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La droite devrait attaquer les alliances du PS avec des forces d'extrême gauche
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La semaine Goldnadel

Cette semaine, Gilles-William Goldnadel revient sur l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy, sur la campagne du candidat socialiste et sur l'engagement des artistes en politique.

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Il a notamment écrit en 2024 "Journal de guerre : C'est l'Occident qu'on assassine" (éditions Fayard) et en 2021 "Manuel de résistance au fascisme d'extrême-gauche" (Les Nouvelles éditions de Passy). 

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Dimanche, Sarkozy, excellent le dos au mur, tétanise ses interrogateurs et méduse l’opinion. Ce lundi, Sofia Aram, qui est à l’humour ce que Tyson est à la tendresse, raille les Delahousse et Chazal et compare finement le Figaro à la Pravda. Décidément, France inter a trouvé sa Mère Courage. En revanche, il aura suffi que François Hollande fasse la preuve qu’il était capable, à la manière du roi George, de prononcer  sans bafouiller un discours énergique devant un public acquis et une presse empathique pour emporter une adhésion, peut-être irrésistible. Ainsi, le favori est-il parti en guerre contre le monde de la finance. Une hydre sans tête, encore plus chimérique que les 200 familles que le Front Populaire avait dans le collimateur. Elles au moins, présentaient le mérite d’être cernables et quantifiables.

Il y avait, effectivement, du Stéphane Hessel dans l’incantation dominicale de l’impétrant socialiste appelant à la vindicte contre les méchants. Que parmi les financiers détestés en grappe, certains soient détestables, ceci n’est guère contestable. Encore faudra-t-il un jour brosser le portrait robot du trader international et internationaliste des temps mauvais qui se voulaient modernes. On verrait que dans les penthouses de Manhattan, de Londres ou de Paris, on ne pense guère autrement que dans les lofts branchés des artistes ou des champions de tennis. Contrairement à ce que pensait Karl Marx, les prolétaires ont une patrie. Eux. Et ils y tiennent.

La crise économique sanctionne Nicolas Sarkozy d’une double peine. Elle lui fait porter le chapeau, bien trop grand pour sa tête, d’un désastre continental. Elle l’empêche de faire de l’angoisse identitaire son principal cheval de bataille payante. Dans la foulée du destrier, le président sortant aurait pu livrer un kulturkampf au couteau contre l’idéologie éthérée et ses relais médiatiques. Cette injustice conjoncturelle serait totale, si le candidat au renouvellement n’avait pas, dès son intronisation, renoncé à ce combat culturel qu’il avait promis. On pardonnera l’euphémisme, mais il n’est pas sur qu’une repentance suffise à obtenir l’absolution populaire.

Parmi les combats prioritaires qu’une droite intelligente aurait dû mener dès son intronisation, s’imposait la critique des alliances d’extrême gauche de la social-démocratie à la française. Las, tout en donnant son flanc béant au reproche d’un flirt intellectuel platonique avec un parti très national, la majorité, distraite, n’a pas eu un mot de reproches à l’égard du concubinage notoire avec le PC, les Verts ou le Front de Gauche. Et c’est ainsi que François Hollande a pu tranquillement envisager une cohabitation demain avec M. Mélenchon sans déclencher le moindre toussement. Alors encore que droite et droite extrême vont se déchirer à coups de crocs pendant la campagne, les gauches, futées, et leurs électeurs rompus à la manœuvre, attendront les lendemains qui déchantent.

Le Figaro du samedi 28, par la plume de Claire Bommelaer, consacrait un article aux « artistes qui se frottent à la politique ». La journaliste croyait devoir les mettre en garde contre un danger qu’illustreraient les quolibets reçus par un Yannick Noah chez les partageux bien qu’en délicatesse avec le fisc. Voire.
L’honnêteté élémentaire me commande de plutôt déconseiller aux rares artistes qui en auraient l’idée, le courage et l’indépendance d’esprit, de s’engager autrement qu’à gauche. Ainsi le malheureux Doc Gynéco n’a plus beaucoup d’impôts à payer depuis qu’il a eu l’inconscience de s’enrôler il y a cinq ans derrière Sarkozy. Se produire en public est aujourd’hui une épreuve pour un valeureux qui passe pour avoir trahi et sa caste et sa classe.



Tous les journaux français ont annoncé la victoire triomphale des Frères Musulmans et des salafistes aux élections égyptiennes. Pas un n’a bronché, daubé, et encore moins admonesté. Un Viktor Horban, en Hongrie, a déchaîné plus de commentaires acérés. On n’ose imaginer les prophéties de malheur et les anathèmes que déclencherait l’élection démocratique d’un seul candidat populiste autrement plus placide en Europe. Dans le même Figaro, Renaud Girard met en garde les naïfs sur les risques pour les minorités chrétiennes et alaouites qu’entrainerait la chute du despote syrien. Qui va se résoudre à dire, que la seule alternative politique actuelle dans le monde arabe réside entre le mauvais et le plus mauvais ? Les bloggers et autres libéraux ayant amorcé la pompe islamo-révolutionnaire auront-ils servi d’intelligents utiles ?

Ce n’est certainement pas en considération de ce  désespérant réalisme que nos grandes consciences et nos militants antiracistes en keffieh n’ont pas foulé le pavé parisien de leurs souliers indignés. Où sont-ils pour crier halte au massacre des enfants syriens ? Mais où sont donc passés Besancenot, Gaillot et Mouloud Aounit ? Je finirai par m’inquiéter.

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