Derrière l’empressement à se rapprocher du centre, la peur de François Hollande d’une défaite de la gauche aux législatives même après son éventuelle victoire à la présidentielle de 2017<!-- --> | Atlantico.fr
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La projection des résultats du 1er tour des régionales sur les législatives montre que le FN serait présent au second tour dans près de 380 circonscriptions et en tête dans près de 230. D'où les appels du pied de François Hollande à la droite modérée.
La projection des résultats du 1er tour des régionales sur les législatives montre que le FN serait présent au second tour dans près de 380 circonscriptions et en tête dans près de 230. D'où les appels du pied de François Hollande à la droite modérée.
©Reuters

Une élection en cache une autre

Si le recentrage de François Hollande et du Gouvernement font beaucoup parler dernièrement, l'objectif visé par le chef de l'Etat se situe certes en 2017, mais n'est pas forcément celui que l'on croit.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Le premier tour de la présidentielle de 2017 est déjà dans toutes les têtes. Le second itou. Mais on parle peu des législatives qui vont suivre. Elles sont pourtant à haut risque. En effet, le FN risque d'être en très forte progression. La projection des résultats du 1er tour des régionales sur les législatives montre que le FN serait présent au second tour dans près de 380 circonscriptions et serait en tête dans près de 230. Selon l'expert électoral Xavier Chinaud, dans près de 70 circonscriptions le FN passerait les 40%... Pour l’institut Harris Interactive, le parti de Marine Le Pen pourrait espérer jusqu’à 76 députés. Des chiffres jamais égalés qui réduiraient d'autant la représentation des autres groupes politiques et notamment les deux groupes traditionnellement majoritaires, les LR et le PS. Quel que soit le président élu, et donc quelle que soit la couleur politique de la future Assemblée nationale, une majorité aura bien du mal à se dégager. Elle sera toute relative et se constituera sur la base d'alliances qui ne seront pas naturelles. Avec qui François Hollande va-t-il, en effet, gouverner s'il est réélu ? Les tensions avec EELV et le Front de Gauche lui barrent, aujourd'hui, la route d'une alliance à gauche. Et même si les choses peuvent changer en quelques mois, François Hollande aura vraisemblablement besoin du centre pour voter ses textes.

D'où ses appels du pied, et ceux de Manuel Valls, à la droite modérée. D’où, peut-être, cette déchéance de nationalité et ces efforts en matière économique ou sociale, comme la réduction de la durée d'indemnisation des chômeurs. D'où la présence très symbolique du président de la République aux cotés de Xavier Bertrand quelques jours après son élection pour inaugurer un monument commémorant les fraternisations entre soldats pendant la Première Guerre Mondiale. Le chef de l’État avait alors évoqué "une responsabilité commune pour répondre (...) aux défis, aux alertes qui nous sont aujourd'hui lancées", appelant à "la concorde" et à ne "pas transformer nos divergences en discordes". D’où les discussions qui existent aujourd'hui entre le Premier ministre et Xavier Bertrand, Christian Estrosi ou Jean-Christophe Lagarde. Et certains d'imaginer même, pour faciliter les choses, l'entrée dans un gouvernement socialiste post-2017 d'un Jean-Pierre Raffarin, d'une NKM ou d'un Gérald Darmanin. "Valls a ouvert la porte, on va voir s'il est capable de sauter de l'avion", souriait récemment en off un leader centriste.

Il s'agit évidemment et avant tout de séduire un nouveau spectre électoral mais aussi de s'attacher des élus de l'autre bord, de rendre plus évident un ralliement, le jour où il sera nécessaire, pour constituer une majorité, éviter une cohabitation et gouverner ensemble. Une sorte de Cartel des gauches new-age. Cartel qui dans les années 20 incluait, en effet, les radicaux de droite. François Bayrou pour sa part n'imaginant aucune alliance si François Hollande n'a pas, au préalable, imposé une dose de proportionnelle dans le mode de scrutin législatif.

La droite pourrait être dans le même cas de figure, que son candidat se nomme Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé. Ni l'un ni l'autre n'étant dans l'état d'esprit de s'allier au FN pour gouverner, ils pourraient aussi être obligés d'avoir recours au centre pour constituer une majorité. Des partis centristes qui voient du coup leur position extrêmement valorisée. Ils deviennent des alliés nécessaires pour gouverner dans une configuration où PS, droite traditionnelle, et extrême-droite pèsent sensiblement le même poids.

Mais l'opération n'est pas sans risque car si une partie du centre et des LR s'allient à la droite du PS, c'est une vaste recomposition de la vie politique française qui sera en marche. Contraignant un bloc de gauche, des frondeurs au PC, à s'allier pour peser. Et rapprochant, aussi, mécaniquement l'aile droite des LR du Front national.

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