Edouard Philippe sur TF1 : colmatage à tous les étages
Remaniement a minima et décision d'appliquer la réforme du prélèvement de l'impôt sur le revenu à la source, le premier Ministre Edouard Philippe a tenté d'éteindre l'incendie déclenché par Emmanuel Macron à propos de la réforme fiscale. Deux décisions aux allure de colmatage pour éviter une spirale de crise.
En quelques jours la " dream team" Macron a perdu deux de ses figures les plus populaires et emblématiques, Nicolas Hulot ,le Ministre de l'Ecologie et Laura Flessel, la Ministre des Sports ."En même temps" Emmanuel Macron a ajouté au trouble dans l'opinion en exposant ses doutes sur la bonne faisabilité du prélèvement de l'impôt à la source au 1er janvier 2019 . Tout cela dans un contexte d'impopularité record (-supérieur à celui enregistré par son prédécesseur à la rentrée 2013 ; un comble pour le chef de l'Etat qui se pose en anti-Hollande !), et de doutes sur la politique économique du gouvernement (chômage en hausse, croissance inférieure aux prévisions ) . Avec le mélange de stupeur et de flottement qui ont suivi la démission de Nicolas Hulot , et la possible reculade sur la réforme fiscale tous les ingrédients étaient réunis pour qu'éclate une crise politique d'ampleur, anéantissant l'image réformatrice d'Emmanuel Macron et de son Gouvernement . Le mini remaniement d'hier et la décision (-annoncée par le Premier Ministre au 20H de TF1), de ne rien changer au projet de prélèvement à la source ont marqué la fin des atermoiements et mis un coup d'arrêt à la spirale descendante. Mais sans garantie de remontée...
Un simple communiqué de l'Elysée a annoncé la nomination de François de Rugy au Ministère de la Transition Ecologique et de l'ancienne championne de natation Roxana Maracineanu à celui des Sports en remplacement de Laura Flessel dont le départ surprise a encore ajouté à la confusion ambiante. Les états d'âme de Nicolas Hulot - largement relayés, à propos du manque de volonté politique d'Emmanuel Macron de "sauver la planète" ont alimenté la chronique pendant toute la semaine passée...Les spéculations se focalisent maintenant sur le degré de conviction écologique du Président de l'Assemblée Nationale, ancien membre d'EELV (les Verts), élu de Loire-Atlantique, farouche adversaire de l'aéroport de Notre Dame des Landes, et sur sa capacité à s'opposer à des projets controversés par les écologistes . Les ennuis fiscaux présumés de Laura Flessel à l'origine de son départ "pour raisons personnelles", ont été pour l'heure été relégués au second plan. Quant à la remise en question du prélèvement à la source, qui avait (re) ouvert un boulevard aux opposants à la réforme et provoqué un tollé à Bercy, voire un bras de fer entre le gouvernement et l'administration fiscale, elle a aussi semé le trouble dans la majorité LREM dont les élus sont les plus fervents défenseurs de son application au nom de l'esprit de réforme et de sa prétendue modernité. Il était plus temps de mettre fin à la confusion ambiante . Fragilisé par les derniers épisodes, Emmanuel Macron a préféré laisser Edouard Philippe annoncer au 20H de TF1 qu'on ne change rien car il a la" certitude, la conviction", mieux " la garantie" que tout va bien se passer ...Il le sait, il l'a appris au cours de "réunions affreusement techniques"...Evidemment, si lui-même y perd son latin ! Les bugs lors des tests ? L'administration est à l'oeuvre pour les réparer ; tout va bien se passer .Il ne reste plus qu'à attendre ...la fin du mois de janvier 2019, puisque c'est à la fin du mois que l'impôt sera prélevé...On saura alors si les craintes d'Emmanuel Macron étaient ou non justifiées. Dans l'immédiat, bloquer la réforme revenait à tenter de stopper net une locomotive lancée à pleine vitesse après avoir procédé à des investissements colossaux pour atteindre cette performance. C'était impossible, même si la machine devait s'emballer ou avoir des ratés. C'est pour cela que l'on procède à des tests. S'il s'avère qu'ils étaient insuffisants et qu'un accident se produit, la responsabilité incombe à celui qui donne "le top départ" . L'arrêter aujourd'hui c'était prendre le risque d'une débandade politique ; l'assumer est tout simplement "normal", quand on occupe les plus hautes fonctions de responsabilité. Normal, un qualificatif que n'aime pas Emmanuel Macron, mais qui le ramène à la réalité !
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