"Je ne sais pas si DSK aura envie de revenir"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
"Je ne sais pas si DSK 
aura envie de revenir"
©

Effet boomerang

Et si DSK sortait acquitté et renforcé de son arrestation pour viol ? Il ne tiendrait alors qu'à lui de choisir de revenir sur la scène politique... et de perturber la primaire socialiste. Pour son biographe Michel Taubmann, qui lui a parlé récemment, il sera sans doute tiraillé entre besoin de réhabilitation et envie de passer à autre chose.

Michel Taubmann

Michel Taubmann

Michel Taubmann est journaliste.

Il a publié en 2011, Le roman vrai de Dominique Strauss-Kahn. Il est également le directeur de la revue Le Meilleur des Mondes.

 

Voir la bio »

Atlantico : Les informations du New York Times semblent tout changer pour l’avenir de Dominique Strauss-Kahn...

Michel Taubmann : J’ai toujours dit qu’il fallait attendre la fin de la procédure judiciaire pour enterrer DSK. Dans ma biographie, qui a été republiée jeudi, j’ai répété que j’ai toujours pensé qu’il était un séducteur, mais pas un violeur. Donc, je ne suis pas surpris. Je le suis en revanche par la rapidité du dénouement.

Là, nous sommes dans une situation où tout est à nouveau ouvert. A partir du moment où l’hypothèque judiciaire qui pèse sur DSK est levée – que ce soit aujourd’hui ou dans deux semaines – il n’y a aucune raison pour que Dominique Strauss-Kahn ne revienne pas à la vie politique française. Maintenant, c’est à lui seul de prendre la décision.


En à peine un mois et demi, le camp strauss-kahnien s’est délité. Moscovici, Cambadélis et les autres ont tous choisi de rejoindre des candidats différents. Est-ce que le strauss-kahnisme existe encore ?

Ce qui est très étonnant, c’est la capacité du strauss-kahnisme à se rétracter et à se redévelopper. On l'a déjà vu dans le passé, après le départ de Dominique Strauss-Kahn au FMI en 2007 : les strauss-kahniens s'étaient éparpillés dans le parti. On a vu un groupe très hétéroclite. Ces derniers jours aussi, on a vu Jean-Christophe Cambadélis rallier Martine Aubry, Jean-Marie Le Guen aller vers Ségolène Royal, et Moscovici rallier François Hollande.

Mais à partir du moment où l'on voit l’espoir que Dominique Strauss-Kahn revienne sur la scène politique, le strauss-kahnisme se reforme. Car les choix qu’ils avaient fait individuellement étaient des choix par défaut.

Leur courant n’est pas seulement un homme, mais c’est un courant qui a une légitimité à condition d’avoir un chef. Quand celui-ci disparaît, le courant se décompose.


Un retour de DSK dans le processus des primaires socialistes est-il envisageable ?

Il faut évidemment laisser les socialistes décider, mais je pense que l’événement est d’une telle ampleur que le calendrier formel pourrait être bousculé. Normalement, on a juste qu’au 13 juillet pour pouvoir déposer sa candidature, mais je vois mal les socialistes lui dire qu’il a dépassé le calendrier réglementaire si Dominique Strauss-Kahn se déclare le 15 juillet ou le 30 août. On est évidemment dans le conditionnel, mais je pense vraiment que la question du calendrier serait secondaire s’il voulait se présenter.


Est-ce qu’il a vraiment l’envie et les capacités de revenir ?

Il a montré dans cette épreuve une force de caractère exceptionnelle. Dans les rares conversations que j’ai eues au téléphone avec lui, j’ai entendu un homme qui clamait son innocence et qui ne craquait pas dans une épreuve kafkaïenne.  Sa femme a aussi fait preuve d’un courage exceptionnel.

Après, est-ce que cet homme et cette famille qui ont beaucoup souffert – il ne prendra pas sa décision tout seul – vont être poussés par un besoin de réhabilitation et d’aller au bout ? Ou est-ce qu’il va se retirer de la vie politique active ? Je suis incapable de vous le dire à l’heure qu’il est.


Globalement, est-ce qu’il ressort renforcé de cette épreuve ?

Cette arrestation pourrait avoir réglé d’autres problèmes, comme celui de la démission du FMI. Cela n’aurait pas été évident à négocier en période de crise grecque et européenne aggravée, mais tout a été réglé à son corps défendant.

En ce qui concerne la primaire, s’il décide demain de se présenter, les autres auraient beaucoup de mal à s’y opposer, parce qu’il apparaît comme quelqu’un qui a été victime d’une telle injustice qu’il sera difficile de s’opposer à lui.

De plus, dans le cadre de mon enquête pour le livre Le roman vrai de Dominique Strauss-Kahn, beaucoup de gens sont venus me solliciter pour me parler de rumeurs et de scandales, dont aucun n’a été prouvé. Je ne vois pas aujourd’hui quelle affaire pourrait nuire à sa réputation. Avant de sortir quoi que ce soit dans la presse à son encontre, on y réfléchira à plusieurs fois. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !