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Récession : à la veille d'une rechute ?
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Toboggan

Certains observateurs envisagent une récession à double détente.

"Où est la reprise ?" titrait la Une de l'hebdomadaire américain Time datée du 2 mai 2011, tandis que le sous-titre dénoncait "Les cinq mythes de l'économie américaine" des mythes destructeurs soulignait l'article.

Premier mythe : c'est un trou d'air provisoire, cela va repartir à toute vapeur (en fait, même si les économistes sont majoritairement optimistes, le rythme des créations d'emploi est insuffisant).

Deuxième mythe : un troisième plan de relance pourrait nous sortir d'affaire (les créanciers de l'Amérique, en commençant par la Chine ne verraient pas d'un bon oeil que l'on réutilise la planche à billets).

Troisième mythe : le secteur privé va améliorer la situation (en fait les entreprises ont beaucoup d'argent, une bonne trésorie, mais pas leurs employés).

Quatrième mythe : créez des emplois et les gens vont déménager pour venir les occuper (mais la crise immobilière a aggravé le ralentissement de la mobilité des Américains).

Cinquième mythe : les créateurs d'entreprises, les entrepreneurs sont la base de l'économie (en fait le taux de création d'entreprise baisse depuis les années 80).

"Un deuxième plongeon est-il probable ?"  se demande le même hebdomadaire le 8 juin expliquant qu'au cours des dernières semaines, plusieurs rapports inquiétants évoquent cette possibilité. Et certains s'étonnent que le président de la Banque Fédérale, Ben Bernanke, ne fasse rien pour relancer l'économie et éviter ce deuxième trou d'air tant redouté.

Time explique que les optimistes n'y croient pas : les doubles récessions sont très rares. Dans la période récente, il n'y en a qu'une qui reste en mémoire au début des années 80. Un spécialiste, Ed Leamer souligne que les récessions se produisent généralement quand les ménages et les entreprises cessent d'acheter après une période d'activité économique intense. Selon lui, ce n'est pas le cas actuellement, même si les dépenses de consommation ont diminué récemment, les gens ont remis à plus tard leurs achats entre 2007 et 2010. ils ne devraient pas continuer à le faire.

On peut opposer à cet optimisme, la persistance de la morosité du marché immobilier américain, mais Time estime que l'immobilier à lui seul ne suffirait pas à provoquer une récession. Et les économistes américains réputés interrogés par l'hebdomadaire estiment que le risque d'une double récession n'est que de 20 à 25%. 

Nariman Behravesh, économiste réputé chez IHS interrogé par Bloomberg est aussi optimiste, reconnaît qu'il y a un coup de mou, mais  ne croit pas à une double récession, tout en reconnaissant que la hausse du prix du pétrole est un problème et que les consommateurs restent prudents..

Le 10 juin, une analyse extraite de l'ETF Profit Strategy Newsletter reprise sur le site de l'indice Nasdaq se demandait si divers indicateurs économiques ne montraient pas que l'on préparait le cercueil de l'économie américaine, alors que les chiffres du chômage pouvaient refermer le couvercle qu'il s'agisse du nombre de maisons vendues ou de l'index des prix de l'immobilier Standard & Poor/Case-Shiller Home Price Index publié le 31 mai. Cet index montrait que les prix de l'immobilier ont reculé de 4,2% au premier trimestre 2011 ramenant l'indice à son niveau le plus bas... depuis 2003.

L'analyse soulignait aussi que si les chiffres du chômage étaient acceptables, en apparence, c'est parce qu'ils avaient été maquillés avec élégance, en excluant ceux qui sont sans emploi depuis plus de 99 semaines.

Une vision pessimiste qui serait partagée par près de la majorité des Américains si l'on en croit un sondage CNN/Opinion Research Corporation publié le 8 juin (PDF des 29 pages de résultats) signalé par le magazine Forbes.  On y lit que 48% des Américains craignent que l'on se dirige vers une nouvelle Grande Dépression, comme celle de 1929, la pire crise économique et la plus longue qu'ait jamais connu les USA au XXe siècle.

L'économiste Nouriel Roubini qui avait annoncé la crise de 2008 et souligné les risques de la bulle immobilière américaine avant qu'elle n'éclate estime qu'une tempête pourrait menacer l'économie mondiale signale Bloomberg. Cette tempête serait provoquée par la crise budgétaire américaine, le ralentissement économique de la Chine, la restructuration de la dette de la zone euro et la stagnation de l'économie européenne.

"C'est une statistique impressionnante. Une autre Grande Dépression. pas une récession. Pas une baisse du niveau de vie" souligne l'auteur de l'article de Forbes, avant d'ajouter, à l'intention des investisseurs de ne pas se tromper, en se comportant comme des moutons entourés de loups. Pour lui, les moutons ne se trompent pas seulement en général, mais tout le temps.

Et il précise qui sont les moutons : ce sont ceux qui ont des maisons de cinq chambres au milieu de nulle part, sans apport personnel, et sans même avoir les moyens de payer un emprunt pour une maison deux fois plus petite. L'auteur conclut en s'en prenant à l'Américain moyen qui n'achètera plus d'actions pendant le reste de sa vie, car il en a été dégoûté. Forbes cite un autre sondage CNN montrant que 44% de Américains n'achèteront plus jamais d'actions en bourse alors que 25% envisagent de le faire cette année, et 31%pas avant un an. Pourquoi ? Parce que 58% d'entre eux disent avoir perdu leur foi envers les marchés. Un crime aux yeux de Forbes.

L'auteur de l'article accuse l'Américain moyen d'avoir abandonné sa passion du capitalisme, et de l'avoir remplacé par la passion des armes à feu : "Armé jusqu'aux dents, il attend la lutte finale, la catastrophe finale qui n'arrivera jamais" (Armed to the tooth, he sits waiting for an Armaggedon that will never arrive.).

Espérons que Forbes a raison.

Gilles Klein

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