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Écoutez la triste complainte du pauvre électeur de droite…
©AFP

Pitié pour lui !

Ses chefs lui disent une chose, et puis une autre. Sa patience est à bout.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Ça fait des mois qu'il erre comme une âme en peine. On lui dit de regarder à droite. Puis à gauche. Mais jamais vers le haut. L'électeur de droite en a le tournis. Et à force, il se demande si ses maîtres, ses chefs, ses guides ne le font pas tourner en bourrique. 

On lui a d'abord répété avec insistance que Macron c'était Hollande. Un produit de la finance. Un caniche de Merkel. L'électeur de droite a écouté et entendu. Un message limpide et contrasté qui lui a fait plébisciter Fillon à la primaire de la droite. Il aimait bien Fillon, l'électeur de droite. L'ancien Premier ministre lui parlait sans détour de la France, de l'identité nationale, des racines chrétiennes de notre pays et des dangers du fondamentalisme islamiste. 

Il était content, l'électeur de droite. Lui qui, ces dernières années, avait senti le sol de son pays se dérober sous ses pieds, retrouvait enfin le goût de la terre qu'il voulait aimer. Puis est venu le temps des tourments. Les affaires ont plombé la candidature de son favori. Et nombre de ses chefs tétanisés par cette déferlante venue de la gauche, et organisée par elle, ont lâché Fillon, devenu infréquentable. La presse le disait. Les chefs de la droite la suivaient, parce qu'ils tiennent avant tout à être en bonne compagnie : celle des journalistes. 

Puis l'électeur de droite, ayant contemplé tristement le cadavre de Fillon, fit l'objet d'autres sommations de la part de ses maîtres. Puisque la finale allait opposer le candidat d'En Marche ! et Marine Le Pen, il lui était intimé de voter Macron. Oublié le Macron héritier de Hollande. Effacé le Macron adorateur de l'argent-roi. C'était Macron ou rien. Les journaux le clamaient en rafale. Sur les plateaux des télévisions et des radios, chroniqueurs et invités se succédaient pour dire tout le bien qu'ils pensaient du mari de Brigitte Trogneux, seul rempart contre l'inquiétante Marine Le Pen. 

Si le mot dignité avait eu encore un sens pour eux, les maîtres de la droite auraient pu dire aux pauvres électeurs qu'ils n'étaient nullement tenus de choisir entre la peste et le choléra. C'était mal les connaître. Les chefs de la droite aiment les dîners en ville. Dans ces dîners, toutes les tables sont de gauche. Et pour être convié à ces désirables agapes quand on est de droite il faut se faire tout mignon, tout doux. Un sésame était nécessaire : le nom de Macron, qui suscita à droite quelques transes amoureuses. L'électeur de droite, désemparé, vota dans certains cas Macron, s'abstint, vota blanc ou nul et, parfois, apporta ses suffrages à la présidente du Front National. 

Mais il n'était pas au bout de ses souffrances. À peine Macron élu, avec leur soutien, les maîtres de la droite adressèrent un autre message comminatoire aux gueux et aux manants qu'ils traitaient comme de la chair à canon. L'électeur de droite devait brûler ce que lui on avait dit d'adorer, et voter énergétiquement contre Macron aux législatives pour l'empêcher d'avoir une majorité. Le mauvais, le méchant Macron était revenu. Et l'électeur de droite passa du désarroi à la colère : "mais ils me prennent pour un con !".

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