à l'euro ? chez Atlantico Editions.

Il tient le site www.philippeherlin.com

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La situation de l’Espagne s’aggrave parce qu’elle emprunte à des taux de plus en plus élevés, cela nous le savons. Mais il se produit également un autre phénomène qui aggrave la crise que connaît ce pays, et qui l’entraîne droit vers la situation de la Grèce : ce sont essentiellement les banques espagnoles qui achètent – à crédit – la dette émise par Madrid. Il faut bien lire ce passage d’unarticle des Echos :

« La taille modeste de l'opération d'aujourd'hui [émission de 2 milliards d’euros d’obligations à moyen-terme] a permis aux acheteurs domestiques d'absorber l'offre », explique Nicholas Spiro, directeur de Spiro Sovereign Strategy. Depuis les injections de liquidités de la Banque centrale européenne (BCE), les banques domestiques ont pris le relais des investisseurs étrangers, qui fuient le marché de la dette publique espagnole.

Les investisseurs étrangers sont partis, ils ne prêtent plus à l’Espagne, ni d’ailleurs à ses banques, plombées par la bulle immobilière. Ces dernières n’ont donc plus accès au marché interbancaire, elles se tournent alors vers la BCE à qui elles empruntent de l’argent à 1% (le taux directeur de la BCE) pour acheter de la dette espagnole qui rapporte 4 à 6%. Elles le font parce que Madrid les oblige à le faire (sinon personne n’achèterait ses obligations !), et comme le pouvoir soutient les banques en difficulté, elles ne peuvent pas refuser. Elles le font aussi parce que c’est rentable (emprunter à 1% et acheter des obligations qui rapportent 4 à 6%). Cependant ce bénéfice reste minuscule par rapport à leurs créances immobilières douteuses, mais cela apporte une amélioration temporaire.

Ce faisant, la quantité de dette dans le système (BCE-banques espagnoles-Etat espagnol) augmente, on ne fait ici que gagner du temps. Et les banques espagnoles remplissent ainsi leur bilan d’obligations espagnoles : quand l’Espagne devra restructurer sa dette, cela impactera toutes ses banques, et il faudra – encore – les renflouer ! C’est exactement ce qui se passe en Grèce en ce moment. Et la situation devient inextricable car tout le système financier plonge, tandis que l’Etat a toujours besoin d’émettre des obligations parce que son déficit ne diminue pas.

L’étape suivante, on la connaît, c’est le bank run. Les populations se mettent – légitimement – à douter de la solidité de leurs banques, elles retirent leur argent pour le placer à l’étranger ou dans des filiales de banques étrangères. Ce mouvement existe depuis 2011 en Grèce, depuis quelques semaines en Espagne, et il a pour conséquence d’aggraver – encore – la situation des banques, qui doivent emprunter encore plus à la BCE…

La hausse des taux auxquels empruntent les Etats n’est qu’un aspect du problème de la crise de la zone euro, il se développe également une gigantesque bulle obligataire qui risque d’éclater un jour ou l’autre.

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