Dominique Strauss-Kahn, prophète de (son propre) malheur<!-- --> | Atlantico.fr
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La maison de Tribeca, un quartier bobo haut de gamme de Manhattan, où DSK devrait résider pendant toute la durée de son procès.
La maison de Tribeca, un quartier bobo haut de gamme de Manhattan, où DSK devrait résider pendant toute la durée de son procès.
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Zone franche

Le « problème » avec les femmes ? C’est plutôt pas mal engagé… Le fric ? Ça aussi c’est lancé… Bon, mais qui s’occupe de la judéité ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Dans sa prophétique interview secrète à Libération, un Dominique Strauss-Kahn encore présidentiable s’inquiétait d’attaques visant, dans l’ordre, son intérêt pour la gaudriole, son aisance financière et sa judéité…

Bon, pour ce qui est du danger number one, on conviendra qu’il s'est débrouillé pour creuser son trou tout seul comme un grand (non, ce n'est pas un mauvais jeu de mot). Et si l’on reste prudent quant à sa culpabilité dans l’affaire du Sofitel, les langues se sont suffisamment déliées pour que le rapport aux femmes du bonhomme apparaisse sous un jour nouveau. Y compris du point de vue des gens les mieux disposés à son égard, à vrai dire.

C’était d’ailleurs mon cas, puisque je suis désormais membre d’honneur du club des déçus du DSKisme. Ou plutôt des déçus du DSKiste en chef, ce qui est très différent. Voire pire.

Mais l’intérêt des gazettes surfe maintenant vers le second récif, soit les sommes astronomiques qu'est capable de mobiliser pour sa défense l’ancien élu de Sarcelles ― la banlieue populaire parisienne où Nafissatou Diallo aurait sans doute élu domicile, eut-elle choisi la France pour vider les poubelles de la bourgeoisie occidentale.

Une caution de plusieurs millions de dollars en cash et en biens immobiliers, des frais d’avocats et d'auto-flicage évalués à quelque 200 000 dollars par mois, une prison dorée à 35 000 euros de loyer... On est effectivement assez loin des éconocroques sommeillant sur un Livret A pour un éventuel coup dur !

« J'aime pas les riches » ou le retour du refoulé

Tiens, même Benoît Hamon jeudi sur France Inter « comprenait » que ça puisse choquer, tout ce pognon. Il n’en est pas encore à faire des conversions outragées en milliers d’années d’équivalent-SMIC pour mieux marquer sa réprobation socialiste, mais on sent bien que ça viendra après quelques révélations de France-Soir sur la taille de l’écran plasma dans le mini-cinoche ou la profondeur de la baignoire à remous derrière la salle de gym.

Quoi, le PS s’apprêtait à investir un type aussi riche ? Quand le socialiste authentique se nourrit exclusivement des pelures de carottes et fait ressemeler ses espadrilles au moins trois fois avant d’envisager d’en acheter une nouvelle paire ! Quelle trahison !

D’ici à ce que l’on voit défiler ses anciens amis bouleversés à la télé pour expliquer que, oui, bien sûr, on savait qu’il avait des moyens, mais pas ce genre de moyens, il n’y a qu’un pas… « Money can’t buy you friends », c’est pas nouveau.

Pour la judéité, troisième terme de la prophétie, c'est le juge lui-même qui vient d'ouvrir ― en toute innocence, ces Américains ne comprennent décidément rien à notre culture nationale ―, un boulevard aux amateurs en privant DSK de promenade à Central Park mais pas d’office à la synagogue de son quartier. Qu’il s’avise d’aller trouver son directeur de conscience shabbat prochain (coupable ou non, il a bien deux trois trucs à se faire pardonner) et je veux bien prendre des paris sur la nature des commentaires anonymes d’articles sur le Web…

Bah, tout ça n’a désormais plus beaucoup d’importance. Apôtres hypocrites de l’ascèse ou contempteurs mal-embouchés du premier des monothéismes peuvent bien s’en donner à cœur joie : c’est par son propre glaive qu’aura péri le pêcheur (non, toujours pas de jeu de mot), pas sous la médiocrité de leurs attaques. Mais finalement, ça aussi, c’est pire.

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