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"Comment je me suis retrouvé
au coeur du complot DSK"
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Fact checking

La théorie du complot contre Dominique Strauss-Kahn s'est très vite répandue sur les réseaux sociaux. Jean-Baptiste Soufron raconte comment il a été pris dans un engrenage qui fit de lui la source à partir de laquelle la première information sur l'arrestation de DSK aurait été transmise.

Jean-Baptiste Soufron

Jean-Baptiste Soufron

Ancien Secrétaire Général du Conseil National du Numérique et Directeur du Think Tank de Cap Digital, Jean-Baptiste Soufron est aujourd'hui avocat chez FWPA Avocats

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Mardi après-midi, je reçois un coup de fil d'Aymeric Goetschy, l’un des journalistes d’Atlantico me demandant si oui ou non j’étais au courant de l’arrestation de DSK avant les médias, et comment ce serait possible. Une journaliste de RMC avait contacté l'équipe d'Atlantico pour le leur demander après avoir relu quelques tweets. Et, compte tenu des accusations portées depuis quelques jours contre @arnauddassier et Atlantico, il a jugé bon de me demander quelques explications.

Les faits ne sont pas très compliqués. J’ai découvert le scandale comme tous les utilisateurs de Twitter sur ma timeline samedi en fin de soirée, puis sur le site du New York Post. J’ai alors commencé à suivre le canal #dsk jusqu’à ce qu’il devienne un trending topic Twitter et que mon ami @samgustin, chef de bureau de Wired à New York, me contacte. Travaillant à seulement quelques centaines de mètres du bureau de police concerné par l’affaire, et échangeant avec moi en DM pour essayer de comprendre le point de vue français sur cette affaire, Sam disposait d’excellents contacts avec ces policiers. Après avoir échangé avec eux au téléphone, il m’a rapidement convaincu que l’affaire était très sérieuse et que les enquêteurs étaient sûrs de leur coup.

J’ai alors commencé à être très étonné par la teneur des réactions sur Internet. Au fur et à mesure de la soirée, de plus en plus de gens reprenaient l’hypothèse d’un complot ou d’une machination, allant jusqu’à écrire un article sur le Post pour décrire l’arrestation de DSK comme étant une machination de proches de l’UMP (entre autres exemples, cet article).

Les deux premiers tweets sur l’affaire étaient issus de @j_pinet et @arnauddassier, le premier membre de l’UMP et le second connu pour avoir été l’un des conseillers de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy, et pour être l’un des actionnaires minoritaires d’Atlantico – souvent présenté comme le Rue89 de droite.

D’où la question de bien des usagers de Twitter et des lecteurs du Post : comment @j_pinet et @arnauddassier ont-ils eu vent de cette affaire avant le New York Post si ce n’est en étant en contact avec d’autres personnes qui seraient à l’origine de l’arrestation – laquelle serait donc un coup monté.

La réponse n’était pourtant pas compliquée. Ils étaient au courant parce qu’un témoin de la scène leur en avait parlé.

Or il se trouve que ledit témoin – toujours anonyme à ce jour – est l’ami de Camille, une camarade et collaboratrice. De mon coté, informé par @samgustin, j’avais de plus en plus de mal à garder mon calme face aux réactions que je pouvais lire sur Twitter et sur Facebook. Après quelques heures d’échanges parfois très tendus, mon amie Camille s’est rendue sur mon wall pour y poster un échange avec son camarade new yorkais dans lequel celui-ci confirmait l’arrestation, être témoin et se déclarait comme étant la source de @j_pinet.

Facebook étant Facebook, et à la suite d’un message de @megaconnard attirant l’attention sur mon wall,plusieurs personnes ont cru que c’était moi qui avait posté ce message et que je me déclarais comme la source de @j_pinet – une idée notamment relayée par @vincentglad – puis le lendemain par @rosselin.

Or il se trouve que je connais bien @rosselin pour avoir travaillé avec lui il y a quelques années sur Vendredi. Après l’avoir appelé pour lui signaler que ce n’était pas moi qui avait posté ce message sur mon wall, il a bien immédiatement compris l’erreur qui venait d’être faite et il s’en est aussitôt excusé sur sa timeline.

De son coté, contactée par plusieurs journalistes, mon amie Camille n’a souhaité transmettre le contact de son ami à personne. Du moins pour ceux qui comprennent le fonctionnement de Facebook car de nombreux autres m’ont contacté directement en pensant eux aussi que c’était moi la source – et d’autres arrivant plus tardivement sur l’affaire continuent visiblement à le croire.

Le résultat ?

Personne ne sait bien sûr ce qui s’est passé, et le fait d’être certain de l’arrestation, voire même de l’existence d’une victime, n’anéantit pas la possibilité d’une manipulation – ce ne serait pas la première fois.

Mais de là à me retrouver comploteur depuis la chambre de mon hôtel de Marseille – un Sofitel justement…

Comment ensuite donner le moindre crédit aux affabulations des uns des autres ? Quelle erreur de communication incroyable que d’avoir choisi de relayer l’idée d’un complot sur la base de deux tweets et d’un post Facebook sans avoir pris la peine d’aller chercher plus loin – ou de trouver d’autres éléments.

Alors le résultat ?

Le résultat, c’est une vraie capacité à se discréditer, une consternation chauvine immédiatement dénoncée par @gunthert, des imprécations très vite considérées comme ridicules.

Et un retour de bâton en forme de prise de posture morale de l’UMP qui a su profiter de l’absence de réponse crédible de la gauche – malgré une série de démissions et de scandales qui dure pourtant depuis plus de 2 ans.

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